Le 5 octobre 2016, Didier Reynders, ministre belge des Affaires étrangères, a présenté, en Commission des Relations extérieures du Parlement, sa note stratégique pour l’Afrique centrale. Ce document de 24 pages circonscrit les priorités de la Belgique dans tous les domaines de la vie. «La Belgique n’a pas de leçons à donner, mais une expérience à partager: celle d’une intégration régionale qui promeut la stabilité, la paix, la prospérité et l’Etat de droit. Dans cet esprit, nous encourageons l’intégration régionale en Afrique centrale», s’est expliqué Reynders. Pour ce faire, les principes qui servent de fil rouge à sa note sont l’implication, la cohérence, le respect, l’efficacité et le multilatéralisme. Lui-même a explicité chaque concept à l’attention des membres de la Commission des Relations extérieures. Concernant l’implication, il a souligné que la Belgique s’engage pour la région et met à son profit son expertise et son large réseau. Quant à la cohérence, la politique est exprimée rationnellement et mise en œuvre en conséquence dans une optique 3D-LO -Diplomatie, Défense, Développement, Law and Order. Le respect prouve que «nous considérons les pays d’Afrique centrale comme des partenaires égaux, qui sont traités sur le même pied que nos autres partenaires importants. L’action de la Belgique est guidée par la volonté de permettre à ces pays de se prendre en charge et à une appropriation des politiques. Un dialogue politique approfondi avec les pays de la région est nécessaire». Au niveau de l’efficacité, leur politique vise à défendre les intérêts et les valeurs. Les engagements sont liés à des résultats concrets. Et, enfin, concernant le multilatéralisme, la Belgique désire inscrire sa politique envers l’Afrique centrale dans la politique extérieure européenne ainsi que dans un cadre multilatéral plus large. Dans cette édition, «AfricaNews» scrute le point consacré au renforcement de l’Etat de droit, des droits de l’Homme et de l’espace démocratique et reviendra sur les autres points à la prochaine. Acte I.

Gouverner c’est prévoir, dit-on. Et la Belgique s’emploie à cet exercice à travers ses différents départements. C’est ainsi que Didier Reyndres, ministre belge des Affaires étrangères, a élaboré et présenté sa note stratégique pour l’Afrique centrale à la Commission des Relations extérieurs du Parlement le 5 octobre dernier en évoquant les principes qui servent de fil rouge. Le renforcement de l’Etat de droit, des droits de l’Homme et de l’espace démocratique y figure en bonne place.

«Le renforcement de l’Etat de droit, des droits de l’Homme et de l’espace démocratique sont des priorités pour la politique belge en Afrique centrale. Dans le cadre de notre dialogue politique, tant bilatéralement que par le biais de l’Union européenne, ces thèmes sont régulièrement abordés», a-t-il précisé. Et de confirmer: «les ambassades belges suivent de près la situation des droits et des libertés et effectuent des démarches, généralement par l’Union européenne, chaque fois que cela semble nécessaire. Nos ambassades entretiennent des contacts étroits avec les défenseurs des droits de l’Homme et soutiennent leur action, en collaboration avec d’autres partenaires». Il a affirmé que la Belgique continuera à fournir tous les efforts possibles dans le but de contribuer à la protection des défenseurs des droits de l’Homme en danger.

Le Rwanda et la RD-Congo attendus au test décisif des élections présidentielles

Selon lui, le Rwanda et la RD-Congo devront passer le test décisif des élections présidentielles en fin de second mandat. «Force est de constater que le Burundi n’a pas réussi à passer cette épreuve de crédibilité de ses institutions, ce qui a provoqué de très graves désordres internes», a-t-il regretté. Il a reconnu que chaque pays présente bien entendu des caractéristiques très différentes concernant le fonctionnement du système politique, la structuration du débat politique, et le parcours historique et doivent donc faire l’objet d’une approche individuelle, mais fondée sur une base universelle consacrée par le droit international et les principes démocratiques.

A sa connaissance, la plupart de pays de la région ont adhéré aux principaux instruments droits de l’Homme des Nations unies et comme membres de l’Union africaine -UA-, ils ont également souscrit à des textes fondateurs en matière de droits de l’Homme, de démocratie et d’Etat de droit. Ainsi, en tant que membres de l’Union africaine, ces pays ont également souscrit aux textes de base sur les droits de l’Homme, la démocratie et l’Etat de droit. Une référence importante à cet égard est la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance.

«Le fil directeur est le respect de l’Etat de droit, au centre duquel se trouve la Constitution. Celle-ci peut être modifiée, selon les règles qu’elle prévoit elle-même -et la Belgique sera attentive au caractère inclusif et politiquement crédible du processus menant au changement de la Constitution. Dans les pays où une révision constitutionnelle de certaines dispositions est exclue soit par la Constitution, soit par d’autres règles supérieures, ces dispositions doivent être respectées. Enfin, le respect des délais électoraux prévus par les Constitutions est indispensable et est un facteur de stabilité non négligeable. Les principes de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance sont dans ce domaine un guide fiable», a-t-il indiqué.

Pour l’avènement des régimes politiques ouverts et inclusifs

C’est pourquoi, la Belgique plaide pour des régimes politiques ouverts et inclusifs, des partis politiques forts et bien structurés, et des dispositions qui permettent à tous d’être associés au pouvoir, à travers une véritable alternance et/ou à travers tout autre mécanisme qui permet d’associer les groupes vulnérables et les minorités à l’exercice du pouvoir. Elle encourage la création d’un espace politique, d’une culture du débat pacifique, de la liberté des médias. Le constat est là: «Malgré leur importance centrale, l’attention ne doit pas porter seulement sur les processus électoraux, mais sur le cadre règlementaire et la pratique qui encadrent une véritable liberté du climat politique. La Belgique avait beaucoup investi dans ce sens au Burundi, avec un véritable succès jusqu’à la faillite du processus électoral en 2015».

Ainsi, dans l’attention soutenue que la Belgique porte à la promotion des droits de l’Homme, Reynders a mis en exergue les spécificités. Notamment les libertés civiles et politiques, le droit des femmes dans toutes ses déclinaisons, l’accès à l’éducation jusqu’au niveau supérieur, l’accès à la terre, l’égalité face au droit du travail, la lutte contre les violences sexuelles et le droit des minorités et des enfants. «Le gender main streaming est intégré dans la politique de la Belgique vis-à-vis de l’Afrique centrale», s’est-il félicité.

Pour le chef de la diplomatie belge, certains pays partenaires souffrent de structures qui fonctionnent mal -voire qui n’existent pas- et d’un manque de capacité de gestion et de direction. «Si rien n’est fait pour pallier ces faiblesses structurelles, a-t-il proposé au Parlement, notre aide au développement a peu de chance d’être efficace. C’est pourquoi le budget de la Coopération au développement prévoit une ligne spécifique pour aider ces pays partenaires à augmenter leurs capacités de gestion et de direction et pour contribuer au renforcement institutionnel de l’Etat de droit». Il a évoqué ici, des projets destinés au soutien du processus démocratique à travers le renforcement de la structure institutionnelle de ces pays qui peuvent être financés sur l’allocation de base «Consolidation de la société et bonne gouvernance».

Mise en œuvre de la convention contre la torture

Pour aboutir à des résultats escomptés, il a proposé d’intensifier la lutte contre la corruption et de renforcer la démocratie dans toutes ses dimensions. «La Belgique a apporté une contribution financière au Haut-Commissariat aux droits de l’Homme au Burundi et en RD-Congo. En RD-Congo, nous subsidions un projet spécifique d’ONU Femmes concernant les droits des femmes et nous finançons, en partenariat avec la Banque mondiale, un projet baptisé «Accountability and inclusive local governance».

Au Rwanda, nous soutenons la mise en œuvre de la Convention contre la torture. En favorisant les rencontres entre les représentants des parlements, entre autres par le biais de l’AWEPA et de l’Union interparlementaire, notre pays contribue également à la promotion de la démocratie et de la paix dans la région», a affirmé Reynders.

Ce n’est pas tout, en misant sur la construction de l’Etat, «la Belgique devrait également s’intéresser aux dynamiques régionales et locales, ainsi qu’à la décentralisation du pouvoir comme moyens de pacification et de prospérité économique. En tant qu’Etat fédéral, la Belgique peut offrir son expertise et s’appuyer sur les relations des villes, municipalités et provinces belges en Afrique centrale. Lorsque cela est pertinent, nous travaillons également sur la thématique ‘Numérisation et droits de l’Homme’». Ce pays reste convaincu que la lutte contre l’impunité est fondamentale pour pérenniser les progrès de l’Afrique.

Soutien du travail de la Cour pénale internationale

«Le manque d’accès à une justice équitable et le problème d’impunité font certainement partie des plaies les plus graves auxquelles les pays d’Afrique centrale font actuellement face. Les efforts qui ont été entrepris pour tenter de réformer la Police et la justice n’ont pas toujours été suivis de résultats, comme l’illustre l’exemple malheureux du Burundi. Les règles doivent être respectées et les abus doivent être punis», a souhaité Reynders.

Selon lui, la Belgique continue de soutenir le travail de la Cour pénale internationale -CPI. Il a estimé que même si cette dernière est critiquée par certains en Afrique, la justice pénale pour les crimes les plus graves y a acquis une place importante et joue pleinement son rôle de dissuasion. «Après le génocide des Tutsis au Rwanda de 1994, un travail important a été mené par les justices nationales et internationales pour juger les auteurs des crimes. La Belgique a coopéré et coopère encore à plusieurs procès de génocidaires qui ont fui en Europe. En République démocratique du Congo, l’arrestation et le jugement de plusieurs chefs de guerre commence à influencer durablement les comportements politiques», a-t-il rappelé. Et de préciser: «il s’agit d’un combat de très longue durée. Enfin, la Belgique continue d’accorder de l’attention à la question de la justice transitionnelle, entre autres, en collaboration avec l’Union africaine».

Octave MUKENDI
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