Comme tous les grands hommes, l’icône de l’Opposition congolaise mérite des funérailles dignes et éloignées de calculs politiciens.

Deux semaines après la disparition d’Etienne Tshisekedi, on n’est pas très avancé côté préparatif des obsèques. A la place, certains acteurs politiques d’ici et d’ailleurs, essaient d’instrumentaliser la mort de ce grand homme à des fins personnelles. Certes de son vivant le leader de l’UDPS a, à plusieurs fois été l’objet de marchandisation. Des compatriotes ont utilisé le label " Tshisekedi " pour se taper une place au soleil. Maintenant que le chef historique de l’Opposition n’est plus de ce monde, ces pratiques ne devraient plus être de saison.

 Tradition africaine oblige. Par respect surtout pour ce que le lider maximo a accompli comme combat sur le front de la démocratisation du pays. Dans une tribune, un analyste s’insurge contre ce qu’il considère comme un odieux chantage. Forum des As publie l’intégralité de cette réflexion.

Les observateurs tant nationaux qu’étrangers de la classe politique congolaise ont assisté, toute la semaine passée, hébétés, incrédules et souvent gênés, à un odieux spectacle émaillé de chantage politique autour de la dépouille de Monsieur Etienne Tshisekedi wa Mulumba, ancien Premier Ministre de notre pays.
On se serait attendu à ce que la conférence de presse de ce lundi 13 février 2017 nous sorte de cette mauvaise impression. Malheureusement les propos de Monsieur Félix-Antoine Tshisekedi, son fils, malgré leur tonalité bien inhabituellement diplomatique, n’ont fait que renforcer notre trouble. Ce spectacle a eu lieu tant à Bruxelles, lieu où se trouve le corps, qu’à Kinshasa, centre névralgique de la politique congolaise.


La fin de vie est d’abord une calamité, une triste nouvelle. Elle est un arrachement, une privation qui devrait, en toute circonstance, imposer des comportements et des attitudes empreintes de dignité. Quelles que soient les divergences et les dissensions que l’on aurait pu avoir avec un être, une disparition qui occasionne un degré de tristesse. 

Sous nos latitudes, la culture impose que l’on parle rarement du mal d’un homme mort. Au contraire le deuil rapproche les amis et même les ennemis. La peine causée par le départ dans l’au-delà ouvre une période propice aux réconciliations, à tout le moins à une baisse de tensions. La disparition du "trois fois " Premier Ministre du Maréchal Mobutu et opposant constant à tous les régimes politiques congolais depuis 1981, échappe à cette tradition que nous inspire la bienséance congolaise.

UN DEUIL DEVOILE
Le deuil de Tshisekedi n’apparaît plus comme un moment de tristesse. Ce n’est pas comme dans nos villages où jeunes et vieux esquisseraient des pas de danse au rythme des tambours, mélangeant tristesse et joie pour remercier le ciel et les ancêtres d’avoir accordé longue vie au de cujus. Dans ce cas précis, la tristesse n’est pas remplacée par une joie célébrant l’œuvre terrestre du vieil homme, elle est plutôt submergée par la voracité des ambitions de ceux qui veulent, chacun à sa manière, s’emparer de l’héritage moral et politique du disparu. 

Il est vrai que la marchandisation de Tshisekedi ne date pas d’hier. Tout le long de sa vie politique, cet homme tenace, certes contradictoire mais attaché à la concrétisation de ses idées, a été, à maintes reprises, utilisé en faveur des tactiques politiques personnelles et égoïstes. On aurait pu penser que sa disparition modifierait cette donne, loin s’en faut.

Les premiers à vouloir tirer profit politique de ce triste événement, sont à rechercher au sein de la classe politique belge. Le deuil bruxellois a été orchestré par certaines autorités de la place espérant ainsi replacer l’ancienne colonie au centre de la politique congolaise. Le choix de l’endroit du deuil : le magnifique Palais des expositions d’Heysel, la mise en scène des dépôts des gerbes de fleurs par certaines autorités de ce pays, les prises de parole, la médiatisation de l’événement, tout est allé dans le sens d’exprimer le prochain rôle que le Royaume de Belgique veut encore jouer en RDC.

Tout indique qu’il s’est agi, manifestement d’un hommage à quelqu’un qui a rendu de bons et loyaux services à la Belgique, un agent au service de cette dernière. Mais, alors, contre qui ? A chacun de deviner !En tout cas, la famille, tant biologique que politique, du disparu a retourné, et de quelle manière, l’ascenseur aux autorités belges ; les seules, en effet, à avoir été remerciées de manière particulière au cours de la Conférence de presse tenue le lundi 13 février dernier. 

Certains politiciens congolais ont eux-mêmes, par ailleurs, repris le flambeau sur place à Bruxelles. Le spectacle a été pathétique et avilissant ; chacun s’approchant du cercueil, arborant les insignes du Parti du défunt, sans omettre d’exhiber le « v » de deux doigts levés qui caractérisait l’homme. Le spectacle ne serait pas si lamentable s’il s’était arrêté à la quête de ces images opportunistes qui disparaîtront assez rapidement tant des chaînes de télévision que de nos mémoires. 

Ces personnages ont voulu s’approprier ce deuil qui pourtant concerne toute la Nation au regard de ce qu’a été le combat politique de l’Opposant historique.

UNE HONTEUSE POLITISATION
Maintenant pour rendre le corps de Tshisekedi à son pays et plus précisément à ceux qui l’attendent pour lui rendre un hommage sincère, les profiteurs d’hier et d’aujourd’hui s’associent pour tenter d’obtenir les derniers dividendes. Les uns insistent pour s’installer au pouvoir avant que les souvenirs ne s’estompent et que d’autres réalités n’imposent des choix plus rationnels. Les autres se battent pour l’image, il s’agit de se montrer le plus attaché aux valeurs qu’incarnait le disparu. 

Les premiers exigent l’attribution précise de la Primature et de la Présidence du Conseil National de suivi de l’Accord du 31 décembre 2016 à des personnalités de leur choix en dehors de toute négociation et de la Constitution qu’il prétendait vouloir, à tout prix, respecter. Les autres s’arcboutent pour que le disparu soit enterré en un lieu le plus symbolique de la capitale congolaise.

Tout ceci crée un climat malsain dans un contexte où la modération et l’intelligence politiques auraient voulu que les uns et les autres s’attachent à rechercher des solutions consensuelles.
Les revendications que nous dénonçons ne sont pas présentées comme des propositions mais comme des exigences. On ne discute pas, on impose !
Il semblerait que certaines amitiés de fraîche date, veulent se cacher sous le cercueil du défunt pour tenter de se soustraire à la justice du pays. Oh ! Que la mort libère ! Ces maîtres chanteurs et profiteurs sont convaincus de parler au nom du peuple congolais qu’ils n’ont jamais interrogé.

 Ils se montrent certains de pouvoir faire descendre en un claquement des doigts les masses populaires dans la rue, si le pouvoir en place ne répondait pas à leurs exigences.
Oui ! En réalité, ils préparent des émeutes, une espèce de baroud d’honneur, avec les hordes de combattants invités à se rendre à Kinshasa pour la circonstance. Il est prévu de tout casser, envahir les édifices publics dans un schéma synchronisé avec certaines chancelleries basées à Kinshasa. Oui, une insurrection en règle se prépare.

LA RAISON DOIT L’EMPORTER
Il s’agit ici d’un chantage absolument inadmissible et même honteux. L’avenir d’un pays ne peut pas être soumis aux conditions qu’impose un groupe qui utilise inconsidérablement et en dehors de toute règle de morale la mort d’une personne.
Pour le respect des Institutions démocratiques, il faut exhorter les autorités à ne pas céder à ce jeu qui ressemble à une odieuse prise d’otages.

 Les affaires du Congo doivent se régler dans la sérénité, autour d’une table de négociation et non pas sous le coup des émotions feintes.
Et dans tout cela, qui parle encore des élections à l’UDPS ou au Rassemblement ? Qui parle encore du respect de la Constitution ?
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