Outre sa traditionnelle icone Matonge, la commune de Kalamu doit aussi son symbole à la Place Kapela, au quartier Yolo-Sud. Il y a quelques années, ce coin de Kinshasa s’était rendu célèbre par un très grand nombre de professionnelles du sexe qui le fréquentaient. Moralité, Kapela ressemblait à ce carrefour où est attachée une chèvre en chaleur et qui attire tous les boucs des communes voisines. Même celles lointaines. A ce jour, Kapela doit sa notoriété à tout à fait autre chose : la viande de porc, très prisée par plusieurs milliers de Kinois.

Déjà, en début d’après-midi, Kapela offre un véritable décor de fête. Des chaises en plastique rangées, renseignent la fin d’une mise en place, sans aucune rigueur protocolaire. Le décor étant ainsi planté, on attend plus que l’arrivée des "invités ".
Vers 16 heures, le site s’emplit progressivement. Tantôt, ce sont des copains qui y arrivent au même moment. Tantôt, ce sont des filles débarquant de motos, qui rejoignent leurs partenaires ayant pris position du site depuis plusieurs heures. Pas de musique. On se contente plutôt du flux de sons provenant des terrasses situées juste en face. Soit, sur le côté droit, pour quiconque partirait de l’avenue Kimwenza.
Sur une trajectoire d’environ 100 mètres max, sont érigés quinze " Nganda Ntaba ". Tous, sur la rive droite de l’avenue Kapela, en provenance de l’avenue de l’Université. Une de concurrence loyale qui place ces abatteurs de rue dans une parfaite situation d’oligopole.

AU-DELA DU GOUT, LE PRIX AU KILO
Derrière des tonneaux enfumés supplantés de grils, des maestros en salopette, apparemment de couleur verte, s’affairent à dépecer l’animal abattu. Entre-temps, ses compagnons très habiles et aux aguets, attirent la clientèle. Et ils savent bien le faire. Mais ici, la qualité du cuisson et l’état du peson, sont deux critères déterminants qui influencent la décision finale du client potentiel.
Quiconque a pratiqué les Kinois pendant les années antérieures, sait que ces derniers préféraient plus la viande de chèvre, à celle de tout autre animal. En l’occurrence celle de la vache. On se souvient du très célèbre " Nganda Diallo " qui, pendant plusieurs années, drainait des foules sur l’avenue Lokolama, côté Matonge, dans la même commune de Kalamu.
Au jour d’aujourd’hui, la consommation de la viande de chèvre dans certains points chauds de la ville, semble avoir perdu de la vitesse, au profit de la viande blanche du porc, très adulée par plus d’un Kinois qui considèrent que celle-ci est plus délicieuse que la viande de chèvre ou de la vache.
Cependant, au-delà du goût, un autre élément justifie la ruée des Kinois vers les désormais "Nganda Ngulu ". A savoir : le prix au Kilo. A Kapela, jusque dimanche dernier, jour de notre passage par ce site, un " Kilo " de viande de porc s’est vendu à 13.000Fc, équivalent à quelque 8 dollars américains. Alors lors que la même quantité de la viande de chèvre se négociait à 30.000Fc. Soit à peu-près 19 $US. Entre 13.000 et 30. 000Fc pour une même quantité, le choix des Kinois est clair. Car, en plus du repas, les convives doivent également penser à la boisson, dès lors qu’ils ne peuvent prétendre occuper les chaises des terrasses, juste pour attendre que la viande commandée ne soit prête. Moralité, la séquence boisson parait inéluctable. Les barmans n’étant pas en association avec les vendeurs de la viande de porc ou de chèvre, se voient eux aussi, en situation de tirer profit de l’occupation de leurs sièges.

UN VERITABLE FESTIN DU WEEK-END
Kapela a son monde. Et, tous les jours, le site grouille. Un incontestable terminus pour des amis et parfois des membres de famille après les obsèques. Cependant, toutes proportions gardées, l’ambiance de samedi et dimanche suggère un véritable festin. Du pain béni pour ces jeunes abatteurs. " Les deux jours du week-end, nous abattons parfois jusqu’à trois têtes de porc. En termes de bénéfice, nous gagnons presqu’à 100%. En tout cas, il est rare d’accuser de perte. Le porc est vendu au kilo. Tout éleveur le sait. Et, dans les porcheries de la commune de N’Sele où nous nous approvisionnons, le prix de la bête oscille entre 250.000 Fc, soit l’équivalent de 160$ US et 300.000Fc. Tout dépend donc du poids de la bête ", déclare souriant à l’équipe de reporters de « Forum des As », Fally, 28 ans et vendeur de viande de porc à Kapela.
Fally ne minimise pas la concurrence. Mais il ne manque pas de stratégie pour y faire face. " La cuisine est le seul secret pour séduire la clientèle. Quand on a acquis de l’expérience en cette matière, le reste devient presque facile. Face à la concurrence, il faut être courageux. Parfois, nous arrivons à arracher nos clients à distance et à coup de disputes. Mais, l’essentiel pour nous est d’atteindre notre objectif de vendre le plus de kilos possible", renchérit-il.
Pour sa part, M. Thom’s, un autre abatteur de porc et de chèvre à Kapela, reconnait qu’il est des jours où ils réalisent de très faibles recettes. " C’est vrai que nous arrivons à abattre deux ou trois porcs les jours de samedi et dimanche. Mais il nous arrive aussi de rester avec d’importantes quantités de viandes invendues. Surtout au courant de la semaine où nous nous limitons pourtant à ne tuer qu’un seul verrat ou une seule truie ", fait-il savoir.
Comparé au commerce de la viande de chèvre, Thom’s avoue que celui de la viande de porc est de loin plus rentable. " Auparavant, je vendais la viande de chèvre. Mais j’ai finalement basculé vers celle de porc parce que celle-ci est plus grande et coute moins cher. Le bénéfice est certain », frédonne-t-il. Contrairement à une chèvre qui peut vous offrir dix kilos, par exemple, un porc vous en donne parfois le double. Et dire que nous sommes obligés d’obéir à la loi de l’Offre et de la demande », argumente Thom’s. A nos jours, nos clients préfèrent plus la viande de porc à celle de chèvre. Et nous devons tenir compte de ces nouvelles habitudes de consommation de notre clientèle qui trouve en cette viande, une saveur particulière. Question de bien l’assaisonner ", a-t-il conclu.
A tous égards, la place Kapela reste à ce jour, ce grand lieu de tous les rendez-vous et de toutes les rencontres de friands de la viande de porc.

Aline Biata, Anselme H. Mutombo, Dora Mbalu et Jehyne Fwamba, stagiaires de l’IFASIC. Sous la coordination de Laurel K.
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