Acquitté par la CPI, l’ancien vice-président congolais est au centre de bien des intérêts.

« Avec la libération de Jean-Pierre Bemba, c‘est une nouvelle campagne électorale qui se prépare en République démocratique du Congo”, expliquait, le 8 juin dernier en début de soirée, quelques heures après l’annonce de l’acquittement, un de ses anciens collaborateurs du temps de la rébellion du Mouvement de libération du Congo (MLC). “Le chairman (surnom de Bemba) doit avoir soif de revanche. La politique, c’est toute sa vie, poursuivait-il. Il a perdu dix ans à la CPI, mais il n’a que 55 ans et il ne va pas passer le reste de ses jours à regarder la télévision ou à se promener tranquillement.”

“Bemba est une bête politique, ajoute un autre de ses anciens collaborateurs. Quand il dirigeait le MLC, il avait une idée par minute, il sollicitait sans cesse ses collaborateurs. Ceux qui l’ont vu durant sa détention confirment qu’il n’a pas perdu foi dans son avenir. Il va revenir sur le devant de la scène. Peut-être pas pour ce scrutin, mais il reviendra…”

Bemba est de retour

Une certitude que partagent aussi bien les ténors de l’opposition que ceux de la majorité. “Bemba est de retour et il va être approché par tous les clans politiques”, s’amuse un ancien dignitaire d’un mouvement rebelle qui ne tient pas l’ancien pensionnaire de la prison de La Haye en très haute estime. “Pourtant, je dois lui reconnaître un dynamisme incroyable. Son séjour derrière les barreaux, son opposition de fait à Joseph Kabila, le président le plus détesté du Congo, loin devant Mobutu, lui valent une position unique sur la scène politique congolaise. Les opposants doivent se rapprocher de lui car la majorité présidentielle, même si elle a manigancé pour le mettre derrière les barreaux, si elle a tout fait pour qu’il y demeure à jamais, n’hésitera pas à tenter de le rallier…”.

L’approche a commencé

Depuis sa sortie de prison et son arrivée sur le sol belge, Jean-Pierre Bemba a fait preuve d’une discrétion à toute épreuve. L’homme n’a pas le choix, il est tenu actuellement au silence par la CPI. Il doit encore attendre une dernière décision dans un jugement en appel pour un dossier de subornation de témoin pour lequel il a été condamné à un an de prison. Un dernier devoir judiciaire qui devrait être rendu le 4 juillet prochain. Ce jour-là, si la cour estime que ses dix ans de détention préventive couvrent son éventuelle condamnation dans ce dossier, il sera définitivement libre. “On voit mal comment il pourrait en être autrement dans la mesure où il a été acquitté pour les crimes de guerre et contre l’humanité qui lui valaient sa condamnation. Tout autre verdict qu’une relaxe immédiate serait incompréhensible”, juge un avocat proche du dossier.

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Du côté de la majorité présidentielle congolaise, on a bien intégré cette donne. Bemba est de retour. Une semaine après l’annonce de son acquittement, le ministre congolais des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, interrogé sur RFI, expliquait : “Bemba peut rentrer s’il le veut en RDC.” Et d’annoncer, dans la foulée, que “le sénateur Bemba recevrait prochainement son passeport”.

“Le pouvoir congolais n’a pas le choix, il ne peut s’opposer au retour de Bemba. Il ne peut même pas s’opposer à une éventuelle candidature à la présidentielle, explique un juriste congolais. Il n’a jamais été condamné au pays. Il est même toujours sénateur. Impossible donc de s’opposer à ce retour sauf à imaginer des scénarios surréalistes.”
Plutôt que le conflit, la “Kabilie” préfère donc tenter de jouer la carte de la séduction, du tapis rouge à l’égard de Bemba. “L’idée est évidente, Kabila a échoué dans sa tentative de séduire Félix Tshisekedi, ce qui lui aurait permis de diviser l’opposition et de lancer un nouveau gouvernement plus crédible que l’actuel et, dans la foulée, de repartir vers une nouvelle table ronde qui lui aurait permis de reporter une fois de plus les élections prévues pour le 23 décembre, explique un journaliste congolais. Ce qui a échoué avec Félix Tshisekedi peut peut-être fonctionner avec Bemba, se disent ceux qui sont au pouvoir.”

“Des contacts ont eu lieu, nous affirment plusieurs sources. Un ancien proche de Bemba, aujourd’hui dans l’équipe Kabila, est attendu à Bruxelles. »

Bemba peut-il accepter un marché avec Kabila ? “Jamais”, selon plusieurs personnes qui ont eu des contacts avec le premier cercle de l’homme calfeutré à Rhode-Saint-Genèse. “Il sait qui sont ceux qui l’ont trahi. Il n’a pas oublié les propos de certains, qui veulent reprendre contact avec lui aujourd’hui, et qui avaient juré, sur les antennes de la télévision congolaise, qu’il ne sortrait jamais de prison. Il sait aussi qu’il n’a rien à gagner dans un marché de dupes avec une actuelle majorité à bout de souffle. Attendez qu’il puisse s’exprimer et vous comprendrez. ”

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