
Au terme d’une «mission» de quelques jours au Nord Katanga, le «général» François Olenga, chef de la maison militaire de «Joseph Kabila», a fait part, mercredi 20 juillet, au gouverneur du Haut Katanga, Jean-Claude Kazembe Musonda, de la «disponibilité des éléments des mouvements Maï-Maï à déposer les armes et à se rendre pour la stabilité du nord de la province». Les deux hommes se sont entretenus à Lubumbashi.
On apprend que François Olenga a visité les centres d’instruction de Mura et de Kamina «pour palper du doigt les réalités du terrain». De quelle réalité s’agit-il ? Quelle est la contrepartie promise aux miliciens Maï Maï par le gouvernement congolais? Double mystère. Le gouverneur Kazembe a, pour sa part, salué "cette décision combien louable qui va contribuer à la stabilité de la paix dans la province".
On rappelle qu’au cours d’un de ses points de presse au cours de l’année en cours, le ministre de la Communication et des médias, Lambert Mende Omalanga, avait lancé ces mots sans blêmir : «Des bandes armées de l’Ituri ont demandé de participer au Dialogue. Nous leur avons répondu qu’il n’y a pas d’inconvénients à condition qu’elles déposent les armes ». Ces propos inqualifiables avaient suscité une certaine stupeur dans l’assistance. Des observateurs avaient conclu, plus à raison raison qu’à tort, l’existence d’un «deal» entre «Joseph Kabila» et les milices qui répandent l’insécurité pour les personnes et les biens. L’absence de volonté politique pour éradiquer ce fléau parait délibérée. Quelques faits illustrent cette connivence.
Maï Maï
En juin 2006, un certain Daniel Mulunda Ngoy qui n’était encore "que" le «conseiller spirituel» de "Joseph Kabila" a organisé une conférence de presse à Lubumbashi. Mulunda a, à cette occasion, sommé la représentante de la Mission onusienne au Congo d’alors au Katanga, la Colombienne Magda Gonzales, de quitter cette région dans un délai de quatre jours. Président de l’ ONG « Parec » (Programme oecuménique de paix, transformation des conflits et réconciliation) de tonner : «En cas de refus, le Parec a déjà pris des dispositions tant à Lubumbashi que dans tous les territoires qu’il a pacifiés pour faire entendre sa voix».
Le "crime" commis par ce fonctionnaire onusien est d’avoir demandé au “gourou” de “Joseph Kabila” de justifier la destination donnée aux armes et munitions recueillies par son organisation lors des redditions des Maï Maï grâce à un financement fourni par “Joseph Kabila”. C’est la fameuse opération « armes contre vélos », menée dans l’ancien district du Nord Katanga. Question : les armes et munitions récupérées étaient-elles "redistribuées" à d’autres miliciens?
Gédéon
Le 7 septembre 2011, soit deux mois avant la tenue de l’élection présidentielle, on apprenait l’évasion de l’ex-chef milicien Kyungu Mutanga, alias Gédéon, de la prison dite de haute sécurité de la Kasapa, à Lubumbashi. Les policiers appelés en renfort mettront plus d’une heure pour parcourir les sept kilomètres qui séparent le centre-ville à ce pénitencier.
Cinq années après, l’homme est toujours « en cavale » dans une région censée être le « fief » du chef de l’Etat. Il faut refuser de regarder pour ne pas voir que l’ex-chef milicien a bénéficié des complicités tant au Katanga qu’au niveau national. En fait, le fameux Kyungu Mutanga n’est pas n’importe qui.
En 1999, « Gédéon » est recruté par le président LD Kabila lors de la mise sur pied des Forces d’autodéfense populaires. But : contrer la progression des rebelles pro-rwandais du RCD vers Lubumbashi. A l’époque, Kyungu a eu à côtoyer non seulement le chef d’état-major des Forces terrestres de l’époque en l’occurrence « Joseph Kabila » mais aussi John Numbi Banza et Daniel Mulunda Ngoy. Des armes furent distribuées sans discernement aux « jeunes » du Nord Katanga. Délaissés après la signature de l’accord de paix de Lusaka de juillet 1999 et la tenue du dialogue inter congolais en 2002, les ex-FAC ont décidé de "travailler pour leur compte". La suite est connue.
FDLR
Il est notoire que des officiers hutus des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) entretiennent des rapports plus que cordiaux avec la plus haute autorité congolaise.
En mai 2010, cinquante-quatre éléments des FDLR ont été transférés de Goma à Kisenge au Katanga sur initiative de Daniel Mulunda Ngoy Nyanga. Que sont devenus ces miliciens? Enigme!
En juin 2011, à la demande du président Paul Kagame, «Joseph Kabila» a entrepris des démarches auprès des FDLR. Objectif : éloigner ces opposants armés du régime rwandais des frontières de leur pays. Des «négociations» furent menées par un officier belge du nom de Jean-Pierre Breyne, un proche au socialiste francophone belge André Flahaut. Les miliciens FDLR étaient représentés par le général Gaston Iyamuremye aka Ramuri. Les pourparlers se sont soldés par un retentissant échec suite au refus du maître de Kigali des «conditions inacceptables» posées par les FDLR. A savoir notamment, la tenue d’un dialogue direct entre les exilés et le pouvoir.
Bosco Ntaganda
Dans un rapport publié le 30 décembre 2011, un groupe d’experts des Nations Unies chargé d’observer la situation au Congo-Kinshasa a relevé que des ex-rebelles proches de Bosco Ntaganda, ont bénéficié des «largesses» de la part de «Joseph Kabila» sous forme d’intégration et de nomination dans l’armée. Une «marque de reconnaissance» pour le «soutien actif» que ces anciens rebelles ont apporté au président sortant pour sa «réélection».
Franck Bwambale Kakolele
En 2007, on retrouve Franck Bwambale Kakolele Vihuto dans le maquis du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) aux côtés de Laurent Nkunda à Kitshanga, au Nord Kivu. Suite à «l’accord de paix» signé entre les autorités de Kinshasa et cette organisation pro-rwandaise, Bwambale est autorisé à intégrer les Forces armées congolaises au grade… de «général». Après le "renversement" de Nkunda par Bosco Ntaganda, en janvier 2009, "Kakolele" rejoint le “clan Kabila".
Lors de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011, Bwambale s’est affublé de la casquette de propagandiste au service du président sortant. Surnommé “Aigle blanc”, l’homme a battu campagne pour dans la région de Beni-Lubero. Au cours d’une de ses harangues, il invite «tout le monde à voter pour Joseph Kabila» qui serait, selon lui, «l’unique candidat capable de gouverner ce grand pays». Et d’exhorter la population à ne plus «miser sur un autre candidat si elle veut le retour de la paix dans la région». Tiens! Tiens!
Contre toute attente, le 22 octobre 2015, Bwambale est arrêté à Niama, dans la province du Haut Uélé avant d’être transféré à Kinshasa. Il est accusé d’organiser les groupes armés Maï-Maï dans la région de Mambasa et Wamba", dans l’ex-Province Orientale. Notons qu’avant de rejoindre Nkunda, Bwambale était un des « lieutenants » de l’ex- chef milicien Thomas Lubanga. Notons également que l’homme entretenait des « contacts suivis » avec les rebelles ougandais de l’ADF-NALU opérant le long du Parc National des Virunga.
Jamil Mukulu, leader des ADF
Le 19 mars 2015, Jamil Mukulu, leader des rebelles ougandais des Forces démocratiques alliés (ADF), est arrêté par la police tanzanienne et extradé à Kampala, en Ouganda. A en croire la police ougandaise, Mukulu possédait six passeports et avait l’habitude de voyager en Syrie, en Zambie, au Kenya, en Tanzanie et...au Congo-Kinshasa. L’homme a été trouvé en possession d’un passeport du Congo démocratique. Selon des sources bien informées, le gouvernement congolais n’a entrepris, à ce jour, aucune démarche diplomatique auprès de l’Ouganda pour clarifier cette situation et débusquer éventuellement des complices. Pourquoi ? Toute la question est là !
Selon un document officiel - daté du mois de septembre 2011- , la nommée « Jaynet » Désirée Hildegonde Kyungu «Kabila» n’a jamais passé un seul jour de sa vie au Lycée français de Dar es saalam, en Tanzanie. Contrairement à ce qu’affirment certains panégyristes, cette dame n’a pas fait non plus ses études primaires dans le maquis d’Hewa Bora mais au «Green Valley Primary School» en Ouganda. Elle aurait obtenu son certificat de six ans primaire en septembre 1984. Elle aurait terminé ses études secondaires en mai 1992 à Irambo Secondary School en Tanzanie.
Dans une interview accordée au journal « Le Soir » daté du 31 octobre 1997, Laurent-Désiré Kabila déclarait notamment : « J’ai dû voyager à travers la Tanzanie. En Ouganda, j’y allais moins. (…) ». Etrange ! Le Mzee vivait donc en Tanzanie pendant que ses "enfants" se trouvaient en Ouganda?
Faudrait-il encore des preuves pour démontrer les «liaisons dangereuses» entretenues par l’ex-rebelle de l’AFDL qu’était « Joseph Kabila » - dont le parcours personnel reste le secret le mieux gardé de la République - et les bandes armées qui écument certains coins du Congo-Kinshasa?
B.A.W
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