Alors que Kinshasa ainsi que plusieurs villes des provinces du pays ont vibré le jeudi 26 mai 2016 au rythme des marches de protestation contre les massacres du territoire de Beni, plus d’un Congolais est abasourdi d’apprendre qu’une délégation du M23/RDF séjourne, depuis le week-end dans la capitale, en vue de revisiter, avec le gouvernement, l’Accord de Nairobi liant les deux parties depuis l’année 2013. A quoi rime pareil exercice, au moment où l’insécurité, réactivée par ce mouvement rebelle de 2012 à 2013, est loin de fléchir dans cette partie de la République ? Ne signale-t-on pas régulièrement, dans les rangs des rebelles ougandais ADF, d’anciens éléments du M23 ?

Le dossier M23/RDF tombe comme un cheveu dans la soupe congolaise, en ces temps-ci où toute l’attention se focalise sur le dialogue politique inclusif destiné à mettre un terme à la crise de légitimité au sommet de l’Etat, notamment à travers un consensus autour du calendrier électoral, du fichier électoral, du financement et de la sécurisation des élections, du respect des délais constitutionnels pour la tenue des élections présidentielle et législatives nationales, de la recomposition de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), etc.

L’indignation est grande lorsque le Congolais moyen s’entend dire que des hors la loi, coupables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, dont la place devrait être dans les geôles de la CPI (Cour Pénale Internationale) ou de la Haute Cour Militaire, ont de revendications à faire valoir en termes d’amnistie, de réintégration au sein de l’armée nationale, de représentation au sein des institutions de la République, de gestion des entreprises publiques, d’affectation dans la « grande » et « petite » territoriale, d’indemnités diverses (logement, nourriture, transports, emplois, soins médicaux, rentes de survie, frais de rapatriement, frais de réinstallation et réinsertion sociale), etc.

Bref, la délégation du M23/RDF se trouve à Kinshasa pour obtenir des garanties sûres d’une « prime spéciale » aux tueries de nos compatriotes, aux pillages des ressources naturelles, et des biens des particuliers, à la destruction méchante des infrastructures de base, à l’incendie des habitations, aux vols, aux viols, aux arrestations arbitraires, aux tortures, aux mutilations d’innocents, etc.

Quel message le gouvernement central cherche-t-il à transmettre à notre peuple en acceptant de se rasseoir à la même table que des individus sans foi ni loi ? Faut-il croire, par là, que pour se faire entendre et respecter du pouvoir en place, la meilleure recette à appliquer, c’est celle du recours aux armes ? Des millions de Congolaises et Congolais voudraient savoir pourquoi les animateurs des institutions de la République restent toujours à l’écoute d’un mouvement rebelle défait militairement depuis septembre-octobre 2013. Si le M23/RDF était réellement anéanti par les armes, ses responsables civils et militaires devraient se soumettre, sans appel, aux conditions vu vainqueur.

Dans le cas contraire, que l’on renseigne correctement les Congolais sur la nature de la « facture » politique et financière à payer à des individus qui ne représentent plus rien politiquement et militairement. Une sourde révolte gronde dans tous les coins et recoins de la République depuis l’annonce de la présence à Kinshasa d’une délégation de ce mouvement rebelle, au point de faire croire à une trahison de la patrie par ceux qui semblent prêts à dérouler le tapis rouge à ses délégués et à leur faire des concessions suspectes.

S’il y a un vœu qu’émet plus d’un patriote digne de ce nom, c’est celui de voir les représentants du gouvernement dans le dossier M23/RDF ne pas tuer deux fois des milliers de compatriotes morts gratuitement à la suite de la barbarie des membres de cette rébellion.

KIMP/LP/BL/LC
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