Alors que le président Eduardo Dos Santos s’apprête à quitter le pouvoir le 25 septembre 2017, sa fille, Isabel Dos Santos, épouse de l’homme d’affaires et activiste congolais Sindika Dokolo, est éclaboussée par des révélations du média français, au sujet d’une affaire à plus de 4 milliards de dollars. Mediapart et le réseau EIC révèlent comment Isabel dos Santos, la fille du président angolais, a obtenu sans appel d’offres, via une société offshore à Hong Kong, près de 40 % d’un contrat de 4,5 milliards de dollars pour la construction d’un barrage, approuvé par un décret signé par son père en 2015.

Le 4 août dernier, raconte Médiapart, Eduardo Dos Santos, le chef de l’État de l’Angola posait la première pierre du barrage de Caculo Cabaça. « Quand il sera achevé, dans cinq ans, l’ouvrage créera au milieu du fleuve Kwanza un lac de 16 kilomètres, retenu par un mur de 100 mètres de haut et de 520 mètres de long. D’une capacité prévue de 2 172 mégawatts, assez pour alimenter deux millions de foyers en électricité, c’est le plus gros projet d’infrastructure lancé depuis la récession qui frappe le pays à cause de la baisse des prix du pétrole, qui représente 97 % de ses exportations« , explique-t-on.






Le barrage va coûter 4,5 milliards de dollars, l’équivalent de 5 % du PIB de l’Angola ou de son budget annuel de l’éducation. « En vertu d’un décret présidentiel signé par José Eduardo dos Santos le 11 juin 2015, le marché a été attribué en 2015 au groupe China Gezhouba Group Company (CGGC), un poids lourd chinois du BTP. Du moins officiellement« , révèle le média français.

Des documents confidentiels, obtenus par Der Spiegel et analysés par Mediapart et ses partenaires du réseau European Investigative Collaborations (EIC), montrent que les Chinois n’ont pas gagné seuls. « Dans le plus grand secret, Isabel dos Santos, a obtenu 38,8 % du projet, qu’elle détient pour l’essentiel via une société écran baptisée Boreal Investments Limited, immatriculée à Hong Kong. C’est dans ce paradis fiscal que la fille du président va encaisser sa (grosse) part des bénéfices, en toute opacité« , ajoute-t-il.




Isabel dos Santos et Sindika Dokolo avec le Président et la Première Dame de l’Angola. CREDIT FB.



Surnommée « la princesse », Isabel dos Santos, 44 ans, est un symbole de la prédation opérée par les dictateurs africains sur les richesses de leur pays. En l’espace de 20 ans, la fille aînée du président angolais est devenue la femme la plus riche du continent, avec un patrimoine estimé à 3,5 milliards de dollars par le magazine Forbes. Grâce à l’argent issu de l’exploitation des mines de diamants, Isabel a bâti un énorme conglomérat en Angola (banques, immobilier, télécoms), mais aussi au Portugal, l’ex-puissance coloniale, où elle a établi sa base arrière et racheté de grandes entreprises (lire notre enquête ici). L’an dernier, son père l’a même placée à la tête de la Sonangol, la toute-puissante compagnie pétrolière nationale.

Marié à Isabel Dos Santos depuis 2002, Sindika Dokolo, qui a lancé un mouvement citoyen en juillet dernier pour réclamer l’alternance démocratique en République démocratique du Congo défend son épouse sur un quelconque enrichissement illicite: « C’est impossible de nier qu’elle doit une partie de son succès à sa proximité avec le président. Elle peut appeler un ministre, accéder à l’information de manière privilégiée, c’est indiscutable. So what ? On ne peut pas la réduire à ça », s’énervait Sindika Dokolo, dans un récent portrait du couple publié par Le Monde.

L’histoire du barrage Caculo Cabaça démontre pourtant le contraire, affirme Médiapart. La participation d’Isabel dos Santos au projet avait déjà été publiée sur son blog par le journaliste et activiste angolais Rafael Marques de Morais. Les documents de l’EIC confirment et détaillent ces premières révélations. Ils dévoilent surtout que la fille du président a œuvré en coulisses pour obtenir ce projet sans appel d’offres, dans des conditions très favorables, au sujet desquelles elle a eu le dernier mot face à l’État. Avec une condition, décrite par ses avocats : son nom ne devait être mentionné dans aucun document. C’est ce que montrent des dizaines de courriels échangés par Isabel dos Santos, ses collaborateurs, ses partenaires chinois et le ministère angolais de l’énergie.
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