SOCIAL : VA-T-ON VERS LA CATASTROPHE ?
* Trois mois après l’installation du Gouvernement Tshibala, les Congolais attendent les premiers signes de l’amélioration de leur quotidien.
La situation sociale en RD Congo se détériore au fil des jours. A la base, la dépréciation continue du franc congolais sur le marché de change. A chaque monnayeur, son taux. Les différents tableaux des commerçants de monnaie à Kinshasa affichent 1700 fc. Pourtant, en début de semaine, le taux a été de 1600,5 franc congolais le dollar. Dieu seul sait ce que sera la situation sur le marché de change d’ici à la fin du mois de juillet en cours. Des cambistes kinois ne cachent pas leur pessimisme. « A l’allure où vont les choses, il ne fait plus l’ombre d’aucun doute que le taux de change franchisse la barre fatidique de 2000 fc le dollar américain », a déclaré hier, un changeur interrogé place le Château, en plein centre-ville.
Entre-temps, la population égrène son chapelet de misère au quotidien. Ses conditions de vie se brisent au rythme de la dépréciation de la monnaie nationale. Son pouvoir d’achat, déjà faible depuis des années, finit par se désagréger. Moralité, la vie à Kinshasa tout comme dans le reste du pays s’est réduite en un challenge de survie. Il se pose donc ici, un vrai problème existentiel des masses. Des citoyens bénéficiaires de l’action politique. Hélas. Cette même population ne voit rien en perspective. D’ores et déjà, des observateurs avisés s’interrogent, non sans raison, si l’on ne va pas droit vers une catastrophe sociale en RD Congo.
VIVEMENT DES MESURES POLITIQUES D’URGENCE
La grogne est bien réelle. Elle prend le dessus sur les clivages politiques. La situation couve un véritable drame social. Tous les acteurs politiques du pays en sont conscients. Qu’il s’agisse des sociétaires de la Majorité présidentielle (MP) au pouvoir ou de ceux de l’ « Opposition ». A partir du moment que le marché kinois de biens de consommation courante s’enflamme, nombre d’observateurs pensent que l’action du Gouvernement mérite un recadrage. En d’autres termes, l’Exécutif se doit d’envisager des actions en guise de réplique à la très grave crise économique qui, depuis plusieurs mois, frappe la RD Congo de plein fouet !
Trois mois après l’installation du Gouvernement d’union nationale, les Congolais attendent avec impatience, les premiers signes de l’amélioration de leur quotidien. C’est vrai que la politique du Gouvernement Tsibala se décline en termes du Budget de l’Etat pour l’exercice 2017. L’exécution de loi des finances devant intervenir à partir du mois d’octobre prochain, la population devrait sans doute prendre son mal en patience.
Toutefois, des voix se lèvent de plus en plus pour dire que face à l’ampleur de la situation sociale actuelle, les dirigeants du pays doivent envisager des mesures politiques urgentes. Quand on sait que l’amélioration des conditions de vie de la population figure parmi les principales missions confiées au Gouvernement issu de l’Accord de la Saint sylvestre, l’heure n’est donc plus aux discours techniques. On devrait plutôt penser à certaines actions à impact direct sur la vie sociale. C’est vrai qu’en trois mois, les Congolais ne doivent attendre de l’actuel Exécutif national, toutes les solutions à tous leurs problèmes. Néanmoins, face à cette équation sociale à plusieurs inconnues, il appartient au Gouvernement d’établir les priorités.
Pour des observateurs avisés, l’urgence consiste en la prise des mesures idoines, indépendantes de la réalité économique actuelle. Le front social étant parfois plus redoutable que le front politique, le pouvoir de Kinshasa devrait réfléchir par deux fois. Car, cette même population, exacerbée par la détérioration de ses conditions de vie, semble ne plus croire en rien. Il y a comme une sorte de rupture sociale entre les dirigeants du pays et leurs administrés. La morale étant généralement suspendue en période de crise, le Gouvernement est appelé à agir. Ventre affamé n’ayant point d’oreilles !