*Certaines questions qui dépassent le pouvoir des délégués aux Discussions du Centre Interdiocésain, entre autres, la désignation du Premier Ministre, le partage des Ministères de souveraineté et autres Ministères juteux, seront résolues entre le Président de la République, le prochain Premier Ministre et le Président du CNSA. Les mesures de décrispation seront prises par le Premier Ministre à venir. La crise est-elle postposée ?

C’est ce lundi 27 mars 2017 que la CENCO (Conférence Episcopale Nationale du Congo) va procéder à la clôture des Discussions directes portant sur la rédaction de l’Arrangement Particulier de mise en application de l’Accord politique du 31 décembre 2016. Est-ce à dire que toutes les questions, y compris celles qui fâchaient, ont été réglées ? Pas du tout. Sur le mode de désignation du Premier Ministre, une formule savante a été trouvée, au niveau de la médiation, pour contourner les obstacles dressés par les délégués du Pouvoir et ceux de l’Opposition/Rassemblement. Plutôt que de multiplier indéfiniment les plénières au Centre Interdiocésain, la question du Premier Ministre devrait être résolue entre le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, et le Président exécutif du Rassemblement. A deux, ils verront s’il est encore nécessaire de nommer le prochain Premier Ministre présenté sur une liste de trois personnalités ou une liste uninominale. Les fameux Ministères de souveraineté (Affaires étrangères, Défense, Justice et Intérieur), dont le partage a longtemps divisé le camp présidentiel et l’opposition, seront négociés entre le Président de la République et le futur Premier Ministre. Il en sera de même pour les autres Ministères juteux qui font l’objet de la convoitise. D’après plusieurs sources, les dialoguistes de la Cité de l’Union Africaine se battent pour conserver les portefeuilles qu’ils occupent déjà. Comme quoi, il ne resterait plus grand-chose pour le Rassemblement qui ne veut absolument pas d’un Premier Ministre sans réel pouvoir, un moins que rien.

Quel rôle pour la CENCO ?

S’agissant du rôle de la CENCO pendant la transition, la Majorité Présidentielle estime que la mission de bons offices confiée aux prélats catholiques prend fin à la signature de l’Arrangement Particulier, dès que le rapport y relatif sera remis au Chef de l’Etat. Sinon, les autres confessions religieuses et certains politiciens se lanceront dans des contestations, prévient André-Alain Atundu, le Porte-parole de la Majorité Présidentielle. Pourtant, le Rassemblement ne trouve aucun inconvénient à ce que la CENCO joue un rôle prépondérant dans le cadre du suivi de l’Accord. Qu’en disent les concernés ? Mgr Fridolin Ambongo, le numéro deux de la CENCO, a dernièrement déclaré qu’il se sentait très bien dans sa peau d’Evêque. En d’autres termes, les prélats catholiques n’ont aucune ambition de briguer un quelconque mandat politique du reste éphémère. Il répondait ainsi à ceux qui ont cherché à le présenter comme un opposant au régime, du fait de ses liens de sang avec l’opposant congolais Jean-Pierre Bemba en détention continue à la CPI aux Pays-Bas. Parmi les points de blocage, il devrait rester la Présidence du Conseil National de Suivi de l’Accord (CNSA) laissée vacante après la mort d’Etienne Tshisekedi. L’Accord de la Saint-Sylvestre attribue le poste au Président du Conseil de Sages du Rassemblement. La disparition inopinée d’Etienne Tshisekedi a libéré des ambitions. C’est ainsi que, bien que n’étant pas du Rassemblement, Vital Kamerhe, le Président de l’UNC, a dit vouloir diriger le CNSA. Le MLC a aussi exhumé ses ambitions de prendre la tête du CNSA. Répondre à leurs exigences, reviendrait à rouvrir l’Accord du 31 décembre 2016. Une initiative qui serait en contradiction totale avec les appels du peuple congolais et de l’ensemble des Organisations internationales qui recommandent l’application intégrale de l’Accord du 31 décembre. A défaut de renégocier l’Accord, les différentes parties ont convenu de désigner le Président du CNSA par consensus.

La crise postposée ?

A l’analyse, on se rend compte que l’atterrissage en douceur ou forcé des Discussions directes de la CENCO est dicté par le souci d’éviter l’enlisement. Les Evêques sont lassés d’entretenir des politiciens qui ne sont pas de bonne foi. Ils ont beaucoup mieux à faire. Quoiqu’il en soit, la balle sera directement transmise dans les mains ou les pieds du Chef de l’Etat. Une fois de plus, c’est lui va décider d’appliquer ou pas l’Accord de la Saint-Sylvestre. Si, par exemple, comme les ténors de la MP le clament, le Chef de l’Etat renvoie le Président désigné du Rassemblement pour manque d’unité absolue. Allusion faite ici aux fameuses ailes du Rassemblement créées pour rendre difficile l’émergence d’un nouveau leadership au Rassemblement. Le refus de recevoir le nouveau leadership du Rassemblement incarné par Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi, reconnu aux Discussions directes, par la Monusco et l’ONU, contribuerait à exacerber la crise. Va-ton en arriver là ?

La Pros.



COMMUNICATION DE LA MAJORITE PRESIDENTIELLE
Au fur et à mesure que les échanges directs du Centre Interdiocésain amorcent leur atterrissage en douceur, apparaît comme confusément aux confins de l’horizon politique la question du sort de la CENCO à l’issue de ces tractations.
A la façon normande, je serais tenté de répondre que la mission de la CENCO prend fin à la remise de leur rapport au Président Joseph KABILA KABANGE après la signature de l’Arrangement particulier.
Réponse logique s’il en est mais qui est loin de répondre à la vraie préoccupation contenue et exprimée par cette question apparemment naïve.
L’expression exacte et idoine de cette question serait plutôt " quel rôle réserver à la CENCO dans la structure mise en place dans le cadre de l’Accord du 31 décembre 2016 et de l’Arrangement particulier".
Aspiration, peut-être ou même certainement, légitime de la part de leurs auteurs ou des adeptes d’une telle perspective.
Mais présentée en ces termes, cette aspiration pose de façon cruciale et critique une question éthique fondamentale.
Etait-ce la finalité de la mission de bons offices que le Président Joseph KABILA KABANGE a confiée aux Evêques de la CENCO ?
De toute évidence et en bonne logique, non.
En effet, le fondement de la volonté du Président de la République se trouve dans le fait moralement certain que la CENCO n’est pas politiquement intéressée, n’a pas de parti pris et n’a aucune ambition de ce genre. Et donc, la CENCO était le parfait prototype de facilitateur pour ce genre de dialogue.
Sur le plan purement catholique, ce devoir confié par le Chef de l’Etat aux Evêques de la CENCO est comme une mission de miséricorde divine. Cette perception semble avoir été partagée et acceptée par toutes les parties prenantes sans réserve particulière quelconque.
C’est pourquoi, tous les Délégués sans exception trouvent logique et acceptable le rituel catholique de commencer les travaux par la prière dite par l’Evêque Président des céans non au nom de l’œcuménisme mais au nom de l’Eglise catholique.
Par conséquent, cette pratique, autant que leur mission, se situe dans la logique eschatologique de "Misericordiae vultus " où le Pape François affirme que " Dans la miséricorde, nous avons la preuve de la façon dont Dieu aime. Il se donne tout entier, pour toujours, gratuitement et sans rien demander en retour.
... Il vient à notre secours lorsque nous l’invoquons "...
Mais... " sans tomber dans l’indifférence qui humilie, dans l’habitude qui anesthésie, rame et empêche de découvrir la nouveauté, dans le cynisme destructeur " (in misericordiae vultus).
D’autre part, sur un plan purement humain, cela signifierait qu’ils voudraient tirer profit de la rente de leur mission de bons offices pour entrer en politique par effraction. Tentative moralement indécente. S’agit-il d’un cas d’abus de position dominante ou d’une version édulcorée du plan B qu’ils menacent de mettre à exécution en cas d’échec des échanges directs.
Dans tous les cas, se posent alors de façon lancinante deux types de questions :
- Pourquoi cette discrimination à l’égard des autres confessions religieuses ou même de la-Société Civile dont la CENCO fait partie ?
- La deuxième question concerne la problématique de la laïcité de la République Démocratique du Congo au risque de mettre l’Accord en porte à faux avec la Constitution et la nature même de l’Etat.
Tous bien considérés, particulièrement en cette période de carême, un tel appel ressemble moralement à la tentation de Jésus dans le désert en faisant miroiter la vanité des vanités, c’est-à-dire, la puissance du Monde, au regard du Royaume des cieux.
Pour ma part, je ne doute pas un seul instant que, comme Jésus à Satan, les Evêques de la CENCO commanderont à ces sirènes tapis à New York ou ailleurs, qui les poussent dans cette voie par un " VADE RETRO " autoritaire ce que dans une lecture libre nous pouvons traduire par " Pas question ! Laissez-nous nous occuper du salut des âmes après vous avoir donné la preuve de la miséricorde de Dieu. "
Une telle attitude serait une réponse adéquate aux contestations de leur propre composante, voire de certains de la classe politique avant qu’elles ne fussent nées.
Ce serait, enfin, aussi, la preuve évidente de la sagesse divine sinon christique " Laissez à Dieu ce qui est à Dieu, et à César ce qui est à César ".
Fait à Kinshasa, le 22 mars 2017
Ambassadeur André-Alain ATUNDU LIONGO
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