* A huit jours du début du dépôt de candidatures pour les législatives nationales et la présidentielle, l’Opposition se trouve devant un choix cornélien.

A cinq mois et six jours des élections prévues le 23 décembre en RD Congo, les ambitions se sont exprimées du côté de l’Opposition. Formellement, trois figures bien connues ont déclaré leurs candidatures au scrutin présidentiel. Il s’agit de Moïse Katumbi Chapwe, ancien gouverneur de l’ex-province du Katanga, Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, président national de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et de Jean-Pierre Bemba Gombo, président national du Mouvement de libération du Congo (MLC).

Le parti situé sur l’avenue du Port à Gombe a investi son « chairman » candidat à la présidentielle prévue en décembre prochain. C’est du moins l’une, sinon la principale décision prise à l’issue du congrès du MLC, tenu du 12 au 13 juillet courant au Centre catholique Nganda à Kinshasa.
En attendant les autres opposants qui pourraient, eux aussi, exprimer leurs ambitions (légitimes) de postuler à ce même scrutin, l’opinion nationale et internationale retiennent qu’au stade actuel du processus électoral, Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba et Tshisekedi junior sont les trois candidats affichés pour affronter le candidat (unique ?) du camp du pouvoir.

MAIS QUI ?
Les jours passent vite. Et même très vite. Et, chaque jour qui passe, approche les Congolais d’une étape importante du processus électoral. Après " clôture "officielle, le dimanche 8 juillet du dépôt de candidatures pour les législatives provinciales, la Commission électorale nationale indépendante (CENI), s’apprête à ouvrir ses Bureaux de réception et de traitement des candidatures pour les législatives nationales et la présidentielle. Le chronogramme de la Centrale électorale élaboré à cet effet, prévoit cette activité du 25 juillet au 8 août.
Dans les rues de Kinshasa, cette échéance est très attendue parce que devant donner suite à la principale et lancinante question des Congolais sur le candidat de la Majorité présidentielle (MP), successeur de Joseph Kabila. En même temps aussi, certains analystes considèrent cette même opération de dépôt de candidatures pour la députation nationale et la présidentielle comme un véritable bal de chauves qui devra se jouer dans le camp de l’Opposition.
Par rapport aux trois candidats potentiels connus de l’Opposition qui de Moise Katumbi, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et Jean-Pierre Bemba, s’effacera au profit de l’autre ? En d’autres termes, dans la perspective de la candidature commune de l’Opposition à l’élection présidentielle de décembre prochain, laquelle des trois figures citées ci-dessus, affrontera le candidat unique du Front commun pour le Congo (FCC), la nouvelle plateforme politique et électorale initiée récemment par le Président Joseph Kabila.

MKC OU LE RETOUR SUR INVESTISSEMENT
D’emblée, il serait hasardeux de pronostiquer, encore au stade actuel, en faveur de l’un et au détriment de deux autres, tant chacun des trois candidats de l’Opposition, surfe sur son actif. Commençons par l’ancien Gouv du Katanga. Moïse Katumbi Chapwe. Homme d’affaires, il aura assez sorti ses centaines de milliers de dollars américains pour financer quantité d’activités de l’Opposition. Dans certains hauts lieux de la politique en RD Congo, on n’hésite pas en tout cas, à le présenter comme le principal financier du conclave de l’Opposition, tenu en juin 2016 à Genval, dans la banlieue bruxelloise. Pas seulement. En interne, Moïse Katumbi a également plusieurs fois mis la main à la poche pour un appui logistique et financier aux manifs de l’Opposition.

FATSHI, FILS DE SON PERE

Tout compte fait, l’opinion retiendra qu’en interne comme en dehors des frontières nationales, particulièrement dans les capitales du Nord, Moïse Katumbi a tant dépensé en termes d’argent pour son rayonnement. En homme d’affaires averti, il considère toutes ces différentes sorties de fonds comme un investissement sur lequel tirer des dividendes subséquentes. D’où la question, cet homme qui a assez ouvert les vannes de ses finances serait-il prêt à se désister au profit de Jean-Pierre Bemba ou de Fatshi ?

A l’UDPS, le projet d’une candidature commune de l’Opposition à la présidentielle de décembre prochain, obéit à une logique qui n’admet pas de contraire. Les Tshisekedistes n’ont de cesse de déclarer que ce sont les autres partis qui doivent les rejoindre pour faire bloc autour de la candidature de Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi. En tout cas, à la très symbolique 10ème rue Limete, aucune autre candidature de l’opposition, qui ne serait celle de Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, n’est attendue à la présidentielle tant attendue du décembre prochain.
Fatshi, on le sait, a hérité d’un patrimoine inestimable de son défunt père et historique opposant feu Etienne Tshisekedi. Ce capital se traduit par une base constituée d’inconditionnels militants et sympathisants du parti aussi bien à Kinshasa, que dans la province du Kasaï, considérée comme le fief naturel de l’Opposition.
Face aux enjeux à venir, Tshisekedi junior va-t-il donner l’impression de dilapider cette "richesse" acquise de son père, sur l’autel d’une candidature commune ? Vaste et même très vaste question, quand on sait que la base Udps n’a pas, aux yeux de plus d’un analyste, la réputation d’être modérée.

JPB OU LE « MIRACULE » DE LA CPI
Voici, enfin, Jean-Pierre Bemba. Principal challenger de Joseph Kabila lors des présidentielles de 2006, le président du MLC en liberté provisoire, a été investi candidat de son parti au scrutin présidentiel à venir. Après dix ans d’emprisonnement du chairman à La Haye, son parti surfe sur l’enthousiasme, l’effervescence qui a caractérisé l’acquittement de ce dernier. C’est donc un Jean-Pierre Bemba qui, après une décennie vécue en prison, sort auréolé et voudrait bien transformer cette sympathie en victoire électorale. Par conséquent, le président national du MLC aurait sans doute du mal à digérer l’option d’une candidature commune sans lui.

UN DILEMME A HUIT JOURS
Fort de ce qui précède, les jours à venir pourront être révélateurs. A huit jours du début du dépôt de candidatures, tout indique qu’il n’y a pas que la Majorité présidentielle qui a une équation délicate à résoudre. Mais aussi l’Opposition qui se trouve en face d’un choix cornélien.
D’autant que l’expérience renseigne à suffisance que dans une élection à un seul tour, la meilleure façon de perdre pour les opposants consiste à aller en ordre dispersé. Pourvu que cette même Opposition tire la triste ou heureuse leçon - c’est selon -des deux premières élections de 2006 et 2011. Laurel KANKOLE
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