Emprisonné depuis le mercredi 08 avril dans la soirée, Vital Kamerhe reste toujours en détention. Malade, le Directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi voit sa libération provisoire se retrouver au cœur d’un calcul politique. Explications.


Le 11 avril 2020, la Chambre de conseil du Tribunal de Kinshasa/Matete a rejeté une demande de libération provisoire des avocats de Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du président Tshisekedi, jusque lors placé en détention préventive, à la suite de son interpellation, trois jours plus tôt, à l’issue d’une intense audition au parquet de Matete à Kinshasa.

Dans sa décision, le Tribunal s’appuie sur le fait qu’une libration du président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) pourrait impacter l’instruction en cours. « Des indices sérieux de culpabilité » sont alors évoqués. Mais, le Tribunal annonce dans la foulée que Vital Kamerhe sera détenu pour 15 jours.

Une polémique s’est vite installée. Du point de vue des avocats de Vital Kamerhe, qui accusent la justice d’un acharnement politique contre leur client, le décompte commence à partir du moment de l’arrestation de Kamerhe, soit au 08 avril 2020. Ainsi, le 23 avril, le président de l’UNC aurait totalisé 15 jours en détention.
Le Tribunal aurait donc dû le libérer. Par ailleurs, à la prison de Makala, plusieurs sources font état des « soucis de santé » pour Vital Kamerhe.

Le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi aurait fait un malaise et sa santé continuerait de se dégrader. « Vital Kamerhe a des soucis de santé depuis 3 à 4 jours à la prison centrale de Makala« , alerte l’un de ses avocats sur Top Congo. Il rapporte qu’ « une ambulance médicalisée est plantée, depuis 3 jours, dans la concession de la prison centrale pour surveiller l’état de santé de [son ] client« .




Un cabinet présidentiel divisé

Du côté du Tribunal, on est resté silencieux quant à l’état de santé de Vital Kamerhe. Plusieurs sources affirment que l’ordonnance du Tribunal « condamnait » Kamerhe à une détention préventive de « 15 jours supplémentaires ». C’est-à-dire, à compter de la date du 11 avril 2020. Mais, dans cette seconde hypothèse, Vital Kamerhe aurait tout aussi pu totaliser 15 jours de détention le 26 avril 2020.

Cependant, alors que ses avocats s’apprêtaient à réclamer sa libération, le Parquet de Matete annonce la fin de introduction et le transfert du dossier au Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe, où le Ddiecteur de cabinet de Félix Tshisekedi devrait être jugé. Conséquence de cette décision, Vital Kamerhe reste en détention. Alors que nul ne sait, pour l’heure, la date à laquelle le Tribunal de la Gombe pourrait entamer le dossier et fixer le programme des audiences.

La détention de Vital Kamerhe s’inscrit, par ailleurs, dans un contexte politique inavoué. En effet, depuis son arrestation et son transfert à la prison de Makala, Vital Kamerhe continue de clamer son innocence et de fustiger un procès politique. « C’est tout simplement regrettable. Un homme, c’est le respect de la parole. Nous comprenons que le problème, c’est l’Accord de Nairobi. Il faut déjà éliminer quelqu’un, comme Vital Kamerhe. Il faut le rendre inéligible en créant des dossiers autour de sa personne pour le salir », a déploré le porte-parole de l’Union pour la nation congolaise (UNC), Selé Yemba, dans une déclaration à la presse.

Sele Yamba est un conseiller du président Tshisekedi. Comme lui, plusieurs autres membres du cabinet du Chef de l’État congolais sont, en réalité, des proches de Vital Kamerhe. Ils n’ont pas hésité à fustiger l’arrestation de leur leader. Par ailleurs, le président Tshisekedi, étant en coalition avec l’UNC de Vital Kamerhe, tant au niveau du gouvernement et que du Parlement, des ministres et des élus de l’UNC n’ont pas hésité à hausser le ton pour dénoncer, à leur tour, la procédure judiciaire. Dans la foulée, ils ont même pris le soin de faire savoir que l’équilibre de la coalition est menacée.

Kamerhe est toujours Directeur de cabinet


Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe ont, en effet, conclu un accord politique en novembre 2018 stipulant que le fils d’Etienne Tshisekedi sera soutenu comme candidat de la coalition commune à la Présidentielle de décembre 2018, alors que le président de l’UNC sera le candidat de la coalition à la présidentielle de 2023. C’est aux termes de cet accord que les deux s’allieront pour battre campagne ensemble et finir par remporter à l’élection présidentielle.

Ainsi, les proches de Kamerhe estiment que les manœuvres actuelles visent à écarter leur leader de la présidentielle de 2023. Toute condamnation pour corruption le priverait, selon la loi congolaise, d’une candidature à la Présidence de la République démocratique du Congo.

Conséquence des menaces des proches de Kamerhe, Félix Tshisekedi n’a opéré aucun changement à la présidence depuis l’arrestation de son directeur de cabinet. Son adjoint, Désiré Eberande, assume l’intérim. Et rien n’empêche à Vital Kamerhe de revenir à son poste une fois libéré, même provisoire. « La loi n’interdit effectivement pas à Vita l Kamerhe d’occuper de nouveau ses fonctions même en cas de libération sous conditions ou même pendant que l’affaire est instruite en procès », explique un avocat à POLITICO.CD.

Une situation qui plonge finalement la détention de Vital Kamerhe au cœur d’un bras de fer. Car, entre-temps, si le Directeur de cabinet arrivait à obtenir une libération provisoire, le voir se pointer à la Présidence pour occuper de nouveau ses fonctions, enverrait un très mauvais signal pour Félix Tshisekedi. Mais les avocats de Kamerhe promettent de saisir de nouveau le Tribunal de la Gombe (cette fois) pour une demande de libération provisoire. A ce moment, les juges seront placés entre le marteau politique et l’enclume de la loi pour délibérer. Vivement la semaine prochaine.

politico.cd
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