* De Moïse Katumbi à Eva Bazaiba en passant par Félix-Antoine Tshilombo, Martin Fayulu et autres Adolphe Muzito, les premières réactions en rapport avec l’acquittement de Jean-Pierre Bemba vont dans le sens de considérer que c’en est fini des Kabilistes !
* A dire vrai, la peur change plutôt de camp. Pour la Mp, l’adversaire n’avait jusque-là pas de visage, l’Opposition étant à la recherche du candidat commun. Or, si Bemba sort de la prison pour le pouvoir (dixit Eve Bazaïba), les Opposants présidentiables sont réduits à revoir à la baisse leurs ambitions…
* Dans cette perspective, le grand et principal perdant est Fatshi !

Pour une élection à un tour, le problème est dans la répartition des fonctions essentielles dans les institutions de la République, entendez le Président de la République, l’Assemblée nationale, le Sénat et le Gouvernement. En d’autres termes, une fois ils se mettent d’accord pour le Président de la République, les protagonistes vont chercher à savoir qui sera président de l’Assemblée nationale, président du Sénat ou Premier ministre. A peine quatre postes principaux. A ce niveau-là déjà, le « partage équilibré et équitable » est problématique. Aussi, qu’on veuille bien l’admettre ou pas, le retour de Jean-Pierre Bemba sur la scène politique est de nature à compliquer davantage des calculs déjà complexes. Au plan « géopolitique », des auto-exclusions sont redoutées. DEMONSTRATION :

A l’Ouest (ex-Equateur, ex-Bandundu, Kinshasa et Kongo Central), il est évident que les présidentiables Adolphe Muzito et Martin Fayulu tremblent à la seule idée de voir Jean-Pierre Bemba candidat concurrent.
Autant le premier, sur Rfi, est d’avis « Qu’on le laisse venir remplir sa mission au pays, et créer un nouveau rapport de force parce qu’il est encore populaire, il a une base politique, qu’il joue le rôle qui est le sien au sein de la classe politique congolaise », autant le second ne s’est pas empressé de mêler sur les médias périphériques sa voix à la chorale des louanges entendue le vendredi 8 juin 2018.
Au Centre (Espace Kasaï), Félix-Antoine Tshilombo doit être dans le même état. Il est vrai qu’en réaction à l’annonce de l’acquittement de Chairman, il s’est appesanti sur la politique de deux poids, deux mesures pratiquée par la Cpi. « Donc, cette CPI, le fait d’être revenue sur ses charges qui ont fait payer dix ans de vie à un individu qui aujourd’hui vient d’être innocenté, ce n’est pas sérieux du tout ».
Il s’est toutefois abstenu de faire allusion au contexte politique actuel caractérisé par les enjeux électoraux. En vérité, il sait qu’il ne fait pas le poids devant Chairman. En son for intérieur, il a pleinement conscience de perdre le « fief » de Kinshasa qu’il a cru être le sien jusque-là. Atout qu’il envisageait certainement de mettre sur la table des négociations avec Moïse Katumbi pour la présidentielle.
A l’Est (ex-Katanga, ex-Kivu, ex-Province Orientale), Moïse Katumbi, « Chairman de l’Est », réalise à ses dépens qu’avec le retour du « Chairman de l’Ouest », le Pouvoir resté 32 ans de suite entre les mains des « Equatoriens » risque de leur revenir alors que le Katanga, son Katanga, ne l’aura gardé que 13 ans et demi dont 3 et demi sous Mzee Laurent-Désiré Kabila et 10 sous Joseph Kabila Président de la République élu ; les 2 premières années du Raïs étant dans un pays sous plusieurs administrations et les 3 autres sous le 1+4.
Hélas, à cause de ses ambitions démesurées (il a été retourné contre Joseph Kabila), Katumbi fait subir à l’ex-province cuprifère la sentence biblique en Marc 3 : 24 selon laquelle « Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut subsister ».
Certes, il a salué dans la date du 8 juin 2018 « un grand jour pour les Congolais ». Il s’est même permis de rappeler les trois visites rendues à Jean-Pierre Bemba sans en indiquer la période. De toutes les façons, ce n’était pas à l’époque où il était gouverneur du Katanga et fédéral Pprd. Mais, au moins, à la différence de Fatshi, il en a appelé à l’unité de l’opposition. « …nous serons unis pour que l’opposition puisse gagner [...] Avec cela, M. Kabila va voir que tout le monde est décidé », a-t-il déclaré.
Qu’à cela ne tienne ! Si Herman Cohen a finalement sorti de sa manche la carte Bemba, c’est parce que les lobbies américains pro-Katumbi doivent avoir été déçus de ses prestations.
Toujours à l’Est, Vital Kamerhe a conscience de ne pas avoir des chances pour la magistrature suprême. Tant que la « bagarre » se limitait au tandem Katumbi et Fatshi, il caressait l’espoir de battre l’un et l’autre en misant sur son intelligence. Effectivement, il est intelligent. A preuve, sa réaction à l’annonce de l’acquittement : « Jean-Pierre Bemba a eu 42% à l’élection présidentielle de 2006, c’est un gros poisson, un costaud. Le vrai jeu politique vient de commencer puisque que Bemba est incontestablement un grand leader de l’Ouest. Et notre pays fonctionne toujours malheureusement Est-Ouest. Maintenant l’opposition doit s’organiser pour avoir un candidat commun [...] Bemba, mon frère, il ne faut pas quitter la CPI avec un esprit de vengeance ou avec beaucoup de rancœur. Pardonnez à vos ennemis ».
En mettant l’accent sur la donne géopolitique Est-Ouest et le pardon, Kamerhe espère obtenir de Chairman candidat quelque chose. Précisément sa primature manquée sous la première mandature de Joseph Kabila entre 2006 et 2011, le Vieux lion Pende – Antoine Gizenga – la lui ayant arraché via le protocole d’accord Amp-Palu.
Il a conscience du fait que la sortie de Bemba vient laminer ses espoirs pour la présidentielle.

L’ACQUITTEMENT DERANGE L’OPPOSITION
Face à tous ces enjeux, Jean-Pierre Bemba peut surprendre l’opinion en ne se déclarant pas candidat. Après tout, ceux qui souhaitent le voir affronter la Mp non pas pour son compte mais pour le leur ne lui ont jamais manifesté des signes de solidarité sincères.
En dix ans d’emprisonnement, il n’a été visité par Moïse Katumbi et Adolphe Muzito qu’après séparation avec Kabila. Fatshi, bien que résidant en Belgique, ne l’a fait qu’en prévision de la présidentielle de 2011. Vital Kamerhe, au courant du deal proposé par Joseph Kabila à Jean-Pierre Bemba en 2006 lorsque celui-ci avait reçu en sa résidence de Gombe celui-là, n’a été à La Haye que dans la perspective de la même présidentielle.
Bref, l’acquittement de JPB dérange sérieusement la classe politique. Principalement l’Opposition. La spontanéité des réactions des Opposants présidentiables a tout d’un appel de pied qui laisse supposer que la peur n’est pas dans le camp de la Majorité. Au contraire.
Les présidentiables de l’Opposition sont, à coup sûr, en train de méditer sur les propos attribués à un ancien ambassadeur de France selon « La Libre Afrique », version africaine de « La Libre Belgique ». « Bemba, c’est une bombe pour Kabila mais ce n’est pas un cadeau pour la démocratie. Tous ceux qui l’ont côtoyé à Kinshasa quand il était vice-président ou dans le bush quand il commandait la rébellion du MLC, vous le diront. Bemba, c’est un type violent, ce n’est pas la solution qu’il faut aujourd’hui pour la RDC », aurait déclaré ce diplomate non autrement identifié.
Pour la petite information, « La Libre » roule pour…Moïse Katumbi !
Omer NSONGO DIE LEMA/Analyste
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