Six organisations congolaises de défense des droits de l’homme (Asadho, ACAJ, Licof, VSV, Justicia et la Ligue des électeurs) ainsi que les mouvements citoyens Lucha et Filimbi ont publié vendredi un communiqué commun pour souligner leur inquiétude devant l’insécurité qui se développe au Katanga, dans laquelle ils voient le « prélude à une grande crise ».


Alors que Lubumbashi était, vendredi matin, le théâtre d’une nouvelle manifestation de la population contre l’insécurité, après des cambriolages nocturnes à Kilobelobe par des bandits à main armée, six organisations de défense des droits de l’homme et deux mouvements citoyens ont publié un communiqué commun soulignant que la siuation sécuritaire du Grand Katanga se détériore « depuis plus d’un an ».

Bandits à main armée

A Lubumbashi et Kolwezi, ce sont des personnes non identifiées qui s’introduisent régulièrement dans des maisons, « causant parfois mort d’homme, viols et extorsion des biens, dans une impuissance parfaite des autorités politico-administratives ainsi que celles policières ».

En outre, les manifestations , pourtant garanties par la Constitution, sont dans les faits autorisées seulement si elles sont « organisées par les partisans des administrations provinciales », tandis que celles « organisées par les opposants politiques sont soit refusées, soit sabotées », ce qui entraîne parfois des violences. Ce fut le cas le 8 juillet, quand une manifestation de jeunes UDPS (parti des Tshisekedi), de l’Unafec (parti de Gabriel Kyungu, son allié katangais) et de Lamuka (coalition nationale d’opposition) contre des tentatives de main-mise des kabilistes sur le parquet et la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) s’est heurtée à des jeunes du PPRD (parti de Joseph Kabila) munis de machettes. Un responsable de la Jeunesse du PPRD a été interpelé par l’ANR (Agence nationale de Renseignement) pour s’expliquer sur la provenance des machettes.

Plusieurs corps de militants UDPS tués ont été repêchés dans une rivière les 12 et 13 juillet, rappelle le communiqué conjoint, qui précise qu’ils portaient des marques de torture. « Tout porte à croire qu’une stratégie a été mise en place pour tuer des manifestants »

Réprimer les marches de « non originaires »

A Kolwezi, poursuit le communiqué, « le gouvernement provincial, à travers certains conseillers du gouverneur et des membres des organisations proches de ce dernier, aurait recruté plusieurs groupes de sportifs (NDLR: c’est ainsi qu’on nomme, au Congo, des « gros bras » spécialisés dans la bagarre), des jeunes désoeuvrés et des enfants de la rue pour infiltrer les manifestations prévues par l’UDPS, Unafec et Lamuka sous prétexte que ces marches étaient organisées par des non originaires qui désiraient « prendre le contrôle de la ville ».

Des sources concordantes, poursuit le communiqué, indiquent « que des dignitaires de l’ancien régime se prépareraient à assassiner certains hauts officiers de l’armée et de la police proches de certains généraux originaires du Grand Katanga, en vue de provoquer un mécontentement populaire généralisé qui justifierait le lancement d’un mouvement de rébellion armée ».

Et l’enquête sur la mort des Bakata Katanga?

Les organisations signataires s’inquiètent aussi de ce que le bandit Gédéon Kyungu, qui revendique des positions sécessionnistes et s’est rallié à Joseph Kabila, n’a toujours pas été retrouvé alors qu’il a pris la fuite en février dernier lors d’attaques simultanées de ses Bakata Katanga contre plusieurs villes. Ainsi que de la lenteur de la justice militaire pour sanctionner les assassinats de Bakata Katanga pas toujours armés par des policiers le 23 février.

Elles se préoccupent également  de « la montée des discours et messages tribaux relayés sur les réseaux sociaux par des personnalités bien connues et identifiées, sans que la justice et les autorités n’interviennent pour y mettre un terme ».

Le communiqué souligne que « certains militants de l’UDPS », en particulier ceux de « la base Bilanga » à Kasumbalesa, contribuent à exacerber les tensions communautaires en percevant des taxes illégales à ce poste frontière et en obligeant les passants à s’arrêter avec respect lorsque le drapeau de leur parti est hissé.

Les organisations signataires invitent le gouvernement à interpeller les « autorités provinciales pour leur implication dans la dégradation de la situation sécuritaire et l’exacerbation des messages et autres pratiques tribalistes dans le but d’affaiblir l’autorité de l’Etat » et à « faire échec aux stratégies de déstabilisation de la région ». Elles recommandent aux autorités provinciales de « ne pas encourager l’insécurité contre leurs administrés » et aux partis de « cesser d’attiser les tensions tribales pour des fins politiques ».


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