Kinshasa toujours dans ses innovations. Depuis un laps de temps, le phénomène dit « Ujana » a pris de l’ampleur dans le vocabulaire des kinois. On entend çà et là les jeunes filles se faire appeler Ujana. Ce mot swahili signifiant « jeunesse » en français, est tout d’abord l’appellation d’un centre de formation de football. Il fut installé à Kinshasa il y a près de cinq ans, pour la formation et la promotion de nos jeunes talents. Aujourd’hui ce mot prend une autre connotation. Il garde toujours son sens, mais est employé dans un autre contexte et sert à présent à désigner les jeunes filles belles, charmantes nageant entre 16 et 20 ans, se livrant à des pratiques malsaines, avec un accoutrement indécent et décidant de vivre une activité sexuelle désordonnée et incontrôlée. Les unes à la débauches et à l’ivresse ; les autres à la prostitution. Elles ont comme stéréotype : pas de sous-vêtements…
C’est très scandalisant de les voir vivre. Nous assistions à un contre-témoignage de vie de la part de certaines parmi elles. Il suffirait juste de les observer pour remarquer en eux une certaine innocence. Elles ont un regard innocemment influencé par plusieurs facteurs négatifs de la vie quotidienne de leur époque. Nombreuse sont issues des bonnes familles. Quand nous disons bonne, nous faisons allusion à la réputation du niveau de l’éducation, de l’attention et de l’affection que ces jeunes-filles reçoivent de leurs parents. Mais nous sommes étonnés de la vie qu’elles ont optées de mener en dehors de leurs familles. « Muana ango amelaka bière na agene, mais na ndaku na bango bamonaka ye mineure ». Voilà un extrait d’une chanson dédiée à ces les jeunes filles Ujana.
Nous n’avons aucune prétention de défendre les « Ujana » ou les « Mbeya Mbeya ». Mais notre regard est tout autre face à eux. Ces filles sont en grande partie des mineures qui sombrent naturellement dans une crise d’adolescence. Elles sont aussi d’autre part issues des familles faibles économiquement et influencées par la bourgeoisie de certaines de leurs camarades. Aussi, on trouve parmi ces filles, celle qui sont des familles aisées, fortes économiquement. C’est par là que nos autorités devraient posés les prémices de leur réflexion. Ces jeunes-filles n’opèrent pas toutes seules, il y a forcément ceux vers qui elles vont. C’est bien là que l’on devait frapper !
Après avoir constaté l’ampleur qui prenait ce phénomène, le premier citoyen de la ville de Kinshasa a convoqué un triduum de réflexions avec les autorités des forces de la police locale, pour statuer et voir comment remédier à ce fléau. A l’issu de ces assises, il a été décidé d’arrêter toutes les filles adultes ou mineures, ne portant pas des soutiens gorges, des sous-vêtements et se promenant tardivement. Il serait peut-être vrai que ces autorités avaient le plein pouvoir et devoir de trouver très rapidement une solution à cette pratique immorale dans le chef de nos jeunes sœurs. Cependant, ce n’était pas une priorité, peut-être pas une nécessité. Car, cette opération n’avait aucun fondement juridique.
Sur base de quelle loi, arrête-t-on une personne de sexe féminin qui, par délibération de sa propre volonté, décide de ne pas mettre des sous-vêtements. Pour moi, le problème était ailleurs. Nos autorités sont passées à côté de l’essentiel.








Voici cependant, comment l’Etat congolais a réagis face à ce problème :
Un soir, le chef de la police nationale congolaise s’amène avec sa milice, entrant dans des boites de nuit, terrasses, bars et dans des hôtels semant la pagaille et arrêtant les filles appelaient « Ujana ». Une comédie qui légalise en quelque sorte la pédophilie. Ces Ujana n’étaient pas seules. Une fille de 17ans trouvée en boite de nuit avec un monsieur d’une cinquantaine d’années, est saisie par les forces de la police pendant que le monsieur s’en va calmement rejoignant sa résidence en toute quiétude. Dans la commune de Lemba, à l’espace appelé « Tshétshé », l’on a mis à terre toutes les filles, pendant que l’on évacuait tous les hommes. Ces filles ne font pas une auto-prostitution, mais les font avec d’autres personnes qui doivent payer encore que celles-ci.
En effet, la prostitution est punissable pour les adultes. Cependant, elle doit l’être encore plus sévère pour les jeunes. Car, ceux-ci ne connaissent pas encore grand-chose sur leur sexualité. Elles y vont vite, sans réfléchir et en tirent des conséquences très néfastes. Les risques de contaminations sont très grands à leur stade, puisque l’acte sexuel accompli est irréfléchi et souvent fait par pur snobisme et sans protection. Kinshasa a laissé la « maison close » grandement ouverte. La pudeur a été volontairement supprimée du vocabulaire des kinois. Le « Carpe diem » s’est emparé de nos jeunes sœurs et en sort vainqueur.
Cependant, nos jeunes sœurs sont gravement exposées à plusieurs maladies et infections sexuellement transmissibles. A savoir le VIH/SIDA. Celui-ci demeure jusqu’à preuve du contraire un danger pour la jeunesse. Il nous guette et détruit sérieusement nos vies. Jadis la prostitution était une activité du monde des adultes. Mais aujourd’hui il n’en est pas le cas. Ujana une innovation déplorable et regrettable. La prostitution a été rajeunie.
Qui en sont les auteurs ?
Il serait très injuste de notre part, comme l’ont fait les autorités de la ville de Kinshasa, de donner l’entière faute aux jeunes filles. Car, à travers cette pratique, des infractions très graves se révèlent : viol sur mineure, exploitation de mineures, pédophilie, abus sexuel. De ce fait, les infractions sont proportionnellement partagées.
Tout d’abord, nous condamnons les parents. La dignité d’une personne ou d’une famille ne dépend pas du rang social auquel il appartient. Mais de la personnalité qu’il s’est forgé indépendamment de ce qu’il est et de ce qu’il a. la première condition, c’est le fait qu’il soit humain. Alors, Ujana, est-ce l’indicateur d’une crise économique ou encore d’une crise d’éducation ? Les parents, où sont-ils ? Sont-ils fatigués d’interpeller intensément ? Puisque nous constatons que les résultats sont stériles. La prostitution a été juvénilisée ! Si elles sont appelées Ujana, c’est forcément parce qu’elles œuvrent avec et au milieu des « bakubwa » grand en swahili. Ujana est justement employé pour marquer une différence des niveaux dans cette compétition sentimentale ou même libidinale entre U-20 et Séniore.
Nos églises sont aussi en quelque sorte protagoniste de cette pratique, avec le phénomène « Kindoki » et toute sorte de prophéties qu’elles divulguent. Les parents se fient beaucoup trop aux pasteurs que, ces derniers s’imposent facilement à la vie familiale de leurs fidèles et tourmentent leur vie sociale. Conséquences, les parents peuvent, sans peine, abandonner leurs enfants sous prétexte qu’ils sont maudits. Ujana, est-ce vraiment là encore l’œuvre du diable ? Non, nous ne pensons ainsi. C’est juste une question d’inconscience et d’immoralité religieuses dans le chef de certains pasteurs.
Ces jeunes sont aussi coupables. Il est vraisemblablement vrai que, à un certain âge, mais surtout dans l’adolescence l’influence semble être permanente. Nombreux de jeunes, filles comme garçons, se laissent influencer par le vécu de la société dans laquelle ils vivent. Madame la rue accomplie sont travail d’éduquer à sa manière. Les pédagogues parlent de l’éducation diffuse. Celle-ci a une forte influence si et seulement si, les jeunes et leurs parents vivent dans une relation distante. Quand le tabou prime sur la vérité réelle des choses, l’obscurité de nos questionnements douteux se voit être éclaircie ailleurs. Les amis(es), camarades, collègues, condisciples deviennent des secondes écoles de la vie. Une école où les enseignants et les enseignés sombrent dans une inconnaissance inconsciente. Les jeunes filles cependant, faire confiance à leurs mères, qui eux, ont une expérience considérable sur la vie et tous les problèmes qu’elle comporte. Elles ne sont pas du tout obligées de se laisser volontairement influencer. Chacune devra vivre selon les possibilités de sa famille, en évitant la convoitise. Comme les kinois le disent : « Bilula lula mabe ». C’est en refusant de s’accepter et cherchant à faire comme les autres ou à devenir comme les autres, que l’on tombe aujourd’hui dans la croissance rapide de la prostitution chez les jeunes adolescentes. Les Ujana, tout comme les Mbeya Mbeya, ne sont que ces jeunes filles qui ont tout d’abord protestées à l’éducation familiale, qui disent non à la pauvreté économique des leurs parents et qui imitent ceux que font les autres, afin de satisfaire leurs besoins. La plupart sont séduites par l’évolution de la technologie. Voulant avoir un smart phone dernier cris, un I-Phone ou voulant toujours être à la mode sur le plan vestimentaire, se lance volontiers à une vie de débauche, pourvu qu’elles obtiennent ce que les autres filles de leur âge ont, qu’eux n’ont pas. Elles oublient qu’elles ne proviennent pas toutes de la même famille, du même statut social.
Pour finir, l’Etat congolais est le grand parrain de ce phénomène. Ne pouvant pas stabiliser les conditions socio-économiques de ses habitants, voilà en quoi ces derniers se lancent. Toutes ces pratiques ne sont que des voies faciles pour survives et pour subvenir aux besoins. De ce fait, les parents chômeurs, ne pouvant pas satisfaire à tous les besoins de leurs enfants, se voient malgré eux, obligé de se taire face cette tragédie, simplement parce que, grâce à leurs filles, ils ont un petit rien pour vivre. Face à tout cela, les autorités ont mieux pensées d’arrêter ces pauvres filles et d’aggraver les conditions médiocres dans lesquelles le peuple sombre. Le phénomène Ujana est simplement l’indicateur d’une crise socio-économique ou encore d’une crise d’éducation. La misère infecte la moralité. Les parents fatigués d’interpeller intensément, puisque nous constatons que les résultats sont stériles. La prostitution a été juvénilisée !
Nous n’aimerons surtout pas dire moins encore affirmer que « Ujana » au sens péjoratif, est un centre des jeunes talents en matière de prostitution ou encore d’exhibition. Mais à l’allure où vont les choses, ça pourrait être ainsi. Hier elles étaient « SS » c’est-à-dire les filles qui s’habillent « Sans Soutien-gorge ». Aujourd’hui il y a évolution. Elles sont Ujana, non seulement parce qu’elles ne mettent pas eux aussi des sous-vêtements, mais parce qu’elles sont d’abord très jeunes et se prostituent, en s’adonnant aux vieux papas. Cependant demain, qui seront-elles? Converties ou vont-ils aggraver leur cas?

La réponse nous l’avons déjà. Nous avons les « Ujana » nouvelle version : les « Mbeya Mbeya ». Une catégorie des jeunes filles glorifiées, louées, pour leur capacité à mixer les jeunes garçons. Voilà l’image que l’on donne à la jeune fille kinoise. Jusqu’où devrons-nous vivre ces niaiseries. La jeunesse congolaise en général et kinoise en singulier, avance sans paradigme, sans repère, « leurs idoles : or et argent. Cet or qui est voué à disparaître » (Psaumes 115 :4). Elle a abandonnée à son triste sort. Il n’y a plus assez de modèle pour les jeunes. Ceux qui devraient les encadrer et les éduquer, les détruisent d’avantage. Certains parents ont déclarés abandon. Le ministère de la jeunesse et de sport s’est transformé en ministère des jeunes sportifs. Les non-sportifs ne reçoivent aucune attention de leur part. La solution pour ce phénomène qui ne cesse de croitre est d’ordre socio-psycho-économico-éducatif. Pour le vaincre, il faudrait un retour systématique à tous ces domaines précités.
Hier elles étaient « SS », « UJANA », « U-20 » et aujourd’hui elles sont « MBEYA MBEYA ». Demain, que seront-elles ?

Régis Ngudie, étudiant en philosophie
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