L’Intersyndicale Nationale du Congo a déposé, le 17 mars2017, au bureau du Premier Ministre Samy Badibanga, un préavis de grève générale dont la mise à exécution pourrait intervenir le 05 avril 2017. Selon les signataires du mémo adressé au chef du gouvernement, fonctionnaires et agents de des entreprises publiques attendent avec

impatience, dans les 15 jours, les signaux de l’amélioration de leurs conditions socio-professionnelles. Ils s’appuient, pour ce faire, sur l’Accord du camp Tshatshi qui avait assigné deux missions : l’organisation des élections et l’amélioration du social des

populations congolaises.

L’Intersyndicale Nationale du Congo note, avec une vive inquiétude,

la perte, par les masses ouvrières et paysannes, de plus de 50% de

leur pouvoir d’achat. Le cahier de charges remis au chef du

gouvernement comprend, entre autres revendications, la revalorisation

du SMIG à au moins 15 $ US par jour, l’assainissement des conditions

de travail, la restitution de toutes les primes dues aux agents et

fonctionnaires de l’Etat, l’apurement des arriérés salariaux, la

mécanisation des agents mis abusivement sous le régime de « nouvelles

unités », la réhabilitation d’agents et cadres suspendus illégalement,

etc.

A Son Excellence Monsieur le Premier ministre,

Concerne: Préavis de grève,

Nous avons l’honneur de vous informer que nous, soussignés, Présidents

et Secrétaires Généraux, leaders des syndicats professionnels,

représentants des associations et ordres socioprofessionnels, Acteurs

de la Société Civile par excellence, exerçant légalement nos activités

dans les secteurs public, privé et paraétatique sur l’ensemble du

territoire national, nous nous sommes réunis du 17 février au 03 mars

2017 à Kinshasa en République Démocratique du Congo, aux fins

d’examiner la situation de vie et de travail catastrophique

généralisée des masses laborieuses de notre pays.

1. Constats et implications sur la situation des masses laborieuses

Cet examen nous a permis de dégager douze (12) constats majeurs que voici :

1° Après l’indépendance -acquise au prix du sacrifice suprême des

pionniers du mouvement ouvrier congolais dont l’intégrité et le

nationalisme étaient manifestes, la crise de légitimité née de la

controversée « Loi Fondamentale}) a abouti à l’ignoble assassinat de

Patrice Emery Lumumba suivi du coup d’Etat militaire de Novembre 1965.

2° Le régime autocratique installé depuis 1965 a engendré

l’inféodation du mouvement ouvrier au « Parti-Etat» ainsi qu’une

dictature et des guerres d’agression qui s’en suivirent totalisant

plus de 40 années d’absence de démocratie provoquant ipso facto la

clochardisation des masses laborieuses, en particulier et du peuple

Congolais, en général.

3° En dépit de toutes les potentialités dont regorge le pays, les

gouvernements successifs ne tiennent pas leurs promesses liées à

l’amélioration des conditions de vie et de travail des masses

laborieuses, en particulier et de l’ensemble des populations

congolaises, en général.

4° Les masses laborieuses vivent dans des conditions infrahumaines

exacerbées par la crise née de l’absence de volonté politique. Le

travail décent et l’amélioration des conditions sociales à travers un

salaire compatible avec le panier de la ménagère demeurent un leurre.

5° Le blocage intentionnel des avantages sociaux statutaires des

Agents et Fonctionnaires .de l’Etat, les discriminations des barèmes

de salaires dans l’Administration Publique, le SMIG irréaliste face à

la montée des ‘prix du carburant avec la dépréciation du franc

congolais, la déperdition scolaire, la ration alimentaire en délestage

ne répondant pas aux normes admises, sèment la désolation dans les

ménages des masses laborieuses.

6°Tous les ménages des Agents et Fonctionnaires de l’Etat sont

durement frappés par un marasme socioécof1omique sans précédent. Il

s’agit notamment des familles des militaires, des policiers, des

enseignants, des médecins, des infirmiers, des magistrats, des

professeurs d’université ainsi que des travailleurs du secteur

interprofessionnel tant public que privé.

7° Les reliquats de plus de 10 millions de USD/mois réalisés depuis

Août 2011 en vertu de la bancarisation de plus d’un millier d’Agents

publics ne font pas l’objet de transparence et de redevabilité de la

part des Gouvernants.

8° Depuis l’accession du pays à l’indépendance, la classe politique

dirigeante se conforte dans la mauvaise gouvernance caractérisée

notamment par l’opacité dans la gestion de la chose publique, la

corruption généralisée, l’impunité. Des acteurs politiques et des

sociétés multinationales s’adonnent au détournement et au pillage des

richesses .de l’Etat alors que toutes les couches de la population

croupissent dans la misère déshumanisante en deçà du seuil de la

pauvreté absolue avec moins d’un dollar par jour.

9° En dépit des dispositions pertinentes de l’article 48 de la

Constitution garantissant le droit à un logement décent et le droit

d’accès à l’eau potable et à l’énergie électrique, le manque de

logement décent, la pénurie d’eau et d’électricité sont la principale

source de diverses maladies et des accidents mortels qu’endurent les

populations congolaises dont les masses laborieuses.

10° En pleine ville-province de Kinshasa, capitale du pays et siège

des Institutions, l’absence de logements sociaux, l’usage des bougies,

l’existence des câbles électriques vétustes à ciel ouvert, des nids de

poules et des canaux d’adduction d’eau défectueux provoquent des

accidents mortels dans les populations déshéritées devant

l’indifférence cynique des gouvernants qui ne préconisent pas des

solutions judicieuses et durables;

11° La bipolarisation de la scène politique par les protagonistes de

Majorité Présidentielle et de l’Opposition nuit à la floraison de la

démocratie. En effet, la Majorité Présidentielle s’accroche au pouvoir

au mépris de la Constitution et des lois de la République.

L’Opposition politique est inféodée, laminée par la recherche de

repositionnement au lieu de constituer une alternative crédible pour

la recherche de l’intérêt général. La Société Civile s’aligne sur les

deux pôles sacrifiant toutes les aspirations profondes des masses

laborieuses à la démocratie et au progrès social.

12° En définitive, depuis la promulgation de la Constitution du 18

février 2006, les politiciens de toutes les tendances confondues, à

l’instar de ceux de 1965 à 2006, se battent pour des postes et leurs

intérêts partisans sans aucun égard sur la misère noire des masses

laborieuses et la pauvreté absolue de l’ensemble des populations

congolaises. Aussi avons-nous réalisé que cette situation est la

conséquence fâcheuse de la crise sociopolitique et institutionnelle

persistante qui sévit dans notre pays du fait du manque de volonté

politique.




II. Revendications des masses laborieuses




Consécutivement aux constats ainsi dégagés;

Attendu que le travail est un droit et un devoir sacrés pour chaque

congolais et que l’Etat doit garantir le droit au travail, la

protection contre le chômage et une rémunération équitable et

satisfaisante assurant au travailleur ainsi qu’à sa famille, une

existence conforme à la dignité humaine, complétée par tous les autres

moyens de protection sociale notamment la pension de retraite et la

rente viagère conformément aux dispositions de l’article 36 de la

Constitution;

Nous avons recommandé, toutes affaires cessantes, l’amélioration

effective de la situation des masses laborieuses dans notre

déclaration solennelle du 03 mars 2017. Cette amélioration devrait

être réalisée suivant les modalités ci-après:

1) La revalorisation du SMIG au troisième pallier de MBUDI ( soit’ au

moins équivalent en francs congolais de huit (08) dollars américains

par jour) ainsi que l’octroi d’un barème unique compatible avec le

panier de la ménagère issu des dernières commissions paritaires ou la

généralisation du barème des ENARQUES aux Agents de l’Etat, Policiers

et Militaires, avec son indexation à l’évolution du coût de la vie.

2) La restitution de toutes les primes dues aux Fonctionnaires et

Agents de l’Etat supprimées sans raison valable.

3) L’apurement des arriérés de salaires des travailleurs et des

avantages sociaux statutaires ou conventionnels bloqués dans

l’Administration Publique et dans les Entreprises et établissements

publics.

4) La réhabilitation des Agents, Cadres et délégués syndicaux ainsi

que des Fonctionnaires et d’autres Agents des Régies

financières et Etablissements publics suspendus ou révoqués

abusivement.

5) La redevabilité sur les reliquats de la bancarisation.

6) L’inventaire du patrimoine immobilier de l’Etat à travers tout le

territoire national pour y loger les cadres de l’administration privés

des indemnités de logement et ainsi les protéger face aux tracasseries

des bailleurs.

7) La récupération de 60 villas propriétés de l’Hôpital Général de

Référence de Kinshasa de l’Etat dans la Cité MIMOSAS et MINIBAL ainsi

que des espaces des écoles faisant partie du domaine public de l’Etat.

8) La dépolitisation de la gestion des entreprises et établissements

publics en mettant hors d’état de nuire tous les mandataires

prédateurs et spoliateurs impénitents bien connus ainsi que

l’annulation de toutes les réformes fantaisistes engagées dans les

Entreprises du Portefeuille de l’Etat au mépris de la loi N° 08/008 du

07 Juillet 2008 portant dispositions générales relatives au

désengagement de l’Etat.

9) La récupération des biens meubles et immeubles des entreprises du

Portefeuille de l’Etat spoliés comme aux LAC, à la SCPT (ex ONATRA),

l’OCPT, la SONAS, l’INSS, la SNEL, la REGIDESO, l’OFFICE DES ROUTES,

la SNCC, la GECAMINES.

10) La mise en oeuvre de la politique nationale de la sécurité et

protection sociales adoptée avec le concours des partenaires sociaux

en définissant un régime efficient.

11) La régularisation du travail des journaliers et temporaires de

plus de six mois dans l’Administration Publique en emplois permanents.

12) Le règlement du contentieux des ordonnances portant mise à la

retraite, promotion et révocation des Agents et Fonctionnaires de

l’Etat de 2009 et 2010 conformément aux conclusions de la Commission

Technique Interinstitutionnelle des Recours et la liquidation des

indemnités de fin travaux de ses membres émargeant pourtant au Budget

de l’Etat.

13) La règlementation de l’importation’ de boisson et d’autres

produits de consommation courante pour sauvegarder les industries

locales (cas de Bralima, Unibra, Boukin, Congo Futur, Brasimba).

14) Les audits des comptes du Trésor-public dans lesquels sont logés

les écarts dégagés de la vente du carburant après la chute des prix,

la TVA et les recettes du secteur pétrolier produites par la Socir,

Perèk et Perenco tout comme les recettes produites dans le secteur

minier industriel et artisanal (Or, Coltan, Diamant) ainsi que du

bois. Il en est de même des importations du carburant à partir de

l’est actuellement exonérées pour les comptes de particuliers.




III. Préavis de la grève générale

Réalisant que l’heure est très grave au regard de la situation

catastrophique du pays et qu’il est impérieux d’affronter les défis et

obstacles qui plombent la marche républicaine du peuple congolais vers

l’Etat de droit et la démocratie;

Attendu que sans la promotion de l’Etat de droit et de la démocratie,

on ne peut envisager ni le progrès social, ni le développement

harmonieux et intégral du citoyen congolais;

Conscients de nos responsabilités devant Dieu et devant les

générations présentes et à venir;

Nous avons décidé de vous transmettre la déclaration de la « DRSP »

du 03 mars 2017 sous-pli référencé n°DRSP/CN/JZM/JKU001/2017.

Dans cette déclaration, il a été indiqué qu’à défaut des solutions

concrètes aux revendications des masses laborieuses ainsi relevées au

plus tard le 12 mars courant, la DRSP entamera la procédure devant

aboutir à la grève générale.

Au regard de tout ce qui précède, les organisations

socioprofessionnelles engagées au sein de la Dynamique des

Regroupements Socioprofessionnels de la République Démocratique du

Congo (DRSP) vous notifient, par la présente, le préavis de quinze

(15) jours ouvrables à dater de ce vendredi 17 mars 2017, pour la

satisfaction de toutes les revendications des masses laborieuses

reprises ci-dessus.

Passé ce délai, les masses laborieuses se verront obligées d’observer

une grève générale illimitée sur toute l’étendue du territoire

national à partir de ce lundi 10 avril 2017.




Ainsi fait à Kinshasa,

le 17 mars 2017.




Pour la Dynamique des Regroupements Socioprofessionnels

Union des Travailleurs, Agents et Fournisseurs de l’Etat « UTAFE »

Joseph Zac Abe Mushimanyi

Syndicat Pionnier des Cadres et Travailleurs SYPICAT

Bampende Lukengu

Syndicat Libre des des Admnistratifs de l’EPSP

Synapetas

Léonard Kusimana

Syndicat des Agents et Fonctionnaires de l’Etat

Mulangu Ntumba

Renouveau de l’Action Syndicale

Confédération Générale des Syndicats Autonomes

Akonda-Mangongo Moïse

Syndicat National des Techniciens en De. Rural du Congo, Synafederco

SYFAP

SG/OTUC Association des femmes de la RDC Femmes d’avenir (ONG)

Gauthier Kangudia

SYNCAS

Mutamba Mpoyo

STDDS

Kabulu Kabulu

Syndicat des Travailleurs du Congo

Pambi

Mutualité des Couples-Unis

Romain LanduSyndicat Libre du Congo « SLC »

Diankeba-Zola Angélique

Syndicat des Agents et Fonctionnaires Publics de l’Etat

N’Kungi Mabewu

Syndicat des Travailleurs Agents et Fonctionnaires de l’Etat

Paraétatique et Privé

Bukolo Mambu Marie

Collectif des Agents et Fonctionnaires de l’Etat pour le Renouveau de

l’Administration Publique

Kudinga Satutiako Jean-Hilaire

Fondation Bourgeois Kasongo « ONG »

Kasongo Bourgeois

Renouveau Syndical du Congo

François Tshimanga

Confédérations des syndicats des ouvriers et paysans du Congo

Désiré Muta Ibali Olela

Solidarité Syndicale des Infirmiers du Congo

Bilenga Kayumbi

Coordination des Syndicats des Services d’Assiette « COSSA »

Kalambayi Mak Mpoy Léon

Moïse Ilunga-Bualo ESDRC

Moïse Ilunga-Bualo

Centre international de Formation et d’encadrement en droit humain

Abdon Muamba

Défense des Droits des Agents et cadres de LAC « DAC-ONG »

Léonard Kinsembe

S.G

Lutte contre toutes sortes des violences faites à la femme, RDC

Dr Bahati Mweze Irène

Syndicat Autonome des Travailleurs de l’OCC (

Mingashanga Louis

Institut National Congolais des Formations Internationales en Droits Humains

Kasilembo Riziki Jean
LIENS COMMERCIAUX

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