Il a créé la sensation en annonçant, la semaine dernière, sa volonté de continuer ce qu’il présente comme le « combat jusqu’ à la victoire finale » afin de préserver la démocratie. Franck Diongo parce que c’est de lui qu’il s’agit, se dit désormais déterminé à barrer la route « à tout projet qui va piétiner les élections transparentes ou fouler aux pieds les libertés publiques ».

Au-delà de son aspect cosmétique, cette déclaration faite à l’occasion de la commémoration des martyrs de son parti politique, le Mouvement Lumumbiste Progressiste (MLP) ne semble faire peur à personne. Tellement elle sonne comme un chantage venant d’un ancien opposant radical, ayant mis sa langue dans la poche dans l’espoir de se faire embaucher par le pouvoir qu’il prétend dorénavant vouloir combattre.

En quittant la prison centrale de Makala le 16 mars 2019 à la faveur d’une grâce présidentielle, Franck Diongo devenait l’un des premiers grands bénéficiaires de l’alternance democratique pacifique intervenue en RDC quelques semaines plus tôt. Condamné à cinq ans de servitude pénale pour arrestation arbitraire et détention aggravée, il ne pouvait espérer mieux qu’une telle décision pour recouvrer sa liberté.

Quand Diongo voyait tout en blanc

Depuis sa sortie de prison, le leader du MLP était devenu un inconditionnel défenseur du Président de la République, Félix Tshisekedi Tshilombo.

Ainsi, le 24 janvier dernier, à l’occasion de l’an de l’investiture de ce dernier à la magistrature suprême, il vantait son bilan.

Diongo avait épinglé notamment la rupture de la coalition FCC-CACH qui selon lui,« constitue une nouvelle indépendance après celle de 1960 »; la gratuité de l’enseignement de base; l’érection des sauts-de-mouton; la construction des routes secondaires et la baisse du prix du passeport.

Un cumul des déceptions

Sept mois plus tard, l’homme semble être frappé par une sorte de cécité qui l’a poussé à faire une autopsie très sévère du régime de Félix Tshisekedi.

Devant ses militants réunis samedi 18 septembre 2021, Franck Diongo a repris son discours radical, qui traduit sa déception de la gouvernance Tshisekedi. « Nous continuerons ce combat jusqu’à la victoire finale. Nous allons barrer la route à tout projet qui va remettre en cause la démocratie, piétiner les élections transparentes et ou foulée aux pieds les libertés publiques », a lancé l’ancien le dernier prisonnier politique du régime de Joseph Kabila.

Comment en est-on arrivé là ? Pour ceux qui l’ont côtoyé ces derniers mois, Franck Diongo se serait plaint de la non tenue des promesses qui lui auraient été faites par l’entourage du Chef de l’État.

Il aurait notamment reçu des garanties qu’il allait être nommé dans le gouvernement de l’Union sacrée de la Nation. «Jusqu’à quelques minutes avant la publication du gouvernement, il était sûr qu’il allait être nommé ministre. Il nous avait réunis au siège du parti dans le but de célébrer sa nomination. Mais quelques minutes avant la lecture de l’ordonnance à la RTNC, il était rentré brusquement chez lui », témoigne un membre du MLP.

Depuis, celui qui avait la réputation de pleurer sur les plateaux de télévision sous le régime de Joseph Kabila aurait commencé à développer une addiction à des boissons à forte teneur alcoolique au point que son entourage s’inquiéterait de sa santé mentale.

Mais ce n’est pas tout car, Franck Diongo serait aussi déçu sur un autre terrain.

En effet, le leader du MLP était devenu très actif sur la politique du Sankuru, sa province d’origine, en défendant le gouverneur Joseph Stéphane Mukumadi. Là aussi, il n’aurait pas trouvé satisfaction et se plaindrait que la Cité de l’Union Africaine n’a pas joué franc jeu avec lui.

En cause, la promesse qui lui aurait été faite de le nommer à la tête d’une entreprise publique au niveau national s’il parvenait à défendre ce gouverneur contre des poids lourds de la politique du Sankuru. « Il estime avoir accompli sa mission car, jusqu’à ce jour, Mukumadi reste gouverneur mais constate qu’une fois de plus, il a été floué par ses partenaires », croit savoir une source bien informée.

Ces éléments pris en compte, la volte-face de Franck Diongo risque de ne pas être prise au sérieux par une bonne partie de la population.

Jean Pérou Kabouira

 

LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top