L’actualité politique en RD Congo reste essentiellement dominée par la publication, depuis le vendredi 24 août par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), des listes provisoires des candidatures validées et invalidées -selon le cas -à la présidentielle et aux législatives nationales du 23 décembre prochain.

Après traitement des dossiers au cas par cas, 15.222 candidats à la députation nationale ont été retenus pour les 500 sièges à pourvoir. Sous réserve, bien sûr, de la sanction définitive de la Cour constitutionnelle. Un peu près d’un mois auparavant, soit le 27 juillet dernier, la Centrale électorale avait proclamé les listes de tous les postulants aux élections provinciales. Pour l’ensemble du pays, un total de 19.613 candidatures avait été traité et retenu pour les 700 sièges à pourvoir. La ville de Kinshasa, à elle seule, aligne environ 2000 prétendants aux 44 postes à l’Assemblée provinciale ! Des chiffres à la fois affolants, révélateurs et qui renseignent sur tout le reste.
Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, le Palais du peuple, siège du Parlement, est perçu comme ce paradis qui, en temps record, change le train de vie des acteurs politiques. Mieux des Congolais tout court. Emoluments plantureux au mépris des milliers de fonctionnaires et agents de l’Etat, jeep pimpant neuf à crédit, frais en guise de titre de voyage, jetons de présences au terme de travaux en commission…sont autant de dividendes pour M. l’ " honorable ". Des avantages bien connus de ceux qui les côtoient. Tous ces privilèges, du reste non exhaustifs, expliquent la course effrénée des Congolais pour l’Hémicycle et les organes délibérants des provinces.

ET SI L’ON RAMENAIT LES EMOLUMENTS AU SALAIRE D’UN PROF D’UNIVERSITEN ?
Dès lors qu’un Prof d’université sait qu’un député national perçoit des émoluments 4 fois plus que son salaire mensuel, la tentation devient 100 fois plus forte. De même qu’un autre ancien fonctionnaire de l’Etat, dont la rémunération oscillait entre 60 et 100 dollars USD, mais qui a réussi à se faire élire à la députation nationale, suscite la convoitise de tout le quartier. Moralité, c’est tout le monde qui ne jure que par un siège à l’Assemblée nationale. Et, dans un pays où l’on compte plus des milliers de votants que d’électeurs, normal que nombre d’aventureux sans profil, parviennent à réaliser leur rêve. Peu leur en chaut, ce que pourraient éventuellement dire leurs environnements immédiats.
La conséquence de toute cette frénésie est qu’in fine, l’Assemblée nationale compte plusieurs députés dont la seule participation se limite à leur présence physique lors des travaux en plénière. Pas plus. Des " élus " incapables de contribuer positivement aux débats. Des députés qui s’ennuient dans un débat de haute portée intellectuelle. Et dire qu’au Palais du peuple, cette race de députés nationaux est majoritaire. Ce n’est pas leur faute !En même temps, on ne devrait pas leur en vouloir, d’autant plus qu’ils méritent, ou plus exactement, reflètent leurs circonscriptions.
Même constat dans les assemblées provinciales. Dieu seul sait ce qui s’y fait effectivement. Mais toujours est-il que dans l’ensemble, les députés provinciaux sont placés sous les bottes des gouverneurs de province. A Kinshasa, par exemple, plus d’un Kinois va jusqu’à ignorer qu’il existe une Assemblée provinciale. Sinon, comment comprendre par exemple le silence de l’organe délibérant face à la situation de l’insalubrité sans précédent dans laquelle ploie la capitale.
Que faut-il faire pour transformer les législatives nationales et provinciales, en hauts lieux de discussions et de prise d’importantes décisions, en termes de vote de lois et de contrôle parlementaire ? Autrement dit, quelle formule utiliser pour décourager tous ces milliers de Congolais qui ne se battent que pour le pouvoir pour le pouvoir ? Rien de superflu ni de redondant.
Pour certains analystes, l’antidote doit être envisagé, à la fois en amont et en aval. En amont, le palliatif consisterait en une révision (sensibles ?) des critères pour être candidat. Un critérium qu’ils souhaiteraient beaucoup plus rigoureux qui pousserait les ambitieux sans prérequis, à s’auto exclure, au profit des plus méritants. Notamment en ce qui concerne le niveau d’études (la filière), la moralité, la hauteur de la caution. Sans trop louer les vertus de la démocratie censitaire, les mêmes analystes estiment cependant, que cela vaudrait bien la peine pour barrer la route aux parvenus de tous bords.
Evidemment, dans des pays de vieille démocratie, où existent des partis politiques au sens plein du terme, tous ces problèmes sont déjà résolus. Ne représente pas le parti à quelque niveau d’élection, qui veut. D’où, le sens des primaires. En aval, on pense que la solution serait aussi de réduire sensiblement le train de vie des institutions. En l’occurrence, le Parlement.
" Si, par exemple, on ramenait les émoluments des députés nationaux au salaire d’un prof d’Université ou d’un médecin d’établissement public, la plupart des Congolais perdraient automatiquement la motivation de débourser beaucoup d’argent en termes de caution non remboursable, pour des émoluments variant entre 1500 et 2000 $US ", déclare sous le sceau d’anonymat, une grande figure de la scène politique congolaise, contactée Forum des As, quelques heures après la publication des listes des candidats Présidents de la République et députés nationaux.
Laurel KANKOLE
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