Aux élections législatives nationales, en RDC, certains poids lourds congolais ont mordu la poussière, en dépit des grands moyens qu’ils ont engagés dans leur campagne. Ceci présage-t-il une réelle révolution dans la population congolaise ? C’est ce que pensent plusieurs analystes en province.

Il s’agit des grands noms de la politique, des personnes qui ne sont plus à présenter, au vu de leur parcours. Après un long séjour dans les institutions nationales, ils ont dû revenir, renégocier la confiance de la base, chose qu’ils n’ont pas pu réussir malheureusement ou heureusement selon les cas.

Parmi, ces candidats malheureux, on peut compter Modeste Bahati Lukwebo. Super ministre lors de la dernière mandature, Bahati fait figure de fin politicien et de notable indéniable à l’échelle nationale. Au vu du poids de son parti, l’Alliance des Forces démocratiques pour le Congo, Modeste était perçu comme un bon client pour succéder à Joseph Kabila, comme candidat à la présidence de la République. Par magie du hasard, le sort choisira un tout autre dauphin, ce qui conduira Bahati Lukwebo à la députation nationale.

Au terme d’une campagne retentissante, le ministre Bahati Lukwebo faisait figure de super favori pour jouir du merveilleux prestige de meilleur élu de la ville de Bukavu. Certes, c’était sans compter sur le virevoltant raflé promis au leader traditionnel de la ville montagneuse, Vital Kamerhe.

Il sera surprenant, au lendemain des votes, de constater la popularité lui augurée, lors de la campagne n’était qu’un épais écran de fumée.

Une autre grande figure, ressortie blessée de la quête à un poste au sein de l’hémicycle, c’est Marcellin Chishambo Ruhoya. Sacré joker de la politique et diplomate avéré, vu son carnet d’adresse. Marcellin est l’homme qui a dirigé le plus longtemps la province du Sud-Kivu depuis l’avènement de la troisième république. Il jouit également de la réputation d’un dirigeant de proximité, un homme d’Etat capable d’adopter l’attitude de tous ses administrés, en fonction des circonstances.

Bien qu’ayant une fois de plus perdu l’élection de 2011, nul ne croyait que l’homme à la barbe blanche sortirait déçu de sa seconde tentative. Ce gouverneur qui avait du soutien tant des opposants que de ceux de sa famille politique, avait pourtant pris soin de postuler à deux niveaux, et dans deux circonscriptions différentes [dans la ville de Bukavu et dans son territoire d’origine, à Walungu]. Cela ne sera pas, malheureusement, suffisant à l’ancien conseiller de Joseph Kabila pour rafler un seul siège. Fallait-il faire plus, pendant sa gouvernance, pour mériter la confiance de sa base !

L’autre déception de taille est à rechercher dans la partie sud, de la province du Sud-Kivu. A Uvira, deux cadres du Front commun pour le Congo, ont également mordu la poussière.

Le député Rubota Masumbuko et le ministre Bitakwira, car c’est d’eux qu’il s’agit, ne feront pas partie de 500 membres de l’assemblée nationale pour les 5 ans à venir. Le premier, héritier du MSR après scission de ce grand parti, sera compté parmi les grands absents du mandat prochain, vu la médiatisation qui a entouré sa personne au sortir des 7 partis de la Majorité présidentielle de l’époque [le fameux G7]. Rubota, ayant gardé le grand nom [MSR], semble par ailleurs n’avoir pas convaincu sa base par sa prestation à l’hémicycle. Cela devra donner matière à réflexion aux élus actuels.

Justin Bitakwira, quant à lui, n’a dérogé à la règle de sanction de la base. Lui qui autrefois, était élu en vertu de sa position tranchée contre le pouvoir du Président Joseph Kabila, le fils de sa grand-mère semble avoir soufflé le chaud et le froid, quand il fallait cette fois battre campagne pour le même pouvoir. L’éloquent ministre aura également été victime de ses propres discours pendant la campagne. Il lui a été reproché de n’avoir pas été courtois dans ses déclarations, et le peuple n’a pas hésité à sanctionner.

Dans les camps de l’opposition, trois personnalités se sont également distinguées négativement. Aimé Boji Sangara, Kizito Mushizi et Jean-Marie Bamporiki, tous trois députés honoraires pour le compte de l’Union pour la nation congolaise (UNC), ont été débarqués. Le premier, bras droit du président de l’UNC, était toujours élu depuis 2006. En dépit des critiques formulées à son encontre, il sera réélu en 2011 grâce à sa fidélité à Vital Kamerhe et, évidemment, de son expérience en la matière. La troisième fois ne sera pas comme les deux précédentes, malheureusement, pour Boji. Trouvera-t-il, probablement un bon temps pour effacer l’affront que lui colle ses détracteurs alors qu’il siégeait à Kin.

Kizito Mushizi et Bamporiki ne devront leur sort qu’à leur prestation lors de leurs précédents mandats. Élus avec fougue, en 2011 [surtout Mushizi sur qui reposaient les espoirs de tout Bukavu], les deux cadres de l’UNC regretteront de n’avoir pas été convaincants aux yeux de leurs électeurs. Leur retour au bercail leur permettra peut-être de fidéliser à nouveau leur base en vue d’un rebondissement réussi en 2023.

Pour rappel, avant la campagne électorale, une vague de sensibilisations a fait éruption dans la province du Sud-Kivu, appelant les électeurs à sanctionner les élus de la précédente mandature et à renouveler tous azimuts, la classe politique congolaise.

John Achiza (Correspondant au Sud-kivu)
MEDIA CONGO PRESS
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