Comme Forum des As l'a annoncé dans son édition du lundi dernier, le Gouvernement Ilunkamba, par le biais de son vice-Premier ministre en charge du Budget, a présenté hier mardi 10 décembre, le projet de budget 2020 au Sénat. Jean-Baudouin Mayo a été précédé au micro de la Chambre haute du Parlement, par le ministre des Finances Sélé Yalaghuli, qui a fait l'économie de la loi de reddition des comptes de l'exercice 2018.
Face à l'impératif du temps, les sénateurs n'ont plus que quelque quatre jours pour soit approuver, soit désapprouver ce projet de loi qui leur est présenté à quelques jours de la fin constitutionnelle de la session ordinaire de septembre, prévue ce samedi 14 décembre.
Pour la première fois, le projet de loi de reddition de comptes, soubassement du Budget en discussion n'a pas été examiné lors du débat général à la plénière. Le texte a été plutôt directement envoyé à la Commission ECOFIN. Pour la première fois aussi dans l'histoire du Sénat, la Commission Ecofin n'a que la seule journée d'aujourd'hui mercredi, pour apprêter son Rapport. D'ores et déjà, les sénateurs restent sceptiques, quant aux capacités du Gouvernement à mobiliser les 10 milliards de dollars américains, présentés comme le budget 2020.
Celui-ci était chiffré à 8.000 milliards de FC en équilibre en dépenses et en recettes. Ce Budget a été réalisé au taux de 88,90%. Malheureusement, il a connu un déficit dû au dépassement dans l'exécution des dépenses suite au processus électoral. Ce déficit a été financé par la BCC en recourant à la planche à billet. Quant au projet de loi de finance-2020, le VPM en charge du Budget a d'abord commencé par s'excuser devant la Chambre haute pour le retard pris dans son dépôt à l'Assemblée nationale, en le justifiant par des motifs d'ordre politique.
Ensuite, il a expliqué le contexte de son élaboration qui est celui de la passation civilisé et pacifique de pouvoir entre l'ancien Président Joseph Kabila et son successeur Félix Tshisekedi. Le budget est de 18.000 milliards CDF soit 10 milliards USD en équilibre en recettes comme en dépenses. Ce Budget introduit plusieurs innovations. Notamment, la gratuite de l'enseignement de base dans tous les établissements publics. Il y a aussi la couverture de la santé universelle, la recherche biomédicale, les médicaments génériques, la construction des infrastructures.
Ce n'est pas tout. Jean-Baudouin Mayo Mambeke a ajouté la Caisse nationale de péréquation déjà effective. Le démarrage de la construction du Port en eaux profondes de Banana et l'informatisation de la chaine de recettes sont également d'autres innovations contenues dans ce budget. Le Budget prévoit des mesures pour encadrer les recettes de la DGDA, la DGI et la DGRAD et la révision à la hausse du coût de la carte de travail pour étrangers.
Par ailleurs, des mesures coercitives pour contraindre les opérateurs miniers à payer les 10% prévus dans le nouveau Code minier sont prévues dans la nouvelle loi des finances 2020. Plus concrètement, le Budget réserve 30% des dépenses aux secteurs à caractère social et les 30 autres aux investissements. C'est ici où il y a la construction des infrastructures de sites clés comme le projet-Inga. Aussitôt après l'exposé de JB Mayo, s'en est suivi le débat où trente-huit sénateurs sont intervenus. On retient en substance que tous avaient à la gorge deux inquiétudes majeures, à savoir le sort des provinces considérées comme des laissées-pour-compte dans le Budget-2020 et surtout sa hauteur de 10 milliards USD.
En ce qui concerne leur doute de voir le Gouvernement mobiliser 10 milliards de dollars américains, les sages du Sénat donnent un argument imparable selon lequel le taux de réalisation de tous les Budgets de la RDC n'a jamais dépassé les 60% des réalisations. Comment alors le gouvernement partira-t-il, de 5 milliards au double, soit 10, on ne voit pas par quel mécanisme. Toujours avec chiffres à l'appui, ils estiment que pour atteindre ce montant de 10 milliards USD, il faudrait un taux de réalisation des recettes de 150%.
Impossible pour quiconque sait que les recettes des miniers sont à revoir à la baisse car les prix des cours du cuivre et du cobalt sont en train de connaitre une chute vertigineuse. Partant, les sénateurs qualifient ce Budget de 10 milliards USD de non sincère et irréalisable. On peut trouver la substance des préoccupations des élus des élus dans les interventions de Carole Agito et Evariste Boshab Mabudj.
Après avoir louangé la présentation du projet de Budget par le VPM Jean-Baudouin Mayo Mambeke, Agito lui adresse par la suite un sévère réquisitoire. Elle exprime mille craintes à savoir comment le gouvernement va financer ce Budget de 10 milliards USD. Des chiffres ronflants qui contrastent avec la précarité de la population. Carole Agito dénonce le paradoxe de ces chiffres qui n'ont pas d'incidence sur le quotidien de la population. Les provinces qui sont des oubliées de ce Budget 2020 sont pour la quasi-majorité dans une pauvreté indicible et vivent encore à l'âge de la pierre taillée sauf quelques-unes à compter sur le bout de doigts à cause de l'inexistence de la rétrocession de 40%.
Elle fait remarquer que la Caisse nationale de péréquation est inopérante. Evariste Boshab Mabudj, lui, fustige, le fait que le gouvernement trouve normal de justifier le retard pris dans le dépôt du projet de Budget pour des raisons politiques. C'est le monde à l'envers, car il faut savoir respecter la loi. Pour les chiffres présentés, il évoque des effets d'annonce. "Il s'agit de la logique politique et non de la logique cartésienne", lance à brûle-pourpoint Mabudj en direction du VMP-Budget Mayo Mambeke resté impassible face aux interventions au vitriol des sénateurs, toutes tendances confondues. KANDOLO M.
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