La Monusco, la mission la plus chère et la plus longue de l’histoire des Nations unies, pose un tas de questions ces dernières semaines en République démocratique du Congo. Les journalistes de Radio Okapi qui ont assisté à l’élection et aux dépouillements sont contraints au silence.

Les premières interrogations concernent le fameux incendie du dépôt de la Ceni sur l’avenue du Haut commandement, le 13 décembre. Un incendie qui s’est déroulé à quelques dizaines de mètres de la caserne des pompiers de la Monusco… sans que celle-ci intervienne. Plusieurs témoins nous ont expliqué que les pompiers ont bien tenté d’intervenir mais ont été bloqués par la garde présidentielle. Des rapports doivent exister. Mais la loi du silence semble être devenue la règle dans cette institution pourtant publique, et donc financée par les cotisations des pays du monde entier.

Quelques jours plus tard, alors que le report du scrutin « pour raison technique » est acté, notamment suite à cet incendie du 13 décembre, Madame Leila Zerrougui est interrogée par Jeune Afrique sur le déroulement de la campagne qui a vu les opposants et en particulier le candidat de Lamuka être privé d’avion et de meetings, contraint de rebrousser chemin après que la police ait ouvert le feu à balles réelles sur ses supporters,… La représentante spéciale du secrétaire général de l’Onu en République démocratique du Congo déclare pourtant : « J’étais présente en 2011. Si l’on compare ce qui se passe aujourd’hui aux tensions de l’époque, je pense que cette campagne s’est plutôt mieux déroulée. Certes, il y a eu des entraves. Mais globalement, les candidats ont pu faire campagne ». Une déclaration qui ne passe pas inaperçue et ajoute au trouble sur le rôle de Mme Zerrougui dans cette campagne.

« On est condamnés au silence »

Un peu plus loin, dans la même interview, Leila Zerrougui poursuit « la Monusco fournit un appui technique à ces élections. Nos agents sont présents à l’intérieur des bureaux de la Ceni. Nous totalisons 217 experts, répartis dans 26 provinces ». Radio Okapi, la radio de la Monusco, dispose aussi de journalistes aux quatre coins du pays.

Des journalistes et des experts qui ne cachent pas leur colère ce 1er janvier. EN cause, le silence qui leur est imposé. « Nous avons assisté aux votes, à une partie du dépouillement, nous avons des résultats, nous parlons entre nous et nous constatons qu’un candidat est largement en tête dans la plupart des grandes villes et même dans la majorité des provinces. Mais vous ne l’entendrez pas sur Radio Okapi », explique l’un des journalistes qui nous envoie vers un de ses collègues « plus ancien ». « Avec Madame Zerrougui, c’est le retour à l’âge de plomb. On doit se taire et c’est tout », explique ce dernier. Je n’ai jamais vu ça. Du temps d’Alan Ross, de Martin Kobler ou de Maman Sidikou, tout n’était pas facile mais on pouvait faire notre boulot. Aujourd’hui, on dirait que Madame Leila veut nous imposer une méthode de travail comme il en existe chez elle en Algérie, tout pour le pouvoir en place. Nous sommes des représentants de l’Onu, pas des larbins du FCC. C’est scandaleux. On a les chiffres, demandez-lui qu’elle les rende public, qu’elle les donne au moins aux ambassadeurs étrangers. Si on ne le fait pas, on sera complice d’une tricherie énorme qui risque d’entraîner un bain de sang. Ce n’est pas l’idée que je me fais du rôle de la Monusco. J’epère qu’à New York, M. Guterres notre secrétaire général va réagir.»

afrique.lalibre.be
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top