Le FCC semble disposé à multiplier et encourager des crises aussi bien réelles qu’artificielles pour fragiliser Félix Tshisekedi et contrer sa percée dans l’opinion nationale. Les lieutenants de Joseph Kabila estiment que ce serait le meilleur moyen de revenir devant le peuple congolais et espérer reconquérir la présidentielle en 2023. Voilà qui justifie la retraite organisée par le FCC à Kisantu dans le Kongo Central.

Le Potentiel

Le Front commun pour le Congo a certes perdu la présidentielle du 30 décembre 2018, mais il a réussi à s’adjuger une majorité confortable aussi bien dans les deux chambres du Parlement que dans la plupart des exécutifs et assemblées provinciales. Si la plateforme a accepté sportivement l’échec de son candidat à la présidentielle, il n’a jamais digéré ce que nombre de ses partisans considèrent comme un affront. Il est désormais hanté par une chose : reconquérir le trône présidentiel en 2023.

Pour remonter à la surface et nourrir encore l’espoir de convaincre le souverain primaire, le moment venu, le FCC voudrait imaginer de nouvelles stratégies. Raison pour laquelle, depuis le mardi 26 novembre 2019, les bonzes du FCC se sont retranchés à Kisantu, dans le Kongo central, pour réfléchir sur l’avenir de leur plateforme. Il s’agit de faire le point du chemin parcouru, tout en balisant la voie qui mène aux scrutins de 2023.

« La reconquête du pouvoir passe immanquablement par une remise en question visant à faire coïncider le mode de fonctionnement de notre plateforme avec les idéaux qu’elle défend de manière à limiter les effets pervers de la logique d’appareil afin de mieux saisir les véritables attentes de nos populations », a fait observer son coordonnateur, Néhémie Mwilanya, à l’ouverture de la cogitation de Kisantu.

Le FCC a déjà les regards tournés vers 2023. Son coordonnateur l’a rappelé dans des termes ne pouvant se prêter à aucune confusion : « Bien que le FCC soit fortement impliqué dans la nouvelle dispensation politique, il parait indiqué de faire l’autopsie de notre échec électoral à la présidentielle de 2018, dans un esprit constructif afin de baliser le chemin vers une reconquête du pouvoir lors des prochains scrutins. A cet effet, il nous faudra bien évidemment mettre en relief nos faiblesses et nos atouts observés tout au long du processus électoral avec pour souci une meilleure articulation de notre stratégie électorale ».

En même temps, le FCC est conscient du grand fossé qui le sépare de la population. Il cherche davantage à se rapprocher de la population. A Kisantu, le crédo est de promouvoir la proximité pour faire adhérer la population à la nouvelle vision du FCC. « Il semble, en effet, que notre message sur notre bilan n’ait pas été suffisamment entendu avec le même retentissement dans les zones éloignées autant que dans des grands centres urbains ».

Au-delà de cette stratégie de proximité sur laquelle le FCC pense calquer sa nouvelle ligne politique, c’est plutôt la gestion du chef de l’Etat Félix Tshisekedi qui est à l’étude. Pour retrouver le siège présidentiel qu’il a perdu en 2018, le FCC sait – avec raison d’ailleurs – que le principal obstacle qui pourrait se dresser sur son chemin est le président de la République, Félix Tshisekedi. Certes, le chef de l’Etat n’a pas encore dévoilé clairement ses ambitions politiques en 2023, mais le FCC ne voudrait pas être pris de court. A Kisantu, toutes les hypothèses sont sur la table.

De toutes les façons, le FCC ne redoute pas une candidature de Félix Tshisekedi à la présidentielle de 2023. Il réfléchit plutôt sur les moyens de le contrer pour restreindre le plus possible ses chances de succès.

A Kisantu, toute la réflexion du FCC tourne autour de cette problématique. C’est les non-dits d’une messe noire destinée à fragiliser Félix Tshisekedi pour ne pas lui laisser une seule occasion de réussir son mandat, d’une part, mettre en pièces son mandat. Les sorties intempestives des ténors du PPRD en sont un témoignage vivant. Des piques sont lancées sans ambages à l’endroit de l’UDPS. Il s’agit d’un scenario bien planifié qui devra s’étendre jusqu’en 2023, année de prochaines élections.

Le plan B

En même temps, à Kisantu, les bonzes du FCC se penchent sur un autre sujet. Le FCC redoute qu’en cas d’une crise institutionnelle, Félix Tshisekedi soit amené à dissoudre le Parlement. Une scène d’apocalypse que le FCC cherche à éviter par toutes les issues possibles. Dans sa retraite de Mbuela Lodge, le FCC a mis à contribution ses juristes et d’autres stratèges pour contrer une telle initiative – si jamais la menace d’une dissolution du Parlement devenait imminente.

A tout prendre, la retraite du FCC n’est pas une occasion de réarmement moral des partenaires politiques. C’est tout, sauf ça. La messe noire de Kisantu sert en réalité de laboratoire des tacles répétés destinés à couper le souffle au chef de l’Etat Félix Tshisekedi.

Les premières frictions de la coalition FCC – CACH ont mis en alerte le FCC. Dans l’entourage de Kabila, on a opté pour l’anticipation. Ainsi, à chaque coup de Félix Tshisekedi, le FCC voudrait avoir une alternative pour ne pas être pris de court.

« Le FCC restera exigeant vis-à-vis de son partenaire quant à l’accomplissement, de bonne foi, de sa part du contrat, instruit particulièrement par les actes devenus récurrents d’intolérance et de tentative d’atteinte à la lettre et à l’esprit des principes fondamentaux régissant la coalition », a d’ores et déjà promis Néhémie Mwilanya.

A moins d’être naïf, la retraite du FCC à Kisantu est une messe noire, dont la cible principale s’appelle Félix Tshisekedi. Le FCC n’acceptera jamais que le chef de l’Etat réussisse son mandat. Laisser faire ce dernier rimerait à un arrêt de mort. Ce n’est pas pour rien que le FCC a choisi de se retrouver bien en dehors de Kinshasa pour monter son plan d’attaque.

Ce plan, qui ne sera pas porté à la connaissance du grand public, est décliné sur deux axes, indiquent des sources bien renseignées. Il s’agit de fragiliser le plus possible Fatshi en multipliant des obstacles mais aussi en encourageant des crises réelles ou artificielles aux fins de compliquer son emprise sur l’appareil de l’Etat. De même, le FCC se tient prêt à bloquer toute tentative de dissoudre le Parlement. Tout est fait pour baliser largement la voie afin que le FCC – qui ne se cache plus son intention d’aligner Joseph Kabila en 2023 – récupère le pouvoir d’Etat.

Que reste-t-il à faire ? Quelle sera la réaction de l’UDPS ? Autant d’inconnues qui nous replongent dans une période d’incertitudes. Les prochains mois seront très agités sur le terrain politique. D’ici aux prochaines joutes électorales tout pourrait arriver. Dans un sens comme dans un autre.

En définitive, ce qu’il faut retenir c’est que la coalition FCC – CACH est loin de sortir de la zone de turbulences. L’accalmie de ces derniers jours n’est qu’apparente. Entre les deux partenaires à la coalition, c’est l’hypocrisie dans sa forme primaire. Ne dit-on pas que le calme précède la tempête ? wait end see.
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