Tout était conçu pour en mettre plein les yeux aux opinions publiques africaines. Les présumées preuves imparables d’une kleptocratie institutionnalisée au cours du règne de Joseph Kabila Kabange se sont transformées en peau de chagrin en passant au crible de la critique par les intellectuels africains de tout bord.

Après les Panama papers et toutes les autres tentatives de diabolisation de Joseph Kabila rondement menées dans le but tout d’abord de le « dégager » à l’époque du printemps arabe, le fils du révolutionnaire Laurent-Désiré Kabila avait toujours réussi à faire dos rond, jusqu’à quitter le pouvoir à la faveur d’une passation civilisée du pouvoir avec le candidat de l’emblématique parti de l’opposition, l’UDPS Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Une invulnérabilité qui agace

Il faut dire que les officines interventionnistes occidentales n’avaient pas l’habitude d’essuyer des revers dans la manipulation de la gouvernance des pays africains qu’ils croyaient avoir définitivement gagné à leur influence. Il leur suffisait de tousser pour qu’un coup d’État s’opère, qu’une rébellion armée éclate ou qu’une insurrection populaire voie le jour. Ces dernières années, à cause de la recrudescence du terrorisme international, le néocolonialisme semblait avoir délaissé le hard power des coups d’État et rébellions pour un soft power plus à même de mettre sous coupe réglée les dirigeants africains, à partir de l’activisme des ONG aux ordres et des médias globaux stipendiés. Il en est de même des organismes internationaux qui sont souvent mis à contribution avec leurs rapports au vitriol orientés, dont on se sert allègrement pour jeter le discrédit sur des dirigeants indociles.

C’est sur cette base que le changement de régimes a été obtenu avec succès sous le printemps arabe en Tunisie, en Libye, en Egypte, au Burkina Faso et même au Sénégal. Les stratèges des « régimes change » à la manœuvre pensaient pouvoir faire de Joseph Kabila une bouchée en actionnant l’insurrection populaire à partir des coups de boutoir des mouvements citoyens et de la société civile manipulée à dessein.

Ayant jeté leur dévolu sur un homme lige sorti des entrailles de la famille politique de Joseph Kabila, ils étaient convaincus qu’il leur suffisait de sécouer le cocotier de l’intérieur pour que le régime s’écroule. C’est ce qui explique des procès d’intention sur le troisième mandat alors qu’aucune tentative de révision constitutionnelle n’était à l’ordre du jour.

Nul n’ignore que les démissions des caciques du pouvoir de l’époque et la création subséquente du G7 étaient motivées par la promesse de l’avènement annoncé au pouvoir de Moïse Katumbi… Les sponsors des conférences de l’opposition à l’île de Gorée, à Johannesburg, à Genval et à Genève étaient donc les mêmes qui avaient financé la campagne électorale de Martin Fayulu à la dernière présidentielle, de l’aveu des sociétaires de Lamuka eux-mêmes.

Cependant, avant d’être obligés par la force de choses à se plier aux exigences démocratiques des scrutins du 30 décembre 2018, l’objectif visé était d’abord d’obtenir un chaos en dégageant Joseph Kabila du pouvoir. C’est ainsi que les marches de l’opposition de l’époque avaient pour visée non pas de battre le pavé pour exprimer une désapprobation, mais de chasser Kabila, ou à tout le moins de susciter des violences afin de lui faire porter la responsabilité d’une comptabilité macabre laborieusement préméditée.

Personne ne se souvient encore aujourd’hui des noms de militants des partis au pouvoir tués dans les sièges vandalisés des partis au pouvoir ou des policiers sauvagement abattus par des manifestants armés. Par contre Rossy Mukendi, Thérèse Kapangala et Hussein Ngandu tombés sous les balles de bévues policières ont été présentés à tout va comme des trophées de guerre par ceux qui avaient investi dans le Kabila bashing.

Malgré tout cet investissement, Joseph Kabila parvenait toujours à imposer son agenda en déjouant toutes sortes de peaux de bananes. En quittant le pouvoir à la régulière contrairement à la fin tragique lui promise par les néocolonialistes, Kabila aurait commis un deuxième crime de lèse majesté pour avoir confié les rênes du pouvoir à un vainqueur de la présidentielle autre que le candidat Martin Fayulu, porté à bout de bras par des néo-libéraux avides des ressources naturelles du coffre fort congolais. Nous reviendrons sur le dernier épisode du Kabila bashing, non sans avoir levé le voile sur le premier crime de lèse-majesté qui a valu à ce dernier la volée de bois vert que nous venons de décrire.

Les contrats chinois ou la ligne rouge franchie par Kabila




Vainqueur de la première élection présidentielle pluraliste au suffrage universel direct organisée en 2006, Joseph Kabila avait à cœur de faire savourer à ses compatriotes les délices de la démocratie retrouvée, après plusieurs décennies d’incertitude ayant débouché sur des guerres sur fond de contestation de la légitimité du pouvoir. Jusque-là, tout semblait se dérouler dans une entente parfaite avec les occidentaux, sous la houlette du Comité international d’accompagnement de la transition (CIAT).

Ayant repris tous les leviers du pouvoir, Joseph Kabila attendait de ces partenaires traditionnels un appui conséquent pour la réalisation de son projet de société dénommé « Cinq chantiers », essentiellement axé sur la réhabilitation et la construction des infrastructures qui faisaient cruellement défaut.

Quelle ne fut pas sa déception de ne recevoir que des promesses cosmétiques, jugées insuffisantes par rapport aux attentes soulevées par les promesses électorales du président élu. Soucieux de réussir son premier mandat, Joseph Kabila n’a pas eu d’autres choix que de recourir à un financement innovant de ses chantiers par la Chine, en contrepartie de la cession de quelques actifs miniers . Tel est le crime de lèse-majesté qui sonna la fin de la lune de miel entre les occidentaux et Joseph Kabila. « Ce garçon a osé offrir notre Congo aux chinetoques, il doit recevoir une punition exemplaire », confiait sous cape un diplomate belge gonflé à bloc.

Le lynchage médiatique de « Congo hold up »



La question à se poser est de savoir pourquoi les mêmes réseaux des ONG et médias occidentaux ont repris du service pour s’acharner contre Kabila alors qu’il n’est plus au pouvoir ? Se vantant d’avoir réalisé la plus grande fuite de documents bancaires de l’histoire de l’Afrique, un consortium de médias et ONG occidentaux s’est résolu à bassiner l’opinion publique en rabâchant sur des actes supposés de détournement de 138 millions de dollars par Joseph Kabila. Ils avaient besoin de quinze jours pour publier des enquêtes à charge contre Joseph Kabila grâce à 3,5 millions de documents bancaires chipés à la BGFIBank, une banque internationale installée depuis un demi-siècle en Afrique centrale.

A l’analyse, les insinuations de ce lynchage médiatique pompeux semblent avoir accouché d’une souris. Comme dit l’adage, tout ce qui est excessif est dérisoire. L’enfumage de ce qui est présenté comme l’enquête du siècle et la fixation viscérale sur un Joseph Kabila dont le nom ne figure nulle part sur les 3,5 millions de documents bancaires épluchés soulèvent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses. Par ailleurs, les méthodes dolosives et l’appel à la délation contre Kabila qui sous-tendent ce lynchage médiatique sont tout autant questionnables.

Au demeurant, personne de ces enquêteurs n’a répondu à la question de savoir qui a financé ces enquêtes à charge et dans quel but ? Question dont les opinions publiques africaines semblent détenir la vraie réponse, à en croire par la fin de non recevoir réservée aux délibérations du fameux consortium de médias et ONG occidentaux.

Échaudés, les Africains méfiants



Malgré l’illusion de la campagne de médias globaux visant à décrédibiliser Joseph Kabila, les opinions publiques africaines ont eu du mal à avaler certaines couleuvres indigestes y étalées pour en avoir vu des vertes et de non mûres.

De façon générale, les Africains ont compris que Joseph Kabila n’est ni le premier, ni le dernier dirigeant africain à subir le lynchage médiatique savamment orchestré dans les officines des puissances coloniales et néocoloniales. Tous ceux que le continent noir connaît comme héros sont passés par là. De Simon Kimbangu à Laurent Gbagbo, en passant par le camerounais Ruben Umyobe, le Congolais Patrice-Emery Lumumba, le Sud-africain Nelson Mandela qualifié de terroriste, l’Égyptien Nasser, le Libyen Mohamar Khadafi, le Burkinabè Thomas Sankara ou le Congolais Laurent-Désiré Kabila, tous les valeureux fils d’Afrique ont subi la foudre des médias globaux. De quoi se demander si Joseph Kabila n’est pas un autre héros vivant que la pègre du néocolonialisme décadent s’active à désacraliser pour briser la résilience et la souveraineté des Congolais qui souhaitent décider seuls de leur avenir et avoir le fin mot sur les richesses de leur sol et sous-sol.

La circonspection affichée par les opinions publiques africaines semble être partagée par le pouvoir de Félix-Antoine Tshisekedi. Tout porte à croire que les bonzes du régime ont rapidement flairé le piège et ne souhaiteraient plus répéter les erreurs du passé.

Car en effet, le Premier ministre belge avait tôt fait d’annoncer les couleurs en prétendant que « Félix Tshisekedi devait se servir des enquêtes de Congo Hold up pour consolider le combat qu’il mène contre la corruption ». Une façon de demander au président congolais d’endosser le sacrifice de Joseph Kabila tel que préparé sur l’autel de leurs ONG et médias aux ordres.

A chacun ses intérêts

Tout compte fait, les États n’ont pas d’amis. Ils n’ont que les intérêts. C’est de bonne guerre que des médias et ONG occidentaux agissent selon les intérêts des États qui les financent. Depuis la Conférence de Berlin, l’Afrique a toujours été considérée par les puissances occidentales comme un réservoir de matières premières pour leurs industries. Les intérêts des occidentaux les ont ainsi obligés de maintenir ce statu quo pendant et après la colonisation. Or, ces intérêts sont clairement aux antipodes de ceux des Africains qui ont compris qu’ils ne se développeront jamais si l’occident continue à piller sans contrepartie leurs ressources naturelles.

Nourri à la mamelle du nationalisme lumumbiste de type panafricaniste, Joseph Kabila n’a eu de cesse d’en appeler au respect de la souveraineté de son pays. Il est normal que des médias occidentaux fassent de lui leur ennemi public numéro 1. Il n’en demeure pas moins qu’il devient par ce fait une fierté pour ses compatriotes qui doivent poursuivre son combat, seule issue pour parvenir au développement et à l’émergence.

C’est ce qu’a compris Jules Alingete dans sa sage répartie au journaliste Franco-camerounais Alain Foka. En des termes clairs, le Shérif congolais des finances publiques, que personne ne pourrait soupçonner de complaisance vis-à-vis de Joseph Kabila, s’est refusé de faire des raccordements frauduleux entre les opérations bancaires opaques de la BGFIBank et Joseph Kabila. Comme le dit si bien un adage africain : « il ne faut pas laisser le voleur soutirer deux fois le butin dans la même poche ».
Jean Bodin Shimuna Luvumbu
OURAGAN

 

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