Face à l’inertie du gouvernement, au sein duquel certains ministres brillent par l’incompétence et d’autres, particulièrement infiltrés pour torpiller les actions du chef de l’État, celui-ci dispose, à défaut du « stylo rouge », du levier du remaniement. Et ce, pour deux raisons majeures. D’une part, corriger le déséquilibre qui octroie au Front commun pour le Congo l’essentiel des ministères du secteur économico-financier, laissant au CACH la portion congrue. D’autre part, placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Faute d’actionner le levier du remaniement, la crise deviendrait longue et persistante.

Le Potentiel

Le 24 janvier 2020, Félix-Antoine Tshisekedi venait d’accomplir un an au pouvoir, en tant que 5ème président de la République de la République démocratique du Congo.

En marge du bilan, le chef de l’Etat note que son gouvernement, mis en place le 26 août2019, ne fonctionne pas comme il se doit. Beaucoup de ses ministres, notamment ceux issus des rangs du Front commun pour le Congo (FCC), sont mis à contribution pour saboter la matérialisation de son programme quinquennal.

Pour mieux comprendre ce qui se passe, il importe de remonter aux conditions de mise en place de l’équipe gouvernementale. Il a fallu près de cinq mois pour que le FCC et le CACH s’accordent sur le nom de la personne qui doit coordonner l’équipe de l’Exécutif. M. Sylvestre Ilunga Ilunkamba est désigné Premier ministre formateur du gouvernement le 20 mai 2019.

24 janvier 2019-26 août 2019, il a fallu, en tout et pour tout, sept mois et deux jours depuis l’investiture de Félix Tshisekedi pour que soit enfin publié le premier gouvernement de l’alternance. Comme c’était long.

Les tractations entre les deux familles politiques membres de la coalition ont mis près de quatre mois pour enfin présenter à la nation un gouvernement éléphantesque de 67 membres, parmi lesquels on dénombre, 5 vice-Premiers ministres (Intérieur, Justice, Budget, Plan, Infrastructures) ; 10 ministres d’Etat (Affaires étrangères, Coopération, Hydrocarbures, Décentralisation, Ressources Hydrauliques, Emploi, Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), Genre et Famille, Urbanisme et Communication) ; 34 ministres et 17 vice-ministres.

La taille de ce gouvernement inquiète. Il est jugé budgétivore par ces temps où le pays fait face à l’amenuisement de ses ressources. Ce gouvernement pose donc problème, mais, au nom de la coalition politique, le peuple a dû avaler la pilule.

Le déséquilibre est patent

A scruter la répartition des portefeuilles entre les deux principales composantes, on se rend vite compte que le Front commun pour le Congo de Joseph Kabila, ayant réuni la majorité parlementaire, se taille non seulement la part du lion, mais se tape aussi l’essentiel des ministères juteux, notamment tous les portefeuilles du secteur économico-financier (Finances, Portefeuille, Mines, Plan, ajouter à cela la Défense et la Sécurité).

En face, le CACH de Félix Tshisekedi se contente de la portion congrue représentant le secteur politique, avec notamment l’Intérieur et les Affaires étrangères ; le Budget revenant à l’UNC de Vital Kamerhe allié de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) au sein de la plateforme CACH. Là s’installe déjà le déséquilibre.

Aussi, le secteur social sur lequel le chef de l’État avait choisi d’axer son programme quinquennal lui est également disputé. C’est le cas de l’Éducation (EPST, ESU) et l’humanitaire qui sont confisqués par l’allié FCC, au nom du poids politique. À ce niveau, le déséquilibre est patent. Le résultat de tout cela est ressenti négativement par le peuple congolais.

Aujourd’hui, à défaut du ‘’stylo rouge’’, la solution passe par un remaniement. Et dans ces conditions, personne ne contestera au chef de l’Etat la prérogative de revisiter la composition de l’équipe gouvernementale afin de mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Tant il est connu de tous que l’actuel gouvernement compte un nombre de membres qui brillent par leur incompétente, d’autres, particulièrement, incorporés dans le groupe juste pour torpiller l’action du chef de l’État.

Au-delà de toute polémique stérile autour des propos du chef de l’Etat sur sa volonté de dissoudre l’Assemblée nationale en cas de crise persistante, personne ne dénierait à Félix Tshisekedi le droit de remanier de l’équipe gouvernementale, dans le but de corriger le déséquilibre sur lequel est bâti l’Exécutif.

A cette occasion, le président de la République Félix Tshisekedi reprendrait le contrôle des secteurs de souveraineté à lui reconnus par la loi. Faute de quoi, la crise deviendrait longue et persistante.

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