Après la fin tragique en novembre 2012 du second Programme économique du gouvernement (PEG 2), la RDC a décidé de renouer avec le Fonds monétaire international. Le passage du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi à Washington a jeté les bases d’une négociation en vue de la conclusion d’un nouvel accord formel avec le FMI. Ce lundi au siège du Fonds, les experts congolais et ceux du FMI entament des négociations directes dont l’aboutissement sera précédé d’un audit complet des comptes publics de la RDC.

Le Potentiel

Depuis 2012, la RDC n’est plus en programme formel avec le Fonds monétaire international (FMI). Le FMI avait brutalement mis fin à un financement de plus de 560 millions USD dans le cadre du second Programme économique du gouvernement (PEG 2), dénonçant le manque de transparence dans une opération de cession des parts de la plus importante entreprise minière étatique, Gécamines. A l’époque, de nombreux financements extérieurs ont échappé à la RDC.

Renouer avec le FMI devrait être l’une des priorités économiques de Félix Tshisekedi. Le chef de l’Etat a finalement compris l’enjeu et s’est empressé de réactiver les relations avec le Fonds. Raison pour laquelle, profitant de son passage aux Etats-Unis, le président Félix Tshisekedi a fait un tour au siège du FMI pour s’entretenir avec le directeur général, Mme Christine Lagarde. Après sept ans de rupture, la RDC veut enfin renouer avec le FMI dans le cadre d’un accord formel appuyé par ses services. Christine Lagarde ne s’y est d’ailleurs pas opposée.

Audit des comptes publics : le passage obligé

Pour le FMI, le retour de la RDC dans ses girons est une bonne nouvelle. Mais, cela appelle à la prudence. D’autant qu’il n’est pas évident de se jeter sans précaution dans les bras du nouveau pouvoir en place à Kinshasa.



Au terme de leurs échanges avec le président Félix Tshisekedi, Christine Lagarde n’a pas manqué de le souligner. « Je suis ravie qu’on ait pu renouer la relation et mettre en place ensemble ce partenariat pour travailler à l’amélioration de la situation économique et la situation de la population » congolaise, a-t-elle déclaré à la presse. C’est que, le FMI a encore frais en mémoire les déboires qui du PEG 1 et du PEG 2 qui ne sont jamais arrivés à terme. Pour le directeur général du FMI, la réouverture des négociations autour d’un nouvel accord formel avec la RDC est conditionnée par un audit général des comptes du pays, conformément à l’article 4 des statuts du Fonds.

Christine Lagarde l’a clairement rappelé à son hôte. « Dès lors qu’on aura fait l’audit complet de la situation économique et qu’on aura besoin, à la demande du président, de mettre en place un programme de soutien, de financement dans le cadre de l’amélioration économique souhaitée, il est envisageable d’entrer en programme », a-t-elle précisé.

D’ores et déjà, l’équipe d’experts congolais, présents à Washington dans le cadre des assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale, devrait, sauf changement de dernière minute, entamer dès aujourd’hui lundi des contacts directs avec l’équipe du département Afrique du FMI en vue de déblayer le terrain aux négociations directes en vue de la conclusion d’un nouvel accord formel. Vraisemblablement, les négociations en cours à Washington pourraient tourner autour de la mission que le FMI devra dépêcher incessamment en RDC autour des consultations en vertu de l’article IV des statuts du FMI, selon le chronogramme fixé par son directeur général. C’est au terme de cet audit complet des comptes publics de la RDC que le FLMI pourrait enfin décider d’ouvrir le cycle de négociations autour d’un nouveau programme économique du gouvernement appuyé officiellement par le FMI.

Autant dire que la conclusion d’un nouvel accord formel entre le FMI et la RDC n’est pas encore acquise. Certes, le président Félix Tshisekedi a exprimé ce désir, mais il y a des préalables auxquels la RDC devra inévitablement se soumettre, avant que les deux parties ne dressent enfin le mémorandum des politiques économiques, monétaires et financières ainsi que la lettre d’intention du chef de l’Etat pour qu’enfin le nouveau programme soit mis en œuvre.

C’est dire que les négociations qui s’ouvrent ce lundi à Washington n’inaugure qu’une longue série qui pourrait d’étendre sur des mois. Le plus important est que le FMI ne s’est pas opposé au principe de s’engager dans un nouveau programme avec la RDC. Pour Kinshasa, c’est déjà, un bon signe. C’est la preuve que le pays est redevenu enfin fréquentable, si bien que des partenaires extérieurs, de la carrure du FMI, se donner le temps de l’écouter.

Qui conduira les discussions avec le FMI ?

Entre ses promesses électorales et les nombreuses exigences de sa base, le président Félix Tshisekedi est à la recherche des ressources pour financer son vaste programme.

Sur le plan économique, le nouveau président de la République hérite d’une économie qui peine à se relever. Après les cinq années glorieuses, soit de 2010 à 2015, où la RDC a affiché une croissance robuste oscillant entre 6 et 8%, l’économie est entrée depuis lors dans une phase de régression. La croissance se maintient difficilement sous la barre de 3%, plombée par un secteur minier en perte de vitesse. La révision en 2018 du Code minier, dans un climat de fortes suspicions entre l’Etat congolais et les opérateurs miniers, a suscité de graves remous dans le secteur, obligeant quelques majors présents en RDC de claquer la porte de la FEC (Fédération des entreprises du Congo). En plus, le défi de la RDC d’organiser les élections de décembre 2018 sur fonds propres, sans assistance extérieure, a sérieusement fragilisé les finances de l’Etat. Des fissures sont d’ailleurs perceptibles dans le compte général du Trésor depuis janvier 2019. Après l’euphorie électorale de décembre 2018, l’heure est à la mobilisation des moyens.

Avec l’arrivée de Félix Tshisekedi, une nouvelle ère s’ouvre en RDC. Rebâtir l’économie congolaise fait donc partie de ses priorités. Et quoi de plus normal que de renouer le plus rapidement avec le FMI pour s’offrir de nouvelles sources de financement.

Certes depuis 2012, année de rupture formelle avec le FMI, la RDC s’est maintenue. Il faut cependant reconnaître que cette résistance a eu des effets désastreux autant sur les finances du pays que sur sa crédibilité financière. Aujourd’hui, le malade ne peut plus continuer d’évoluer sans son médecin. L’automédication financière à laquelle s’est soumise la RDC depuis 2012 a eu des effets secondaires néfastes pour l’économie nationale. Il est temps d’y mettre fin.

Rétablir le pont avec le FMI est une priorité pour le nouveau président de la République. Il se pose cependant un problème : à qui confier la charge de baliser la voie pour la conclusion d’un nouveau programme avec le FMI ? C’est dire que le chef de l’Etat devra trouver l’oiseau rare ; celui qui aura la mission de négocier avec le FMI.

Pour l’instant, c’est Henri Yav, le ministre des Finances sortant, qui joue momentanément le rôle. Mais, les négociations avec le FMI pourraient s’étirer en longueur. Le chef de l’Etat aura donc besoin de s’entourer d’un Premier ministre rompu en la matière et d’un ministre des Finances, très familier aux langages souvent ésotériques des services du FMI. C’est dire combien le choix du Premier ministre et du ministre des Finances sera déterminant dans le nouveau challenge où s’engage le chef de l’Etat, c’est-à-dire renouer le dialogue avec le FMI.
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