Au cours de sa plénière du mercredi 11 novembre courant, consacrée au débat général sur le projet de loi de reddition des comptes 2019, la Chambre basse du parlement a fustigé, entre autres, les dépassements budgétaires à hauteur de 14.000%, à la Présidence de la république. Principalement dans les rubriques rémunérations et fonctionnement.  

Depuis, ces révélations des députés nationaux font polémique aussi bien dans les rues de Kinshasa que sur les réseaux sociaux. Coté Présidence de la république, l'un des Conseillers du Chef de l'Etat, Marcellin Bilomba, invité de l'émission Face-à-face de Top Congo de jeudi 12 novembre, a tenté de justifier ces "entorses" par rapport à la loi des Finances, avant de charger ouvertement le ministre des Finances Sele Yalaghuli, qu'il a accusé, notamment, de blocage du dossier du passeport congolais dont le coût devrait baisser de 185 à 100$. 

Invité à son tour, du Magazine Top Presse de Top Congo FM du vendredi 13 novembre, l'argentier congolais n'a pas cherché de mots pour répondre à toutes les questions, même les plus embarrassantes de ses interlocuteurs. Serein, Sele Yalaghuli a, d'un revers de la main, balayé toutes les accusations portées contre lui. 

En ce qui concerne le prétendu "blocage" de passeport, le successeur d'Henri Yav Mulang dit avoir rempli sa part de contrat. " J'ai fait ma part dans le dossier des passeports, il y a très longtemps. J'ai reçu le document un jeudi et je l'ai signé un lundi", explique-t-il.

On rappelle qu'au cours d'une matinée politique, mardi de la semaine dernière au siège du parti, le Secrétaire général ai de l'Udps avait accusé le ministre des Finances, de bloquer intentionnellement le décaissement des fonds pour la paie du mois d'octobre dernier, de la solde des militaires, des policiers et autres agents et fonctionnaires de l'Etat. Selon Augustin Kabuya, ce retard exprès causé par le ministre dans la sortie desdits fonds, est une façon pour lui de dresser ces catégories socioprofessionnelles contre le Chef de l'Etat Félix Tshisekedi. 

Cependant, à une question de la presse sur cette affaire, Sele Yalaghuli a décliné la "pédagogie" de la paie, depuis son avènement à la tête du ministère des Finances. "Sauf mauvaise foi, les militaires sont toujours payés en priorité depuis que je suis là, ensuite les policiers, les enseignants, les médecins et à la fin, les autres institutions", a-t-il confessé. 

LE "PONCE-PILATISME" DE SELE YALAGHULI

Outre le supposé "blocage" de la rémunération des militaires, des policiers, des agents et fonctionnaires de l'Etat, le parti présidentiel, par la bouche de son secrétaire général a.i, accuse également Sele Yalaghuli, de bloquer les actions du Chef de l'Etat. Sur ce point précis, Augustin Kabuya, dans son meeting incendiaire du mardi 10 novembre, avait clairement parlé des frais de fonctionnement de la Cour Constitutionnelle qui ne seraient toujours pas décaissés. 

Interrogé à ce sujet, le ministre des Finances a tout rejeté, précisant qu'il fait son travail dans les limites de ses prérogatives. "Pourquoi je bloquerais le Président de la république et pour en obtenir quoi ? J'en ai plusieurs fois parlé avec le Chef de l'Etat. Je n'ai pas reçu un quelconque mandat de mon parti (ndlr : PPRD) pour bloquer le Chef de l'Etat. Je joue mon rôle constitutionnel", répond Sele Yalaghuli à ses détracteurs.

Toujours pendant cette période où les dépassements budgétaires à la Présidence de la république font grand bruit, certains collaborateurs de Félix Tshisekedi accusent l'actuel ministre des Finances, de réserver un traitement de faveur à l'ancien Chef de l'Etat Joseph Kabila, autorité morale de sa famille politique, le Front commun pour le Congo (FCC). Pour les auteurs de cette accusation, ce traitement du prédécesseur de Félix Tshisekedi, serait également l'une des causes des dépassements budgétaires déplorés par les députés nationaux. 

Questionné justement à ce propos, Sele Yalaghuli fait le Ponce Pilate. "Les avantages conférés au Président de la république honoraire, Joseph Kabila, n'ont posé aucun problème et ne sont pas à la base des dépassements budgétaires". Et d'ajouter : "Ce n'est pas l'affaire du ministre des Fiances. C'est une prévision faite en son temps par le ministre du Budget et votée dans la loi des Finances par le Parlement".

Dans la même veine, l'argentier congolais ajoute qu'à travers le monde, il existe un certain nombre d'avantages conférés aux anciens présidents et anciens Premiers ministres. "La politique salariale des anciens Présidents de la république en RD Congo a été présentée par le ministère du Budget et votée par les députés. Pourquoi, je veux donner un avis sur ce que les élus du peuple ont dit. L'effort à fournir, c'est de poursuivre la marche vers l'assiette fiscale pour avoir assez de recettes. Ca ne pose aucun problème".

LA REDDITION DES COMPTES, PREROGATIVES DU MINISTRE DES FINANCES

Outre les trois sujets évoqués ci-dessus, l'équipe de "Top Presse" de Top Congo FM, a également abordé un autre, non des moindres. A savoir la reddition des comptes qui, depuis quelques jours, fait couler autant d'encre et de salive. En rapport avec cette matière, Sele Yalaghuli a déclaré, à haute et intelligible voix, que "la reddition des comptes fait partie des prérogatives constitutionnelles du ministre des Finances". A ce propos, il a précisé que les discussions techniques sur la reddition des comptes se tiennent à la Commission Economico-financière (ECOFIN) de l'Assemblée nationale. C'est à ce niveau que la Cour des comptes donnera ses avis et ceux qui ont des choses à contester, pourront le faire à ce stade. Sele assure que les équipes de son ministère étaient déployées depuis le mois de mars dernier pour faire ce travail et le document a été transmis à la Cour des comptes le 02 novembre courant.

"Le ministre des Finances rend compte aux deux Chambres du Parlement qui est l'autorité budgétaire. Elle vise à évaluer les dépenses et corriger éventuellement certaines choses avant l'adoption de la prochaine loi des Finances. Il faut lire les textes", explique le numéro 1 des Finances.  

Pour tout dire, Sele Yalaghuli soutient formellement que la Cour des comptes a fourni des avis sur la reddition des comptes. "Elle a été bel et bien saisie. Elle dit attendre de verser ses avis techniques et faire la certification lors des travaux en commission au Parlement. L'exercice de reddition des comptes est un exercice de rétablissement de la vérité…il ne s'agit pas d'accuser les gens d'avoir fait les dépassements. Le document a été déposé le 2 novembre à la Cour des Comptes et le même jour à la Présidence de la république", a-t-il conclu.

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