L’adresse du chef de l’Etat du haut de la tribune des Nations Unies n’a pas laissé indifférents les acteurs politiques qui ont réagi de diverses manières. Certains sont d’accord avec le président Kabila, d’autres, plus critiques, et pour la plupart des opposants, désapprouvent le discours du Raïs.

Pour rappel, le président de la République, Joseph Kabila, a défendu mardi 25 septembre à l’Assemblée générale des Nations unies, sa vision du monde. Il a également passé en revue la situation dans son pays. A New York, le Raïs a réclamé "le début effectif" du retrait de la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo), forte de 17.000 hommes. Justification : "Vingt ans après le déploiement des forces onusiennes dans mon pays et en raison de leurs résultats largement mitigés au plan opérationnel, mon gouvernement réitère son exigence du début effectif et substantiel du retrait de cette force multilatérale". Nombre de Congolais - notamment à l’Est, où ces forces de paix sont principalement déployées - se plaignent, en fait, du peu de réactivité des Casques bleus face à certains massacres de civils...
"En dépit des défis encore énormes", le garant de la nation a réaffirmé le "caractère irréversible de la tenue des élections" présidentielle et législatives à la fin de l’année. Le président a également assuré que "tout sera mis en œuvre pour garantir le caractère apaisé et crédible du scrutin".
Il a une nouvelle fois affirmé que la RDC s’opposera "à toute ingérence dans le processus électoral en cours..."
Forum des As publie les réactions au discours du président Kabila de Moïse Katumbi, leader de "Ensemble", Peter Kazadi de l’UDPS/Fatshi, Ndjoli du MLC, Baudouin Mayo de l’UNC, et Monsenepwo de la CCU de Lambert Mende. Didier KEBONGO

"Le discours de Kabila à l’ONU traduit sa fatigue car il n’avait rien à dire", Jean Baudouin Mayo
Le secrétaire général de l’Union pour la nation congolaise (UNC), Jean Baudouin Mayo Mambeke, a affirmé hier mercredi 26 septembre à Actualité.cd, que le discours de Joseph Kabila à la 73ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, ne traduit aucune vérité à propos du processus électoral en cours au pays.
Le président de la République a dit que tout sera mis en œuvre pour garantir le caractère apaisé et crédible des élections en décembre. Mayo accuse Kabila d’avoir "pris en otage" la CENI mais insiste qu’aucun report des élections ne sera accepté.
"Il n’avait rien à dire, ce discours traduit sa fatigue. Il parle du processus électoral qu’il a pris en otage. La CENI n’est pas indépendante à cause de lui. Son discours ne traduit aucune vérité. Nous prenons et lui et la CENI au mot, les élections doivent avoir lieu le 23 décembre 2018. Il n’est pas question de report et lui ne peut pas être président au-delà de cette date-là. Kabila sait où il veut aller, il reste au peuple de l’en empêcher".
Par ailleurs, le secrétaire général de l’UNC s’oppose également au retrait de la force de la MONUSCO, comme évoqué par le chef de l’Etat dans son discours à l’ONU.
"Si la MONUSCO reste encore au pays c’est parce que la communauté internationale voit que le Congo est encore dans l’insécurité. Sa thèse de la souveraineté est mal comprise. Son gouvernement est incapable d’enrayer les zones d’insécurité. J’ai comme l’impression qu’à partir de ce moment, l’insécurité va être grandissante pour empêcher la tenue des élections. C’est chaque jour que nous pleurons des morts dans l’Est du pays et le centre reste une zone chaude", a-t-il indiqué.

Moïse Katumbi : " Il y a absence d’avancée du processus électoral et la triche se prépare "
Pour Moïse Katumbi qui a fait également le déplacement de New York, a indiqué à la même source : " Kabila travestit la vérité mais le peuple, l’opposition, la société civile et les partenaires connaissent le niveau d’insécurité en RDC, l’absence d’avancées du processus électoral, la triche qui se prépare. Nul ne doit le laisser faire, l’avenir du pays en dépend ".
" Je réaffirme le caractère irréversible de la tenue des élections prévues à la fin de cette année. La situation de mon pays gagne en lisibilité. Toutes les activités prévues dans le calendrier électoral en vue de prochains scrutins étant à ce jour tenues. Tout sera mis en œuvre afin de garantir le caractère apaisé et crédible desdits scrutins, gage de la consolidation de la stabilité politique et économique dont la RDC a tant besoin pour son émergence ", avait-t-il dit.

Peter Kazadi : "Kabila a tort de dire que le processus électoral fait bon train"
Peter Kazadi, cadre de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), estime à Actualité.cd que le président Kabila a tort d’affirmer la bonne marche du processus électoral. Pour Peter Kazadi, le débat autour de la machine à voter et du fichier électoral remet en cause le bon déroulement du processus électoral en cours.
"Le pouvoir, étant en intelligence avec la CENI, impose les choses qui ne font pas l’unanimité notamment la machine à voter et le fichier électoral qui est totalement corrompu. Tout cela n’est pas de nature à favoriser un bon processus électoral. Il y a lieu que l’on puisse craindre les violences post-électorales puisque tous les décors de la tricherie sont plantés "

Le sénateur Jacques Ndjoli : " L’ingérence que Kabila dénonce est la conséquence de sa mauvaise gouvernance "
Le sénateur Jacques Ndjoli qualifie sur le même média en ligne du "déjà entendu" le discours du président Joseph Kabila, mardi dernier, à la 73ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Il a fait savoir à ce propos que l’ingérence étrangère dans le processus électoral et le départ de la Monusco que Kabila a évoqués lors de son allocution, reflètent la mauvaise gouvernance durant ses deux mandats à la tête du pays.

Pour Thierry Monsenepwo, président de la Jeunesse de la Convention des Congolais Unis, CCU, de Lambert Mende à 7sur7.cd, Joseph Kabila a raison de demander le départ de la Monusco, car son bilan est mitigé.
" Le chef de l’État a exprimé le vœu du peuple congolais. Aujourd’hui avec les efforts qui ont été consentis sur le plan économique, social…la RDC est à même de participer aux concerts des Nations. Il n’y a pas du déjà entendu, ce que le chef de l’État a dit c’est la vérité actuelle, premièrement en ce qui concerne la sécurité, il a dit que les ADF continuent à tuer à Beni mais aussi à déstabiliser les pays frontaliers".
Selon lui, il aussi établi que la mission onusienne ne remplit pas à 100% la mission lui dévolue par rapport à la sécurisation de la population.
" Le chef de l’État a martelé le besoin qu’ils puissent s’en aller, pour que nous puissions nous organiser nous-mêmes, parce que ceux qui meurent au front ces sont nos militaires ", a-t-il déclaré.
En outre Monsenepwo souligne que s’agissant du processus électoral est sérieusement avancé et il est irréversible comme l’a dit Joseph Kabila.
"Mais aujourd’hui notre pays est en train de vivre une guerre contre les impérialistes qui souhaitent malheureusement de continuer à avoir une main mise sur nos richesses sans pourtant associer les congolais, c’est de cette ingérence dont le chef de l’État a parlé, et aussi que le président Trump avait eu à décrier du haut de la tribune des Nations-Unies. Donc ce n’est pas du déjà entendu, c’est la réalité actuelle ", a-t-il précisé.
Pour terminer, Monsenepwo Mutoto est totalement inscrit en faux contre les allégations selon lesquelles les ADF opéreraient avec la bénédiction de Kinshasa.
" Si c’était le cas nous ne serions pas aujourd’hui en train d’appuyer l’opération sukola 2 qui est en train de traquer les ADF. Il faut savoir qu’aujourd’hui la population éplorée de Beni n’attend pas le discours du chef de l’État, ils attendent les actions, et ces actions sont-elles posées ou pas ? elles sont posées, il y’a renforcement des services dans cette ville et ses alentours…nous combattons une guerre asymétrique ", a-t-il martelé.
Emma MUNTU
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