L’alliance entre l’UDPS du chef de l’Etat Félix Tshisekedi et le FCC de Joseph Kabila ne tient qu’à un fil. Le crash, le jeudi 10 octobre 2019, d’un Antonov 72 affrété par la Présidence de la République a remué le couteau dans une plaie déjà béante. Au siège de l’UDPS, les militants de cette formation politique se sont violemment pris à l’accord – non encore révélé – conclu entre le FCC et le CACH. Réponse du berger à la bergère, le PPRD, a aussitôt déployé ses « Bérets rouges ». Se présentant comme « soldats du Raïs », ils promettent de riposter au coup pour coup à toute provocation de l’UDPS. On est parti pour une escalade dangereuse qui risque de compromettre tout le mandat de Félix Tshisekedi.

Le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila et le Cap pour le changement (CACH) du chef de l’Etat Félix Tshisekedi sont censés convoler en justes noces jusqu’en 2023. Du fait de l’accord de coalition qui lie les deux parties, dont les têtes d’affiche restent le PPRD, pour le FCC et l’UDPS, pour ce qui est du CACH.

Majoritaire à l’Assemblée nationale, le FCC a contraint le CACH à collaborer avec lui pour avoir une part de responsabilité pendant cette mandature. Conclu dans la discrétion la plus totale, l’accord de coalition FCC-CACH a présenté ses premiers signes de faiblesse avec le grand retard pris dans la nomination du Premier ministre. Nommé en mai 2019, il aura fallu attendre plus de trois mois pour que le Premier ministre Ilunga Ilunkamba connaisse ses collaborateurs dans le gouvernement. C’était déjà un mauvais présage qui augurait des jours très agités entre les deux parties à la coalition.

En juin dernier, les premières frictions sont apparues, opposant les partisans de l’UDPS, côté CACH, et ceux du PPRD, côté FCC. Finalement, les deux partenaires ont parvenu à fumer le calumet de la paix. Entre-temps, le mal était déjà fait.

En réalité, l’UDPS et le PPRD se détestent. Ils sont juste unis par un mariage d’intérêt qui peut se désintégrer à tout moment. Le crash, le 10 octobre 2019 entre Goma et Kinshasa, d’un Antonov 72 affrété par la Présidence de la République, a ramené au grand jour les dessous d’un accord fragile. A Limete, au siège de l’UDPS, les combattants se sont violemment déchargés sur le PPRD, sous couvert du FCC, pour dénoncer un probable complot qui viserait leur leader, le chef de l’Etat Félix Tshisekedi. En réalité, les manifestants ont remis en cause l’accord qui lie leur parti au FCC, exigeant à la même occasion l’UDPS à mettre fin à cette coalition.

Au FCC, la réplique n’a pas tardé. Des militants du parti de Joseph Kabila, surnommés les « Bérets rouges », ont diffusé, via les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle ils indexent vertement les partisans de l’UDPS. Se présentant comme les « soldats de Raïs », les « Bérets rouges » ont promis de ne plus se laisser faire. Sur un ton menaçant, ils se mobilisent pour répondre au coup pour coup, disent-ils, à toute provocation de l’UDPS.

Calmer les ardeurs

Dans les deux camps, le ton monte. On craint des dérapages de grande ampleur. Pour l’instant, les deux leaders de la coalition FCC-CACH, gardent encore leur silence. Ni le chef de l’Etat Félix Tshisekedi, encore moins Joseph Kabila, n’ont pas osé commenter les informations de ces derniers jours. Pour l’instant, chacun essaie de faire passer son message par personnes interposées.

Une escalade démesurée est à craindre, au vu de déclarations qui fusent de part et d’autre. La retenue n’est pas observée. A l’UDPS, la direction du parti semble être en déphasage avec la base qui exige la relecture de l’accord qui lie le parti à Joseph Kabila. Au FCC, on prétend se préparer à parer à toute éventualité.



A tout prendre, c’est le mandat de Félix Tshisekedi qui en pâtira. L’argent, dit-on, n’aime pas le bruit. Avec la résurgence de ces clivages internes entre l’UDPS et le PPRD, c’est l’insécurité qui reprend ses marques en RDC. Il faut craindre que la grande offensive diplomatique menée par Félix Tshisekedi n’apporte pas les résultats escomptés. Car, dans la situation actuelle de la RDC, où de vives tensions opposent les deux partenaires à la coalition gouvernementale, les partenaires au développement et d’autres investisseurs peuvent se garder d’injecter précipitamment d’importants capitaux dans l’économie congolaise.

C’est dire que le FCC et le CACH ont intérêt à aplanir le plus rapidement possible leur divergence. Il y va de la visibilité du mandat de Félix Tshisekedi. Si non, le PPRD et l’UDPS s’engagent dans une escalade verbale dangereuse qui pourrait bien emporter l’un ou l’autre. Pour sauver cette mandature et ne pas décourager les grands espoirs du peuple en l’alternance démocratique du 24 janvier 2019, il n’est pas trop tard pour le PPRD et l’UDPS de revenir à la raison.


Le Potentiel
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