Un baobab est tombé. La scène politique congolaise vient d’enregistrer une perte qui ne saurait pas être comblée si tôt. Car, l’un des monuments encore en vie vient de passer de l’autre côté de la barre. La nouvelle du décès de Kitenge Yezu, vieux «Tomatier» comme l’appelaient les fanatiques de ses Twitts, est tombé comme un couperet tôt le matin d’hier lundi.

Après vérification, ceux qui avaient encore des doutes ont fini par se plier et croire à la réalité fatale, celle de la mort du Haut Représentant du Président de la République.

L’illustre disparu aura marqué la scène politique nationale où il s’était signalé dès les premières heures de l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale.

Pour marquer son opposition à la philosophie politique des premiers dirigeants de son pays, Kitenge Yezu choisit le maquis avec d’autres compatriotes pour combattre les nouveaux dirigeants parce qu’estimant qu’ils continuaient la politique des colons belges. C’est ainsi qu’ils décidèrent de créer le Conseil National de Libération (CNL), dont le siège était à Brazzaville, capitale du Congo français.
Il l’avait lui-même témoigné à la mort de Yerodia Abdoulay, qu’il avait présenté comme le chef de leur gouvernement des maquisards basés à Brazzaville. Le CNL était composé de Gbenye, Soumialot, Mandungu, Lukunku, Bosheley, Tupa, Yumbu, Kanza, Asumanyi, Sengie, Mongali, Kabila Laurent Désiré, Mukuidi, Dikonda, Kapitula Bernadette, Tshialu Tshiabu, et bien entendu Kitenge Yezu Henri.


La plupart des maquisards, sinon tous, avaient regagné le pays aux termes des négociations que le Président Mobutu avait engagées par des personnes interposées.

L’homme des situations difficiles

Après avoir regagné le pays, Kitenge Yezu avait joué un rôle prépondérant sur la scène politique jusqu’à sa mort. Il s’est fait remarquer pendant les moments des turbulences politiques où le navire courait le risque de prendre l’eau.

Kitenge Yezu avait fait preuve de courage politique pour s’aligner derrière le maréchal Mobutu au moment où le bateau MPR était en train de se vider aux lendemains du discours de démocratisation du 24 avril 1990.


Toutes les tribulations qui s’en sont suivies avec en filigrane des marches de protestation souvent réprimées dans le sang, des pressions multiples venant aussi bien de l’intérieur du pays que de l’extérieur jusqu’à l’obtention par l’opposition et la société civile de l’organisation de la CNS (Conférence nationale souveraine)….Kitenge Yezu tenait fermement sa position.

La révocation du Premier ministre élu de la CNS avec toutes les scènes de violences qui s’en étaient suivies ; la prise en otage des Hauts conseillers de la République par l’armée sur ordre du maréchal Mobutu ; la mise en place du HCR-PT en remplacement du HCR qui avait investi le gouvernement Birindwa dit de «3ème Voie»… Henri Kitenge Yezu a traversé toute cette période pleine des vagues. C’est durant la même période qu’il deviendra ministre de l’Information et porte-parole du gouvernement.


Il compte parmi les rares acteurs politiques du régime Mobutu qui avaient refusé de travailler avec les régimes des Kabila (père et fils). Il s’était montré très critique envers les successeurs du maréchal Mobutu et n’avait jamais eu des relations privilégiées avec les nouveaux dirigeants. Ce qui explique qu’il préférait par moment vivre en dehors du pays.

Grand retour avec Fatshi

Après un long temps d’effacement, Kitenge Yezu va réaliser son retour sur la scène politique avec Étienne Tshisekedi lors de la rencontre de Genval en juin 2016 qui avait réuni bon nombre d’acteurs politiques de carrure.

Il avait également joué un grand rôle lors des négociations du Centre interdiocesain dites «Dialogue de la Saint Sylvestre». Il faisait aussi partie de la grande Commission du regroupement de l’opposition «Rassop» chargée de désigner le président du Conseil national suivi de l’accord de la saintSylvestre, CNSA.


Au lendemain de la messe noire de Genève, il se rapprochera davantage de Félix Tshisekedi alors candidat à la présidentielle de décembre 2018. Après sa victoire, Kitenge Yezu a été nommé Haut représentant du Chef de l’Etat en mars 2019, rôle qu’il jouera avec beaucoup de tact en vue de «libérer» le Président de la République de la coalition de gouvernance «FCC-CACH» jugée improductive parce que travaillant contre les intérêts de la population.

De l’organisation des consultations présidentielles à la création de l’Union Sacrée, Kitenge Yezu a joué un rôle de premier plan, de véritable manager pour que le Chef de l’Etat recouvre la plénitude de ses prérogatives. Il quitte la terre des ancêtres en laissant le pays sur les rails.

Adieu le vieux «Tomatier».

Dom/Le Phare

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