* L’ex-Premier ministre suggère le contrôle de l’utilisation effective des bulletins de vote, la mise en place d’un cadre concerté de réception des résultats provenant des bureaux de vote et des Centres locaux de compilation des résultats…

Arithmétiquement, cinquante-un jours séparent les Congolais de la tenue effective des élections prévues le 23 décembre prochain. Entretemps, la question de l’utilisation de la machine à voter et celle de 10 millions d’électeurs enrôlés sans empreinte digitale, demeurent au cœur d’une controverse de plus en plus persistante. Si la Centrale électorale, appuyée par l’Udps et la coalition au pouvoir, s’en tient à l’usage de cet outil informatique, une majeure partie de l’opposition, tel un vieux coq debout sur ses ergots, y oppose un souverain refus.

Faut-il aller au scrutin dans des conditions qui plantent déjà le décor de la contestation des résultats du scrutin ? Toute la problématique se trouve là. Si une chose est d’organiser les élections, une autre et la plus importante, est de faire en sorte que le verdict des urnes soit accepté par tous. Mais comment y arriver ? C’est donc ça, le plus grand défi à relever. Dès lors qu’au sein de l’opposition, certains acteurs boudent déjà les résultats du vote, avant même que celui-ci ne soit réellement organisé, il y a problème.
Devant la délicatesse du problème, l’ex-Premier ministre Samy Badibanga Ntita, l’un des 21 candidats président de la République, estime qu’il faille mettre un terme aux jérémiades, et faire des propositions concrètes. Certes, ici comme ailleurs, l’organisation des élections constitue un moment crucial de la vie politique de toute nation, tant il n’existe pas de scrutin parfait. Toutefois, le candidat de la plateforme " Les Progressistes " au scrutin présidentiel de décembre, estime qu’il y a lieu de minorer en amont, des impairs qui seraient de nature à contester les résultats.
Le vote étant un choix crucial pour l’avenir de toute une nation et de son peuple, Samy Badibanga insiste sur le caractère transparent, gage d’un climat de confiance mutuelle entre la population, les acteurs politiques et les institutions chargées du processus électoral. Selon lui, c’est cette transparence qui, in fine, concourt à la crédibilité des résultats. Que faire ?

LE TRIPTYQUE SAMY
Dans sa tribune signée mardi 16 octobre, relayée par Forum des As dans son édition de mercredi 17, Samy Badibanga avait promis de donner sa position sur les deux questions constituant la pierre d’achoppement du processus électoral en cours. A savoir la machine à voter et les enrôlés sans empreinte digitale. Selon lui, la machine à voter et le fichier électoralsont deux questions à la fois techniques et politiques. Techniques, dans la mesure où elles participent à l’instauration d’un climat de transparence du scrutin à venir. Elles sont politiques, parce que devant se conjuguer dans un impératif de temps.
Cependant, il constate que troispoints sont d’une opacité qui, si on s’y prenait mal, mette en danger la crédibilité des résultats. Le premier, est selon lui, l’usage de la machine à voter par la CENI sans consensus.
Le second est le système informatique centralisé. Puis, finalement, La fameuse actualisation du fichier électoral. Selon Samy Badibanga, la conjugaison de ces trois éléments, constitue une véritable menace à la fiabilité, l’intégrité et à la sécurité aussi bien du vote que de ses résultats.
Prenant l’exacte mesure de la situation, le prédécesseur de Bruno Tshibala propose d’intégrer la technologie Blockchain au système de vote et de transmission des votes. Il l’explique. " La Blockchain est une technologie " décentralisée " : aucun serveur n’est seul responsable du traitement de l’information, multipliant la complexité des attaques informatiques. C’est tout un réseau de serveurs et d’organisations qui permettent l’enregistrement instantané des votes, sous forme cryptée, sur tous les serveurs du réseau de manière définitive, transparente, vérifiable et immuable ".
Au demeurant, samy Badibanga souligne que le succès de cette technologie repose sur un triptyque. Le premier concerne le contrôle de l’utilisation effective des bulletins de vote, pour éviter toute suspicion de "bourrage des urnes"." Il faut par conséquent ajuster ou rapprocher le nombre de bulletins de vote du nombre d’électeurs réels de chaque bureau de vote ", argumente-t-il.
La deuxième recette concrète est la mise en place d’un cadre concerté de réception des résultats provenant des bureaux de vote et des Centres locaux de compilation des résultats.En plus des témoins actuellement prévus au niveau des bureaux et des centres locaux de compilation des résultats, Samy Badibanga pense qu’il soit indispensable, de mettre en place une commission ad hoc chargée du suivi permanent des résultats transmis au serveur central de la CENI par les différents bureaux de vote et Centres locaux de compilation (CLC) des Résultats. Ce, dans le souci d’éviter tout soupçon de manipulation et modification des résultats. " Dans un esprit de confiance et de transparence, cette commission ad hoc, présidée par la CENI et basée à son siège, devra être composée prioritairement de vingt-un candidats présidents de la République ou leurs délégués ", insiste Samy. .
La troisième piste concerne l’observation régionale ou internationale.Rien à voir avec une quelconque certification des résultats ou ni immixtion dans le processus électoral. Bien au contraire. Il s’agit, pour Samy Badibanga, d’assurer la transparence et la crédibilité des résultats. D’où, l’importance d’avoir un groupe d’experts internationaux ou régionaux neutres qui pourrait peut être placé au Centre national de traitement (CNT) à la Direction informatique de la CENI. A en croire Samy Badibanga, ce groupe d’experts aurait pour mission de rassurer les parties prenantes au processus électoral sur l’authenticité des résultats transmis par les bureaux de vote et les Centres locaux de compilation des résultats pendant et après le vote. Ci -dessous, le texte intégral de la libre pensée de Samy Badibanga. Grevisse KABREL

LES TROIS MESURES POUR DES ELECTIONS INCONTESTABLES

A 50 jours du jour J, il est utile de rappeler la finalité des élections. Il s’agit de permettre au peuple congolais de choisir un projet de société pour son avenir et des dirigeants pour le mettre en œuvre. Les élections permettent de faire ce choix en une journée. Il est fondamental d’assurer la paix, la sécurité et le développement de la Nation en conférant la légitimité aux autorités publiques qui seront choisies par le peuple, seul détenteur de la souveraineté nationale, pour mettre en œuvre le projet de société qu’il aura choisi. C’est pourquoi j’ai proposé d’intégrer la technologie Blockchain au système de vote et de transmission des votes. Pour rappel, la Blockchain est une technologie " décentralisée " : aucun serveur n’est seul responsable du traitement de l’information, multipliant la complexité des attaques informatiques.
Ce choix crucial pour notre avenir doit être fait en toute transparence, dans un climat de confiance entre la population, les acteurs politiques et les institutions chargées du processus électoral. Or, à ce jour, trois points manquent particulièrement de transparence et mettent en danger la crédibilité des résultats. Il y a, d’une part, l’usage de la machine à voter par la CENI sans consensus ainsi que son système informatique centralisé. D’autre part, il y ale fichier électoral et ses 10 millions d’électeurs enrôlés sans empreinte qui inquiète. Et dans l’ensemble, c’est la fiabilité, l’intégrité et la sécurité du vote et des résultats qui sont mises en question.
A 20 jours du début de la campagne électorale, cette situation interpelle tout acteur politique averti et appelle à des mesures concrètes poursécuriserles résultats électoraux sortisdes urnes.C’est pourquoi j’ai proposé d’intégrer la technologie Blockchain au système de vote et de transmission des votes. Pour rappel, la Blockchain est une technologie " décentralisée " : aucun serveur n’est seul responsable du traitement de l’information, multipliant la complexité des attaques informatiques. C’est tout un réseau de serveurs et d’organisations qui permettent l’enregistrement instantané des votes, sous forme cryptée, sur tous les serveurs du réseau de manière définitive, transparente, vérifiable et immuable. La solution est aussi dite " distribuée ", c’est-à-dire que le nombre de serveurs est multiplié pour rendre quasiment impossible le piratage et la manipulation des votes et résultats de l’élection.Un autre atout important de la Blockchain est de permettre l’authentification des électeurs dans les bureaux de vote.
En complément de la transparence et de la sécurité de la technologie Blockchain, l’amélioration du contrôle physique s’avère nécessaire à travers trois mesures concrètes, pour crédibiliser les résultats et éviter les soupçons de manipulation et de fraude. En effet, l’article 71 de la Loi électorale prévoit que la CENI rend publics les résultats provisoires du vote sur la base des résultats consolidés de tous les centres de compilation envoyés par les secrétariats exécutifs provinciaux. Ces trois mesures concrètes visent à garantir la sécurité et la transparence du fonctionnement de cette architecture.
La première mesure vise le contrôle de l’utilisation effective des bulletins de vote, pour éviter toute suspicion de "bourrage des urnes". La CENI a en effet prévu un nombre élevé de bulletins des votes dans chaque bureau de vote, sans considération de leur nombre réel d’électeurs. Ainsi, 660 bulletins de vote sont prévus dans chaque bureau de vote même s’il n’attend que 100 électeurs. A titre illustratif, l’Institut Saint Thomas dans le MWEKA, compte deux bureaux de vote. Bien qu’au total, ces deux bureaux de vote ne comptent que 650 électeurs, ils auront droit à 1.320 bulletins en raison de 660 par bureaux. On totalise ainsi 670 bulletins de vote en trop à l’institut Saint Thomas, qui posent problème quant à leur éventuelle utilisation. Il faut par conséquent ajuster ou rapprocher le nombre de bulletins de vote du nombre d’électeurs réels de chaque bureau de vote.
La deuxième mesure concrète est la mise en place d’un cadre concerté de réception des résultats provenant des bureaux de vote et des Centres locaux de compilation des résultats. En plus des témoins actuellement prévus au niveau des bureaux et des centres locaux de compilation des résultats, il nous faut une commission ad hoc chargée du suivi permanent des résultats transmis au serveur central de la CENI par les différents bureaux de vote et Centres Locaux de Compilation des Résultats pour éviter tout soupçon de manipulation et modifications des résultats. Dans un esprit de confiance et de transparence, cette commission ad hoc, présidée par la CENI et basée à son siège, devra être composée prioritairement des vingt-un candidats présidents de la République ou leurs délégués.

Enfin, la troisième mesure concerne l’observation régionale ou internationale. Il ne s’agit pas d’une certification des résultats ou d’une immixtion dans le processus électoral, mais d’assurer la transparence et la crédibilité des résultats. Entre autres, un groupe d’experts internationaux ou régionaux neutres peut être placé au Centre National de Traitement à la Direction informatique de la CENI pour rassurer les parties prenantes au processus électoral sur l’authenticité des résultats transmis par les bureaux de vote et les Centres locaux de compilation des résultats pendant et après le vote.
Avec ces trois mesures, ajoutées à la Blockchain, tout aura été mis en œuvre pour instaurer la transparence des élections et la crédibilité des résultats. C’est alors dans un climat de confiance que pourront se dérouler les élections, la campagne électorale, le débat public et le vote lui-même. Ce sont la cohésion nationale, les institutions, la démocratie, et notre souveraineté nationale qui sortiront vainqueurs des élections, quel que soit le résultat, que nul ne pourra contester dans ces conditions.
Fait à Kinshasa, le 1er novembre 2018

Samy BADIBANGA NTITA
Président du Regroupement Les Progressistes
Premier Ministre honoraire
Député national
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