A une vingtaine de jours de la tenue de l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs des 21 nouvelles provinces, la mouvance kabiliste dite «majorité présidentielle» se comporte de plus en plus en parti unique voire en parti-Etat. Les députés provinciaux devant élire les futurs chefs des exécutifs régionaux font l’objet d’une pression accrue de la part de "Joseph Kabila" qui agit par le biais de son "petit soldat" d’Aubin Minaku. Celui-ci porte la double casquette de secrétaire général de la « majorité présidentielle » (MP) et de …président de l’Assemblée nationale. Conscient de son impopularité croissante, «Kabila» - qui s’accroche à l’idée de briguer un troisième mandat - se comporte de plus en plus en chef d’un régime fasciste qui recourt, de manière décomplexée, à la corruption ainsi qu’aux intimidations.

Un pouvoir conquis par les armes...

Où va le Congo-Kinshasa ? C’est la question qui taraude les observateurs tant nationaux qu’internationaux de la politique intérieure congolaise. En cause, la résolution silencieuse mais affichée de «Joseph Kabila» à s’accrocher au pouvoir au-delà du 19 décembre prochain date de l’expiration de son second et dernier mandat. Le Burundais Pierre Nkurunziza, l’Ougandais Yoweri Kaguta Museveni et le Rwandais Paul Kagamé semblent servir de « modèles de référence » au président sortant congolais. Plus médiocre, tu meurs!

Depuis qu’il a prononcé sa dernière allocution, mi-décembre dernier, devant les deux chambres du parlement réunies en Congrès, « Joseph Kabila » ne s’est plus exprimé à l’adresse du grand public. Et pourtant des sujets ne manquent pas. L’homme fait planer un vrai mystère tant sur sa personne que sur ses intentions réelles. La communication présidentielle est, comme à l’accoutumée, assurée « par procuration » par quelques « porte-flingues » zélés. C’est le cas notamment de Lambert Mende Omalanga (porte-parole du gouvernement et de la Présidence) et d’André Atundu Liongo (porte-parole du secrétariat général de la majorité présidentielle).

En l’absence d’un discours responsable destiné à apaiser les esprits, l’année 2016 est considérée, à tort ou à raison, comme l’année de tous les dangers. Le Congo-Kinshasa se trouve dans un tournant critique.

C’est ici que des observateurs - pessimistes? - se sont souvenus de ce dicton : « Tout pouvoir conquis par la force des armes, se conserve par la force des armes ». Traduction : ancien rebelle issu de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo), «Joseph Kabila» ne se laissera guère évincer du pouvoir d’Etat que par la force des armes et non par un «simple bulletin de vote».

Intimidation

Le 26 mars prochain, la CENI (Commission électorale nationale indépendante) organisera – si tout va bien - l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs des 21 nouvelles provinces issues du démembrement de sept anciennes provinces. Inutile de dire que la «majorité présidentielle» a les nerfs à vif. Sur les 97 dossiers de candidature initialement enregistrés, la mouvance kabiliste n’aligne qu’une vingtaine de postulants restés « fidèles » à l’étiquette « MP ». Les prétendants ayant opté pour l’étiquette « indépendant » sont au nombre de 47. Le risque est grand que la famille politique du raïs se mue en "minorité présidentielle" au niveau provincial.

Flairant l’humiliation annoncée, « Joseph Kabila » a fait disqualifier 21 candidats sous le fallacieux prétexte que ceux-ci n’avaient pas obtenu le « quitus » de la MP. C’est en tous cas la demande contenue dans une correspondance que le secrétaire général de la MP a adressée, en date du 23 février dernier, au président de la CENI. Les cours d’appel sont saisis par les "recalés".

En attendant, la mouvance kabiliste paraît décidée à mener une opération de «reconquête». Et ce, en usant des intimidations.

Dans les réseaux sociaux, on apprenait dimanche 6 mars que 18 députés provinciaux de la province du Lualaba sur 22 ont été reçus, vendredi 4 mars, en « audience privée », par le
«commissaire spécial» Richard Muyej Mangeze. De quoi ont-ils parlé ? Mystère.

Depuis le mois de septembre dernier, Muyej s’était affublé du titre loufoque «d’envoyé spécial» de « Joseph Kabila ». Une sorte de «pompier» pour la province du Katanga. C’était au lendemain du schisme intervenu au sein de la MP à la suite du départ des frondeurs du « G7 » et surtout de la démission de Moïse Katumbi Chapwe du PPRD ainsi que de son poste de gouverneur du Katanga.

Selon radio Okapi, une délégation de la majorité présidentielle, venue de Kinshasa, est arrivée dimanche 6 mars à Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri. Mission : «réorganiser» la famille politique du chef de l’Etat. Pour la petite histoire, sur quatre candidatures enregistrées ici, il y a trois « indépendants ». La MP n’en compte qu’un seul.

»Joseph Kabila » rendu sourd et aveugle par ses certitudes

Dans un communiqué daté du dimanche 6 mars 2016, l’association de défense des droits humains
«La Voix des sans Voix pour les droits de l’Homme » (VSV) tire la sonnette sur la situation qui prévaut dans la province du Kwango.

A en croire cette organisation non gouvernementale, dès le lendemain de la publication, le 28 février dernier, des listes des candidats gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces, les 16 députés provinciaux de la MP et de l’opposition «auraient été urgemment convoqués et pris en charge à Kinshasa ». Dans la capitale, les intéressés auraient reçu non seulement des « consignes de vote assorties de menaces individuelles » en faveur de l’actuel « commissaire spécial » Larousse Kabula, candidat de la MP mais aussi des promesses sous forme d’un complément d’espèces sonnantes et trébuchantes.

La VSV conclut son texte en invitant les députés provinciaux soumis aux chantage à saisir « les organisations nationales et internationales des droits humains ».

Dans un communiqué daté du 1er mars dernier, une Coalition de 33 organisations de défense des droits de l’homme ne dit pas autre chose. Le groupement condamne l’invalidation « sans motivation requise » des 21 candidatures. Pour elle, cette décision de la CENI « a contribué à l’exacerbation de la tension politique(…) ».

La coalition dénonce, par ailleurs, « la divulgation de la liste des candidatures déposées à la CENI avant sa publication officielle et exige une enquête indépendante pour établir les circonstances dans lesquelles la Majorité présidentielle a pu s’en procurer déjà le 23 février 2016 ». La CENI en prend pour son grade du fait de son « manque d’indépendance ».

On espère que la « VSV » et la Coalition de 33 organisations de défense des droits de l’Homme seront entendues par un « Joseph Kabila » rendu sourd et aveugle par ses certitudes...

Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

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