* Contrairement à ses éventuels concurrents, le leader d’Ensemble pour le changement jouit en effet d’une majorité dans les rangs des députés nationaux de l’Opposition.
Le Groupe de sept partis de l'Opposition en RD Congo(G7), vient de saisir officiellement le Bureau de l'Assemblée nationale, pour lui demander d'inscrire dans le calendrier de la session parlementaire en cours, le vote du porte-parole de l'Opposition. Selon la radio privée Top Congo FM qui a livré cette nouvelle hier jeudi 10 octobre, la correspondance porte le seing de Pierre Lumbi, président du G7.
Cependant, dans les rangs de l'Opposition, les avis restent diamétralement opposés sur la question. A la plateforme politique Lamuka, la Dynamique pour la vérité des urnes pro-Martin Fayulu déclare ne pas du tout souscrire à la démarche de Pierre Lumbi. S'exprimant hier sur le même média, un membre de cette structure, visiblement cadre du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECIDE), a fait savoir que leur leader ne postulera pas comme candidat à ce poste. Et, il argumente.
"Martin Fayulu est le Président élu de l'élection présidentielle du 30 décembre 2018. En cette qualité, il n'a plus à se présenter comme candidat pour jouer le rôle de porte-parole de l'Opposition. Nous poursuivrons notre combat pour la vérité des urnes. Le reste ne nous intéresse pas pour l'instant. Si Pierre Lumbi trouve nécessaire d'organiser une Opposition républicaine, libre à lui. Quant à nous, nous ne ferons jamais une telle opposition. Ce serait-là, une manière de décevoir notre peuple qui a massivement voté pour Martin Fayulu et dont on a volé la légitimité", a déclaré ce partisan du Commandant des opérations au front de la «vérité des urnes».
QUI DE MOISE KATUMBI, JEAN-PIERRE BEMBA OU D'ADOLPHE MUZITO ?
Après le retrait soit tacite, soit explicite de certains de ses membres, l'édifice de l'ancienne plateforme électorale Lamuka, muée en cartel politique, semble présenter des fissures (béantes ?) qui présagent son écroulement imminent. A ce jour, le navire Lamuka n'a plus que quatre grandes figures de l'opposition à son bord. A savoir Moïse Katumbi de Ensemble, Jean-Pierre Bemba du MLC, Martin Fayulu de l'Ecide et Adolphe Muzito, leader de Nouvel Elan.
Cependant, au cas où Martin Fayulu ne serait pas parant pour le poste de porte-parole de l'Opposition, alors le jeu devrait se jouer entre trois leaders : Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba et Adolphe Muzito. Dès lors, la question qui se pose est celle de savoir qui de ces trois acteurs portera l'étendard de l'Opposition en 2023. La question est sur toutes les lèvres.
Se confiant aux médias au mois de mai dernier sur cette même question, le député national MLC, Jacques Djoli, avait quelque peu planté le décor. "Cette problématique est déjà réglée par la loi. Ce n'est pas une question de critère. Mais plutôt, celle de lire et de comprendre la loi n° 07/008 du décembre 2007 portant statut de l'opposition politique qui prévoit que le porte-parole est choisi par un vote", avait-il dit.
Toutefois, des analystes avisés estiment que le vote devra se faire au sein de l'Assemblée nationale, alors Moïse Katumbi part très largement favori. Car, c'est lui, ou plus exactement sa plateforme Ensemble qui a le plus grand nombre de députés nationaux à l'hémicycle, par rapport aux autres regroupements politiques de l'Opposition. Reste que cette majorité se traduise effectivement au vote, au cas où la question serait, cette fois-ci, inscrite parmi les matières à traiter au cours de la session de septembre en cours dans les deux chambres du parlement.
COMME FEU ETIENNE TSHISEKEDI EN 2011
Rien donc de nouveau sous le soleil. La position de Martin Fayulu, si c'est vraiment ça, rappelle celle de feu Etienne Tshisekedi en 2011 sur la même question. Alors qu'il se trouvait en situation de devenir le porte-parole de l'opposition, le lider maximo qui se considérait comme le véritable vainqueur de l'élection présidentielle d'alors, jusqu'à prêter serment dans sa résidence familiale à la 10ème rue Limete, n'entendait plus se considérer en même temps comme opposant.
Et, dans cet environnement politique de l'époque où Jean-Pierre Bemba se trouvait en prison à la Cour pénale internationale (CPI) et feu Etienne Tshisekedi s'était autoproclamé Président de la république élu, l'opposition devenait quelque peu acéphale. Et la question en rapport avec la désignation de son porte-parole, mise en sourdine. Jusqu'à ce jour. Depuis, plus rien.
Quoi que légal, le poste de porte-parole de l'opposition en RD Congo demeure encore une chimère. L'histoire rappelle que lors de la première législature en 2006, la même opposition s'est trouvée en mal de se désigner son porte-voix. Jean-Pierre Bemba, arrivé deuxième au second tour de l'élection présidentielle en octobre 2006, avait été pressenti comme porte-parole naturel de l'opposition. Ce, en l'absence de feu Etienne Tshisekedi qui avait appelé au boycott du processus électoral.
En mai 2008, patatras ! Le leader du MLC arrêté dans la banlieue bruxelloise, fut aussitôt ransféré à la prison de La Haye. Une fois à la CPI, Jean-Pierre Bemba n'autorisera personne d'autre de son parti, le MLC, à briguer ce poste. Jusqu'à la fin de la première législature, la machine s'en trouvera bloquée.
LA DISPONIBILITE DE FELIX TSHISEKEDI
Au cours d'une conférence de presse mardi 2 juillet à Bunia, dans l'Ituri, Félix Antoine TshilomboTshisekedi avait déclaré qu'il était prêt à accompagner l'opposition dans son pays. A une seule condition que celle-ci puisse s'organiser. Pas besoin d'être surdoué pour comprendre ce que le successeur de Joseph Kabila entendait par "organisation de l'opposition".
Toutefois, sans lire la pensée de Fatshi, comme dans une boule de cristal, on suppose que son interpellation renvoyait justement à cette sempiternelle question de la désignation du porte-parole de l'opposition. Quoi que l'on dise, nombre d'observateurs avaient réagi en leur temps, pour dire que la disposition du Président Félix Tshisekedi, à accompagner l'opposition politique n'avait rien de surprenant, tant cela s'inscrit dans le cadre du respect de la loi fondamentale. Les partisans de cette thèse s'étaient appuyés sur l'article 6, alinéa 3, de la Constitution du 18 février 2006 en vigueur en RD Congo qui stipule que "les partis politiques peuvent recevoir de l'Etat des fonds publics destinés à financer leurs campagnes électorales ou leurs activités, dans les conditions définies par la loi".
Tout bien considéré, la question qui se pose est celle de savoir si, après l'interpellation de Félix Tshisekedi à partir de Bunia, et les rendez-vous manqués des deux précédentes législatures, l'Opposition va cette fois-ci, évacuer l'hypothèque de la désignation de son porte-parole. Autrement dit, cette fois-ci sera-t-elle la bonne? Trêve de spéculations ! Toujours est-il que les mêmes causes produisent les mêmes effets et dans les mêmes conditions. Grevisse KABREL
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