Coup de théâtre hier à la Ligue nationale de football (Linafoot) ! L’instance organisatrice de Vodacom Ligue I a rapporté, mercredi 18 avril, sa décision prise quelques heures plus tôt de suspendre son
championnat jusqu’à nouvel ordre. Dans sa première correspondance, la Linafoot agissait par solidarité avec la Fédération congolaise de football, FECOFA, dont le président et vice-présidents ont été interpellés et placés en garde à vue au Parquet de Kinshasa-Matete mardi 17 avril par les services de Luzolo Bambi, Conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le terrorisme. Etait également pris dans la nasse, le Secrétaire général aux Sports, Barthélemy Okito Oleka. On apprenait le même mercredi que la Ligue de football de Kinshasa (Lifkin) et la Commission nationale du football féminin avaient, elles aussi, emboîté le pas à la Linafoot en suspendant également leurs activités. Des décisions jugées "incompréhensibles" voire "irrationnelles". Et ce, pour plusieurs raisons.

Un principe républicain énonce : "personne n’est au-dessus de la loi". Ce qui signifie que les cours et tribunaux sont fondés sur base de soupçons d’interpeller et même d’arrêter qui ils veulent dans les limites de la loi. Et puis arrestation ne veut pas dire condamnation. Ce, au nom du sacro-saint principe de présomption d’innocence.
Dans cette affaire, des sources font observer que le Secrétaire général aux Sports Barthélemy Okito et le président de la Fécofa Constant Omari sont des citoyens congolais comme tous les autres. A ce titre, ils ne sauraient jouir d’un privilège de juridiction. S’il y a des soupçons contre eux, la justice est en droit de les interpeller tout en sachant qu’ils sont présumés innocents. Ces sources plaident pour qu’on laisse la justice faire son travail. Elles ne comprennent pas que le sort d’un championnat, d’une structure voire du football congolais soit lié à quelques individus.
Que la Linafoot exprime sa sympathie pour l’une ou l’autre personnes mises en cause dans cette affaire, là n’est pas le problème. Mais qu’elle suspende son championnat, et donc perturbe son calendrier, c’est incompréhensible. Là où c’est davantage ahurissant, c’est lorsque les dirigeants de la Linafoot prennent cette décision tout en sachant que le pays a encore deux clubs en compétitions africaines, en l’occurence TP Mazembe et AS V.Club. Les athlètes de ces deux formations ont besoin de plus de temps de jeu pour être davantage compétitifs.
Le pays avait déjà fait une amère expérience lorsque Denis Kambayi, alors ministre des Sports, avait suspendu le championnat national de football (Division I) entre décembre 2016 et février 2017. Cela avait eu pour effet l’élimination du TP. Mazembe, de SM Sanga Balende et FC Renaissance des compétitions interclubs de la CAF. S’exprimant au lendemain de cette contre-performance des clubs congolais, le président de la Fécofa était passé à l’offensive. Et ne l’avait pas fait à moitié. Pour Constant Omari, cette décision "passionnelle" avait entrainé des conséquences "catastrophiques" sur la prestation des clubs congolais.
"Voici la conséquence des décisions passionnelles. Je l’ai dit à un des ministres quand cette décision avait été prise que les conséquences seraient catastrophiques. On n’arrête pas un championnat national brusquement et on demande aux clubs de reprendre et d’engranger les résultats", s’était-il plaint.
On rappelle que la Vodacom Ligue I n’est qu’à sa phase aller, alors que la saison sportive s’achève fin mai prochain, soit dans 41 jours, conformément au calendrier FIFA.
Ce n’est pas tout. Il y a aussi tous les engagements pris au niveau des sponsors pour la bonne organisation dudit championnat. Rien qu’à ce niveau, les préjudices auraient été énormes si la Linafoot n’avait pas rétropédalé. Ce faisant, le président Bosco Mwehu a évité le ridicule à sa structure.
Ne dit-on pas que les hommes passent, les institutions demeurent ? Comment alors peut-on lier le sort du sport congolais à celui deux ou trois individus. En un mot comme en mille, des observateurs jugent complètement "irrationnelle" la mesure prise par la Linafoot de suspendre son championnat. Quand Sepp Blatter et Michel Platini ont été visés par une enquête judiciaire, on n’a pas vu la FIFA ou l’UEFA arrêter leurs championnats. Bien au contraire.
Sans présager de la suite de cette procédure judiciaire, Constant Omari, Barthélemy Okito, Roger Bodembe... sont présumés innocents. Ils présenteront leurs moyens de défense et s’ils ont raison, seront relâchés et leur honneur sauf !
C’est aussi cela l’Etat de droit auquel les Congolais aspirent. Comme l’avait fait remarquer le célèbre pasteur protestant dans son sermon le 16 janvier dernier. "Nous devons léguer à nos enfants un pays où l’Etat est réel, un Etat responsable, où tout le monde est égal devant la loi. Quand vous devez enfreindre la loi de la République, on vous arrête, on vous juge, on vous condamne comme tout citoyen... La tendance des Congolais, c’est dire : "la loi est là, mais je suis au-dessus de la loi parce que je suis...", avait plaidé le pasteur François-David Ekofo. Avant ce religieux, le Premier ministre Bruno Tshibala avait dit que les prisons étaient ouvertes. On ne peut pas appeler à la fin de l’impunité et ne pas laisser la justice faire son travail.
Aux dernières nouvelles, difficilement vérifiables, parvenues tard la nuit à Forum des As, le président de la Linafoot, Bosco Mwehu Beya, serait recherché par les services pour obstruction à la justice. Ceci expliquerait-il son rétropédalage ? La question que tout le monde se pose est celle de savoir, jusqu’où ira Luzolo Bambi quand on sait que la plupart de ses initiatives, aussi louables soient elles, n’ont jamais abouti.
Didier KEBONGO
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