Contrairement à la version soutenue par la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) et la Majorité Présidentielle depuis l’invalidation de Jean-Pierre Bemba de l’élection présidentielle, selon laquelle l’intéressé était frappé par une décision de
condamnation irrévocable, pour subornation de témoins, la Cour Pénale Internationale vient de recadrer les choses. Selon un communiqué de cette juridiction internationale parvenue aux médias hier mercredi 29 août 2018, la dernière décision, dans le dossier de subornation de témoins, sera rendue publique le 17 septembre 2018.

En termes clairs, la CPI vient de bloquer à la fois la CENI, qui est
allée trop vite en besogne en disqualifiant Jean-Bemba de la course à
la présidentielle de décembre 2018, et la Cour Constitutionnelle,
contrainte de surseoir à l’examen du recours du président du MLC
(Mouvement de Libération du Congo) jusqu’à la décision définitive soit
de confirmation de sa condamnation au second degré, soit de son
acquittement.

La CENI discréditée…

Quel que puisse être le verdict de la Cour Pénale Internationale dans
l’affaire de subornation de témoins, le crédit de la CENI est
largement entamé. En effet, pour avoir continué à soutenir, sans
soubassement juridique solide, la thèse du caractère irrévocable du
jugement prononcé contre Jean-Pierre Bemba en mars 2018, soit douze
mois de prison et 300.000 Euros d’amende, cette institution d’appui à
la démocratie a largement versé dans le parti-pris. En l’état actuel
des choses, on peut affirmer que le dossier du « Chairman » est réputé
vide, tant au niveau de la CENI que de celui de la Cour
Constitutionnelle.
Et il est matériellement tard, pour ceux qui avaient planifié
l’élimination avant terme de ce prétendant au fauteuil présidentiel,
de lui jouer un énième mauvais tour. Il n’est plus possible
d’invoquer, à ce stade, un cas d’identité douteuse, de double
nationalité, de doublon, de non paiement de caution, etc.
Les « experts » de la CENI auraient pu éviter le ridicule s’ils
avaient pris la précaution de lire correctement les éléments du
dossier consignés au bureau du Procureur de la CPI et de se faire
expliquer, sur les plans du fond et de la forme, l’esprit et la lettre
de la condamnation de Bemba en première instance.
Au vu de la mise au point faite hier par la CPI, non seulement les
cadres et militants du MLC mais aussi l’électorat congolais sont en
droit de douter, plus que jamais, de l’indépendance et de
l’objectivité de la CENI, qui vient de confirmer, si besoin en était
encore, qu’elle agit sous la dictée du pouvoir en place. A partir du
cas Bemba, les autres candidats à la présidentielle invalidés sur la
base de griefs non convaincants, notamment Adolphe Muzito, Antoine
Gizenga, Samy Badibanga, Marie-Josée Ifoku et Moka peuvent s’estimer
avoir été sacrifiés pour laisser un « boulevard » au candidat de la
Majorité Présidentielle, pas du tout inquiété alors qu’il a postulé
sous le label d’indépendant.
La leçon à tirer du feuilleton judiciaire de Jean-Pierre Bemba et
d’autres leaders de l’Opposition est que la CENI semble avoir reçu la
consigne du pouvoir en place, de ne pas organiser des élections
inclusives, crédibles, démocratiques et transparentes. Ce qu’il faut
craindre est que le climat préélectoral pourrisse davantage, d’autant
que la bataille contre la machine à voter et un fichier électoral
pollué ne fait que commencer.
Kimp
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