Coordinatrice du Projet de soutien à l’éducation de base (PROSEB), Mme Wali Bela de Bobozo assure depuis plusieurs années l’assistance exécutive du Secrétaire général à l’Enseignement Primaire, Secondaire et Initiation à la Nouvelle citoyenneté (EPS-INC). C’est à ce titre qu’elle éclaire les lecteurs de « Forum des As » sur ce programme ambitieux, qui a entre autres pour mission de renforcer la formation des enseignants congolais et la distribution des manuels scolaires dans les écoles primaires, disséminées à travers la République démocratique du Congo.


C’est quoi le PROSEB pour les profanes ?
C’est un programme financé par le Partenariat mondial pour l’éducation, qui est mis en œuvre au sein du ministère de l’EPS-INC. Il a été lancé en juillet 2013 et sera clôturé en février 2017, après avoir bénéficié d’une prolongation de six mois.

PROSEB a entre autres pour mission la formation et la distribution des manuels scolaires en RDC. Comment cela s’est-il passé sur le terrain ?
Ce sont les structures du ministère qui mettent en œuvre ce projet. Lorsque le ministère a élaboré le Plan intérimaire de l’éducation (PIE), il avait en tête trois axes principaux que le Projet est venu matérialiser. J’ai toujours l’habitude de dire que le Proseb est la fille aînée du PIE.
Ce projet a visé, de prime abord, l’amélioration de l’accès et de l’équité des enfants au primaire. En deuxième lieu, il fallait veiller à l’amélioration de la qualité de l’apprentissage par la distribution des manuels scolaires et la formation des enseignants. Il était, enfin, question d’assurer le renforcement du système. Il fallait ainsi que ces acteurs, qui ont l’habitude de travailler au sein du ministère, qui connaissent leurs tâches et leurs responsabilités, soient renforcés pour que le système connaisse, à son tour, un élan nouveau à travers le Plan intérimaire de l’éducation.
Et donc, pour pouvoir améliorer la qualité de l’éducation, le projet a distribué environ 20 millions de manuels scolaires. Ouvrages qui ont été élaborés par la Direction des programmes et matériels didactiques du ministère. Ces manuels ont, ensuite, fait l’objet d’une procédure de passation des marchés à travers la cellule spécialisée du ministère, pour qu’enfin, les fournisseurs, venus d’ici et d’ailleurs, puissent soumissionner avant de fournir ces manuels au ministère.

Quelles sont les difficultés que Proseb a connues dans la mise en œuvre du projet ?
Nous avons connu plusieurs difficultés, particulièrement dans la distribution des manuels scolaires. Etant donné que le pays est grand, cette activité du projet a revêtu une dimension d’envergure nationale, puisque nous devrions couvrir les écoles de toute la République démocratique du Congo. Nous avons ainsi réussi à distribuer premièrement 20 millions d’exemplaires. Aujourd’hui, nous en sommes à 22 millions de manuels acheminés à travers les 30 provinces éducationnelles de l’époque, qui équivalaient aux 11 anciennes provinces du pays, alors qu’à ce jour, nous comptons 26 provinces administratives.
Dans les provinces éducationnelles, ces manuels ont été pris en charge par ceux qu’on appelle les ’’directeurs de province’’ ou ’’Proved’’. Avec une commission qui a été créée sur place, ils se sont chargés de faire la passation des marchés avec les transporteurs locaux pour que ces manuels puissent être acheminés à travers les 300 sous-proved du pays. C’est à partir des sous proved que les directeurs d’écoles étaient chargés de retirer ces manuels pour les emmener dans leurs établissements scolaires.
Pour les manuels destinés aux classes de 3ème et 4ème primaires, l’opération intervenait d’une manière additionnelle. Puisqu’un programme précédent, mis en œuvre par la Coopération Technique belge (CTB), avait déjà permis de distribuer une bonne quantité de manuels scolaires. Cependant, pour les classes de 5ème et 6ème années primaires, la quantité totale des manuels mobilisés était destinée à couvrir tous les effectifs d’élèves inscrits sur tout le territoire national.
Au cours de cette distribution, on a remarqué que nous avions fait un progrès dans l’accès. Puisque, lorsque nous avions prélevé l’effectif des élèves au montage du programme, nous avons passé commande des manuels en nous référant au nombre d’enfants enregistré. Malheureusement, lors de la phase de distribution, nous avons constaté que l’effectif des élèves a subitement augmenté. Ce qui ne nous a donc pas permis d’atteindre le ratio souhaité pour certaines classes, à savoir : un manuel par élève. Le nombre d’élèves avait donc augmenté entre le moment de la commande et celui de la distribution. C’est pourquoi, nous sommes passés de 20 millions de manuels distribués à 22 millions pour atteindre le ratio d’un manuel par élève.
Vous savez que c’est très important, puisque pendant longtemps, nos élèves n’ont pas eu accès facile aux manuels scolaires. Or, avec notre programme, ces manuels ont été distribués gratuitement. Et aujourd’hui, nous pouvons être fiers de déclarer que nos enfants savent maintenant lire le caractère d’imprimerie. Avec ce projet, nos enfants pourront, non pas apprendre à lire seulement dans les classes terminales du primaire, mais s’accommoder plus tôt à la lecture pour apprendre réellement.

Sur quelles branches précises se focalisent les manuels scolaires que vous distribuez ?
Ce sont des manuels des ’’branches mères’’ destinés aux écoliers du degré moyen de l’école primaire. On y retrouve essentiellement des livres de français et des mathématiques. Et pour les classes de 5ème et 6ème années primaires, nous avons consacré des manuels de français, des mathématiques, des sciences, et également d’éducation civique et morale. A travers ces matières, ces manuels veulent jeter les bases pour les Congolais nouveaux.

Quels sont les principaux partenaires qui vous accompagnent dans la mise en œuvre du projet de distribution des manuels scolaires à travers le pays ?

Outre les ’’proved’’ et les directeurs des écoles, nous travaillons avec les transporteurs locaux dans l’optique du partenariat public-privé, mais également en perspective d’une réelle appropriation de nos projets par les communautés locales. Dès le départ, nos équipes sont descendues sur le terrain pour expliquer aux communautés bénéficiaires la quintessence même du projet.
Nous avons réuni les transporteurs locaux pour leur expliquer ce qui allait réellement se passer. Nous leur avons dit que nous aurons besoin de leur concours pour transporter les manuels à travers les différentes contrées de leurs milieux. Nous avons ainsi constitué un réseau des transporteurs fidélisés avec qui nous avons développé une étroite collaboration. Ce partenariat s’est révélé très efficace, vue l’étendue du territoire national. Avec ces partenaires, nous avons notamment eu à faire face aux problèmes de viabilité au niveau du réseau routier, de l’hydrographie, de la végétation… pour acheminer les manuels à destination. Ces transporteurs ont ainsi bravé des routes où aucun véhicule n’était plus passé depuis des mois, voire des années ! Ils se sont engagés, pas seulement pour tirer des dividendes financiers, mais surtout par souci d’appuyer le secteur éducatif à travers la distribution des manuels scolaires.
En fonction de terrain, nos partenaires ont emprunté toute sorte de moyens de communication. Qu’il s’agisse de moto, de véhicule, de pirogue, d’avion… Dans un coin comme Shabunda par exemple, au Sud-Kivu, nos partenaires ont dû utiliser exclusivement le transport aérien. A Boende, dans l’ex-province d’Equateur, des camions ont même frôlé la catastrophe en s’engageant sur des ponts mal structurés.
Grâce donc au concours des transporteurs, nous avons pu atteindre 50.000 écoles à travers le pays. Nous avons tenu compte de toutes les écoles, tant publiques que privées… Le travail s’est avéré laborieux, comme vous l’avez constaté, tant la quantité des manuels était importante. Par carton en effet, on trouvait entre 60 et 80 livres. Et chaque groupe devrait prendre en charge les établissements scolaires de toute la ’’sous proved’’. Or, une ’’sous proved’’ comprend au minimum entre 100 et 400 écoles. Ajouter à cela le nombre de classes par école. Vous imaginez alors la quantité d’ouvrages à transporter !
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