*Les deux confessions religieuses demandent à la CENI de faciliter l’accès des observateurs et des témoins aux centres locaux de compilation des résultats (CLCR).*Elles invitent particulièrement les candidats à participer aux cultes œcuméniques le samedi 29 décembre.
La Conférence Episcopale nationale du Congo (CENCO) et l’Eglise du Christ au Congo (ECC) regardent à nouveau dans la même direction. Depuis l’avènement du pasteur André Bokundoa-Bo-Likabe, en août 2017, en remplacement de Mgr Marini Bodo dont la présidence a duré 19 ans, il y a une nouvelle dynamique qui s’est traduite par le rapprochement entre ces deux principales confessions religieuses du pays.
Dans un communiqué conjoint signé le mardi 24 décembre par Mgr Utembi et le Pasteur André Bokundoa, la Cenco et l’ECC appellent à des élections transparentes, crédibles et apaisées le 30 décembre. Pour ces deux organisations religieuses, la transparence et la crédibilité desdits scrutins passent notamment par l’accès des observateurs et des témoins aux centres locaux de compilation des résultats (CLCR).
"Le processus électoral se déroule sur fond d’une crise de confiance qui risque d’entraîner des conséquences dangereuses pour la paix post-électorale. C’est pourquoi, nous encourageons la CENI à tenir sa promesse de faciliter l’accès aux observateurs et aux témoins dans les bureaux de vote et dans les centres locaux de compilation des résultats (CLCR). Aussi qu’elle s’en tienne à ne publier que les résultats issus du comptage manuel reçus des CLCR et dont les procès-verbaux devront être affichés devant les différents bureaux de vote" soulignent les deux institutions religieuses.
La Cenco et l’ECC appellent égalementle gouvernement à ne pas couper l’Internet et les SMS, un acte qui risquerait de remettre en cause la transparence des élections.
Utembi et Bokundoa demandent aux différents candidats de cultiver un climat de paix, d’éviter les discours de violence et d’utiliser les moyens légaux en cas de contestation des résultats.
"Nous demandons aux candidats, particulièrement les candidats président, à lancer un appel pressant à leurs militants à la non-violence", ont-ils insisté. Pas seulement. Les deux serviteurs de Dieu invitent également les candidats à la magistrature suprême à participer aux cultes œcuméniques ce samedi à la Cathédrale Notre Dame du Congo à 11h00.
Cela n’aura donc échappé à personne. L’Eglise catholique et l’Eglise du Christ au Congo réapprennent à se concerter sur de grands sujets d’intérêt national. Ce communiqué en fait foi. Avant cette prise de position sur le processus électoral, il y a eu notamment une déclaration commune sur comment préparer le peuple à bien voter et l’implication conjointe des pères spirituels des Catholiques et des Protestants (Cardinal Monsengwo et Pasteur Bokundoa) dans la sensibilisation à la catastrophe humanitaire qui a débouché sur la Conférence humanitaire de Genève.
Certains analystes attribuent en partie ce rapprochement à la retraite de Mgr Marini Bodo (qui ne cachait pas beaucoup ses penchants politiques) suivie de l’élection surprise d’André Bokundoa, un pasteur sans antécédent politique, le 19 août 2017. Et au seuil de son mandat, comme pour annoncer les couleurs, il y eût cette prédication coupe gorge du désormais célèbre pasteur François-David Ekofo, le 16 janvier lors de la commémoration de l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila. Et depuis lors, les liens entre l’ECC et les Catholiques n’ont cessé de s’affermir.
D’autres aussi mettent cette synergie sur le fait que l’église catholique a réalisé qu’elle a beau être la première confession religieuse du pays, mais sans la collaboration avec les protestants qui viennent en deuxième position, ses différentes démarches peinent à se concrétiser. Tout au long de l’année dernière, les différentes croisades contestataires du Comité laïc de coordination (CLC) bénies par l’église catholique de Kinshasa ont certes embêté les détenteurs du pouvoir sans véritablement faire bouger les lignes.
La sociologie des confessions religieuses ayant changé aussi, en dehors de l’église catholique et des protestants, il y a eu l’avènement des églises dites de Réveil qui drainent chaque dimanche des centaines des milliers des fidèles. Catholiques et Protestants se devaient donc bien de travailler ensemble. Didier KEBONGO
COMMUNIQUE CONJOINT DE LA CENCO ET DE L’ECC POUR DES ELECTIONS TRANSPARENTES, CREDIBLES ET APAISEES
1. Nous, vos Pères spirituels de l’Eglise Catholique et Protestante, solidaires avec vous, Peuple congolais qui attend impatiemment depuis 2016 l’aboutissement heureux du processus électoral, en vertu de notre mission pastorale et prophétique, avons décidé de lancer cet appel pressant pour vous encourager à tenir bon afin de gagner le pari des élections libres, transparentes, crédibles et apaisées dans quelques jours.
2. Nous demandons à la CENI de tout mettre en œuvre pour que la date du 30 décembre 2018 soit impérativement respectée afin de finir en toute beauté l’année 2018 et, de commencer l’Année 2019 avec l’espoir des jours meilleurs. Les diverses réactions enregistrées suite aux différents reports des élections donnent à penser que le Peuple congolais ne tolérera pas un nouveau report des élections.
3. Le processus électoral se déroule sur fond d’une crise de confiance qui risque d’entraîner des conséquences dangereuses pour la paix post-électorale. C’est pourquoi nous encourageons la CENI à tenir sa promesse de faciliter l’accès aux observateurs et aux témoins dans les bureaux de vote et dans les centres locaux de compilation des résultats (CLCR). Aussi qu’elle s’en tiennent à ne publier que les résultats issus du comptage manuel, reçus des CLCR et dont les procès-verbaux devront être affichés devant les différents bureaux de vote.
4. Nous sommes préoccupés par l’intolérance politique de tout bord et par les actes de violence qui ont causé les pertes en vies humaines sans compter de nombreux blessés au cours de la campagne électorale. Nous présentons nos condoléances aux familles éprouvées et condamnons fermement toute forme de violence d’où qu’elle vienne et désapprouvons l’intolérance qui risque de nous conduire à des violences déplorables pendant et après le scrutin.
5. Nous demandons aux leaders politiques, particulièrement aux candidats Président de la République de lancer un appel pressant et public à leurs partisans en les invitant à la non-violence. Nous exhortons également les candidats à différents niveaux d’élections à cultiver en eux l’esprit démocratique d’acceptation élégante des résultats, et en cas de contestation légitime, de le faire par des voies légales et non par l’incitation à la violence.
6. Nous encourageons le Peuple congolais à continuer à œuvrer pour la paix et l’unité de la Nation. Qu’il participe massivement et activement au scrutin. Qu’il ne prête pas oreille à certains leaders politiques qui distillent les messages incitant à la violence, au régionalisme et au tribalisme.
7. Afin de garantir la transparence pendant et après les élections, nous demandons au Gouvernement de veiller au fonctionnement normal de l’internet et des SMS qui constituent aujourd’hui des canaux de communication importants pour les différentes parties prenantes au processus électoral, notamment les acteurs politiques, les observateurs, les témoins et les journalistes….
8. « Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que peinent les bâtisseurs » (Ps126). Forts de cette conviction, nous invitons toutes les parties prenantes au processus électoral, particulièrement les candidats, à participer aux cultes œcuméniques que nous recommandons d’organiser partout où c’est possible, le samedi 29 décembre 2018. A Kinshasa, ce culte œcuménique aura lieu à la Cathédrale Notre Dame du Congo à 11h00.
9. Que Dieu bénisse notre pays et nous donne de consolider notre démocratie par des élections libres, transparentes, crédibles et apaisées. A tous et à chacun Joyeuses Fêtes de Noël et du Nouvel An.
Kinshasa, le 24 décembre 2018.
Rév. Dr. André BOKUNDOA Président de l’ECC
Son Exc. Mgr Marcel UTEMBI
Président de la CENCO