« Les pionniers de l’UDPS constatent avec réalisme et pragmatisme qu’il est trop tard pour organiser les élections convenables, l’article 73 de la Constitution fixant la convocation du corps électoral à 90 jours avant la fin de la législature ; soit au mois de septembre de cette année, c’est-à-dire dans 3 mois. Dans ces conditions, seuls les rapaces et pêcheurs en eaux troubles de l’extérieur et de l’intérieur du pays trouveront leur compte. Le peuple congolais et l’UDPS ne s’y retrouveront certainement pas, car nous serons ramenés à la case départ ». Telle est la déclaration que le« Groupement des Pionniers de l’UDPS » a faite le lundi 6 juin à Kinshasa en réaction aux enjeux de l’heure.



Au cours d’une conférence de presse organisée lundi 6 juin à Kinshasa, et présidée par le Coordonnateur de leur structure, Corneille Mulumba, les pionniers de l’UDPS ont abordé plusieurs sujets, mais principalement la situation politique de l’heure et la crise sécuritaire à Beni.



Du dialogue politique, d’une transition collégiale et de la tenue des élections dans le délai

Si le groupement des pionniers de l’UDPS affirme soutenir l’initiative prise par Etienne Tshisekedi de réunir autour de lui les forces de l’opposition en vue de dégager une position commune face aux enjeux de l’heure, ils mettent, cependant, en garde quiconque exige l’organisation des élections dans le délai. « Les pionniers de l’UDPS sont convaincus que dans les conditions actuelles, le dialogue politique initié et une transition gérée collégialement sont la seule voie pour des élections crédibles et apaisées ; seule voie pour l’UDPS d’accéder au pouvoir ». Cependant, poursuivent-ils, « les pionniers de l’UDPS constatent avec réalisme et pragmatisme qu’il est trop tard pour organiser les élections convenables ; l’article 73 de la Constitution fixant la convocation du corps électoral à 90 jours avant la fin de la législature, soit au mois de septembre de cette année ; c’est-à-dire dans 3 mois. Dans ces conditions, seuls les rapaces et pêcheurs en eaux troubles, de l’extérieur et de l’intérieur du pays, trouveront leur compte ».

Et d’ajouter : « les élections sont pour nous et nous seuls. Nous ne devons pas les organiser sous pression ou pour faire plaisir à quiconque, fût-ce la fameuse Communauté Internationale. Elles ont pour but de consolider notre démocratie et de renforcer nos institutions. Nous devons donc les organiser quand nous sommes prêts pour pouvoir les réussir à tout prix », poursuivent-ils avant de s’interroger : « à quoi nous serviraient des élections qui déboucheraient sur des violences, la destruction et la mort parce que contestées ? ».

Pour ces pionniers de l’UDPS, la classe politique congolaise doit éviter de tomber dans ce genre de pièges. « Nous invitons la classe politique congolaise et les acteurs de la société civile à ne pas trop focaliser leur attention sur les individus. La RDC, notre mère-patrie, est de loin plus importante et mérite plus de grandeur de notre part », ont-ils encore fait savoir.



Insécurité à l’Est

Quant au volet sécuritaire de l’Est, les pionniers de l’UDPS accusent les acteurs politiques et sociaux congolais, en général, et la population kinoise en particulier, de leur inconscience du degré de gravité de la situation dans les territoires du Grand Nord (Beni, Lubero, Butembo) et les enjeux derrières toutes ces tueries. Le groupement des pionniers de l’UDPS incombe également aux médias congolais la faute de cette indifférence de la population. « Ils s’autocensurent, (…). Les médias congolais auraient dû sensibiliser et mobiliser notre population, toucher le cœur de tout un chacun en montrant la réalité de ce que vivent nos compatriotes. « Un million de Congolais dans la classe politique toutes tendances confondues, écoles, universités, femmes et enfants, religieuses, prêtres et pasteurs, tous mains dans la main, témoignant de leur douleur et exprimant la colère du peuple congolais, voilà ce qui aurait frappé les esprits », estime ce groupement « à l’instar de l’image de ‘’nous sommes Charly’’ de janvier 2015 à Paris, où il n’y eu ni opposition ni majorité ».

Ce groupement pense que la situation de Beni, serait une cause pour laquelle il n’y aurait ni opposition ni majorité.

Un autre reproche est celui que les pionniers de l’UDPS ont adressé aux partis politiques. « Ils se focalisent sur l’élection présidentielle alors qu’une partie du territoire national est sur le point de nous être arrachée. Ils auraient dû susciter des débats dans leurs cellules pour sensibiliser leurs membres sur la situation à Beni et dans la région », regrettent-ils encore. Quant à la situation elle-même, les compagnons d’Etienne Tshisekedi affirment : « Ce qui se passe à Beni fait partie d’un plan minutieusement préparé, et de longue date. Et pour le comprendre, il suffit de considérer ce que contient le sous-sol de cette partie du territoire national. Il s’agit, pour eux, du pétrole, gaz, coltan et autres métaux rares. Voilà qui explique l’acharnement des multinationales, des grandes puissances et de leurs sous-traitants du Rwanda et de l’Ouganda », affirme Corneille Mulumba.

S’agissant des mobiles devant conduire les commanditaires à matérialiser leur plan, le groupement des pionniers de l’UDPS révèle que ceux-ci veulent procéder de plusieurs manières. Entre autres, déclarer le Grand Nord comme « zone neutre » en vue de « protéger » les soi-disant refugiés « réinstallés » ; c’est-à-dire les habitants que le Gouvernement de la RDC n’est pas capable de sécuriser ; charger les troupes de l’ONU d’assurer cette protection et en interdire l’accès à tout homme armé, y compris aux autorités congolaises, ainsi qu’à leurs services chargés de la sécurisation des populations et du territoire ; proclamer cette zone ‘’autonome’’ comme ce fut le cas pour le Kossovo ; et enfin proclamer l’indépendance ».

Cependant, pour déjouer ce plan machiavélique, les pionniers de l’UDPS invitent le Gouvernement congolais et le Chef de l’Etat à prendre en toute urgence des mesures exceptionnelles, notamment décréter l’état d’urgence sur toute l’étendue du Grand Nord ; nommer des militaires en remplacement du Gouverneur de la province, des administrateurs de territoire, des chefs de secteur, des chefs de localité, etc. Enfin, affecter 5 à 10 militaires bien équipés dans chaque village du Grand Nord, cela jusqu’au lendemain des élections.

Giscard Havril
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