L’entourage de l’ancien Premier ministre précise toutefois que l’homme à la cravate rouge continue d’entretenir d’excellents rapports avec Joseph Kabila Kabange qui l’avait choisi pour être le chef de l’Exécutif entre 2012 et 2015.
C’est contre toute attente qu’Augustin Matata Ponyo a annoncé son départ du PPRD ainsi que du FCC évoquant des «raisons de convenance personnelle» non sans occasionner ainsi une défection de plus dans les rangs kabilistes. L’ancien Premier ministre a choisi Twitter pour faire cette annonce en postant: «Pour des raisons de convenance personnelle, j’ai déposé ma démission au PPRD et FCC». Pourquoi a-t-il choisi de zapper le PPRD et le FCC? La question taraude les esprits tant le motif officiellement avancé par l’ancien Premier ministre demeure moins précis s’il n’apporte déjà pas aucune précision.
Son entourage, selon RFI, soutient que «Matata Ponyo ne s’est jamais senti à l’aise parmi ses anciens compagnons dont plusieurs ne le portaient pas dans leurs cœurs». Une explication qui semble tenir la route. Depuis bien longtemps, l’homme à la cravate rouge a toujours laissé entendre cela. «J’ai navigué dans des eaux infestées de crocodiles. Mes adversaires étaient parfois issus de mon propre camp», avait-il déclaré à la faveur d’un entretien accordé à Jeune Afrique au lendemain de sa démission de la Primature, conformément à l’Accord politique du 18 octobre 2016.
La goutte d’eau ayant fait déborder le vase est sans nul doute le dossier «Bukanga lonzo», une patate chaude, dont la conclusion des enquêtes a conduit l’Inspection générale des finances -IGF- à remettre le dossier à la Justice. «Pour des raisons politiques, la plupart de gens qui alimentent le feu de discrédit de ce dossier sont malheureusement du PPRD et du FCC. Quelqu’un qui n’a pas été impliqué dans la gestion d’un projet, comment on peut le responsabiliser des faits de détournement?», a dit Matata lors de son intervention sur les ondes de la RFI, confirmant, à demi-mot, que son départ est motivé par un climat malsain entre lui et les autres cadres de la famille politique de Joseph Kabila. Ce, en dépit du fait qu’il ne reconnait pas de lien entre sa démission et le dossier IGF. «Quelle est la relation qui existe entre la démission d’un homme politique de ma trempe, d’un parti politique, du mouvement du FCC et le dossier de l’IGF qui a enquêté sur le dossier du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo?», s’est-il interrogé.
Quoi qu’il en soit, Matata Ponyo, a confié son entourage à AfricaNews, continue d’entretenir d’excellents rapports avec Joseph Kabila Kabange, ancien Président de la République. Sous le règne du Raïs, il a successivement été ministre des Finances et Premier ministre entre 2008 et 2016. Pour confirmer cela, Matata s’est montré gré vis-à-vis de l’autorité morale du FCC dans le tweet annonçant sa démission. «Je remercie SEM le Président honoraire Joseph Kabila Kabange pour m’avoir permis d’œuvrer pendant près de 12 ans au sein du PPRD et d’occuper des fonctions de ministre de Finances et de Premier ministre», a-t-il tweeté, pendant que dans l’opinion l’on se demande si l’ancien PM veut emboiter les pas aux anciens bonzes du FCC en ralliant l’Union sacrée de la nation.
Dans une réaction à chaud, le PPRD a qualifié la démission de Matata de «diversion» et de «non-événement», informant au passage que «Matata Ponyo a quitté le parti depuis décembre 2018 après son départ du gouvernement». Une incohérence, sinon oubli ou encore erreur de frappe, s’est glissé dans cette réaction, le concerné ayant démissionné de son poste de Premier ministre en 2016. «En 2018, il a créé son propre parti ATIC et avait aligné des candidats sur l’ensemble du pays pour ne récolter que 3 députés malgré les moyens financiers mis en jeu», a rapporté le PPRD, avant d’accuser Matata de ne pas «respecter la procédure» pour présenter «sa soi-disante démission» et de n’avoir «jamais participé à aucune réunion statutaire du PPRD».