Silence, on consulte. Jusqu’où irait Bruno Tshibala ?
*Il a promis de s’y faire, en peu de temps. Il l’a dit, à haute et intelligible voix, devant caméras et autres professionnels des médias, lors de sa première rencontre avec le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, ce lundi 10 avril 2017, au Palais de la Nation. A cette même occasion, il a lancé un appel à l’unité et affirmé qu’il œuvrerait, tout au long de son mandat, pour le bonheur des congolais. Allusion faite, ici, à cette épineuse question du social et de l’économie dont l’érosion grandit chaque jour. A la problématique des élections, cet enfant terrible de Lemba a soutenu, urbi sur ongles, qu’il appliquerait, selon lui, l’Accord du 31 décembre et l’almanach des joutes électorales, tel que tracé au Centre Interdiocésain, devrait, autant que possible, être respecté. Ainsi, l’équipe constituée de 53 membres, à l’exception de lui-même, sera-t-elle connue dans les délais les plus brefs, insiste-t-il.
Dispositif
Majorité Présidentielle, Opposition signataire et non-signataire, société civile signataire et non-signataire, Front pour le Respect de la Constitution, Udps, Rassemblement – toutes les ailes confondues- sont attendues, tour à tour, chez Bruno Tshibala, à la Cité de l’Union Africaine. Toutes les parties prenantes aux discussions directes, officiées par les Evêques, au Centre Interdiocésain, sont appelées à s’activer. Déjà, le Rassemblement de Félix Tshisekedi qui, dans un récent communiqué, dénonce la violation de la lettre et de l’esprit de l’Accord du 31 décembre 2016, est non partant. Le Front pour le Respect de la Constitution, dirigé par Eve Bazaïba, la Secrétaire Générale du MLC, est, plutôt, préoccupé par la présidence du Conseil National de Suivi de l’Accord de la Saint Sylvestre, pour y succéder Etienne Tshisekedi, décédé le 1er février à la Clinique Sainte Elisabeth, à Bruxelles et dont le corps n’aurait même pas été inhumé. Comme l’on peut bien s’imaginer, l’ombre de Bemba, depuis sa cellule de Scheveningen, à la Haye, plane autrement sur ses ouailles qui, de façon imperturbable, n’entendent point marcher à reculons, en entrant dans ce navire du gouvernement, dans son contexte et format d’aujourd’hui.
Autrement dit, Bruno Tshibala composera son gouvernement avec la Majorité, l’Opposition modérée ainsi qu’avec quelques fractions congrues des acteurs de la Société civile. A l’Udps, Corneille Mulumba, l’un des pionniers contestataires de Tshisekedi, s’est signalé au portillon. Il n’est pas exclu que lui et ses compères du Conclave, tenu dernièrement à Bibua, sortent du bois, lorsque la composition de cette nouvelle équipe gouvernementale, menée dans les coulisses, sera, finalement, officialisée.
Au four et au moulin
Il était écartelé, du moins, jusqu’ici, entre Kin-Plazza et Fleuve Congo Hôtel, pour ses premiers contacts. Mais, depuis ce mardi 11 avril, Bruno Tshibala consulte, officiellement, à la Cité de l’Union Africaine, sur les hauteurs de Mont Ngaliema. Aujourd’hui, y sont attendus, les acteurs politiques constellés autour de la Majorité Présidentielle. Les Opposants signataires de l’Accord du 18 octobre 2016 feront partie de ceux que le tout nouveau Premier Ministre attend également, ce mercredi 12 avril.
A son agenda, il était prévu ce même type de gymnastique, pour essayer d’arrondir, sans nul doute, ses angles, avec certaines têtes couronnées des plateformes et formations politiques de grande envergure. Il était question, selon le Protocole d’Etat commis aux services de ce nouvel oiseau qui, aux yeux du Président de la République, Joseph Kabila qui l’a nommé, le 7 avril dernier, aux fonctions de Premier Ministre, est appelé à appliquer l’Accord du 31 décembre 2016.
Rupture
Plus rien ne sera comme avant. Joseph Kabila, paraphrasant à sa manière, le vieux léopard, a décidé, le 5 avril dernier, de briser l’omerta. Là où les discussions étaient bloquées, lui a choisi, plutôt, d’agir. Devant les Députés et Sénateurs, réunis, ce jour-là, en Congrès, il promettait de ne plus laisser le pays perdurer dans une hibernation injustifiée, au regard de 98 % de réalisations sur l’essentiel du compris tant recherché, pour mettre autour d’une seule et même table, Majorité et Opposition, dans une sorte d’osmose dont la finalité était, à son avis, d’instituer une transition vers des élections libres, justes, transparentes et démocratiques.
48 heures après, Kabila, relooké à la moustache, est revenu à la charge. Ordonnance à l’appui, il a jeté son dévolu sur Bruno Tshibala, tiré de la vieille garde de l’Udps et du Rassemblement des Forces et Sociales Acquises au changement, la méga plateforme grâce à laquelle Etienne Tshisekedi voulait, pourtant, jusqu’à ses dernières forces, écrouler les bases de son régime, juste à la veille du 19 décembre 2016.