En adoptant cette résolution par dix voix pour, aucune voix contre et cinq abstentions (Chine, Russie, Ghana, Gabon et Kenya), le Conseil de Sécurité des Nations-Unies a ainsi prorogé l’embargo sur l’approvisionnement en armes de la RDC jusque l’année prochaine, et surtout en cette période où le pays est confronté aux différents groupes armés qui opèrent dans sa partie Est.
Accusée d’avoir trahi la RDC lors du vote de la résolution 2641 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, empêchant ainsi le pays au coeur du continent Africain de s’approvisionner en armes, et surtout en ce moment où il est agressé par le Rwanda via le M23, l’Union Européenne a, par la plume de son ambassadeur auprès de la RDC, Jean-Marc Châtaigner, apporté un éclairage sur la portée et les contresens entretenus autour de l’adoption de ladite résolution.
Dans un document dont une copie est parvenue à 24H.CD ce dimanche 03 juillet 2022, Jean-Marc Châtaigner précise que la résolution 2641 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies n’a aucun d’impact pour l’approvisionnement en armes de la RDC.
« Contrairement à ce que beaucoup affirment, cet embargo sur les armes établi au début des années 2000 pour accompagner le processus de paix de Sun City, ne s’applique plus à l’État congolais et à ses Forces Armées depuis la résolution 1807 de 2008 : Il vise exclusivement les différents groupes armés qui sévissent à l’Est du pays. Le Gouvernement congolais peut acheter et importer les armes qu’il souhaite », peut-on lire dans cette mise au point.
Et d’ajouter : « Cette résolution n’a aucun d’impact pour l’approvisionnement en armes de la RDC (puisque l’embargo ne s’applique pas aux autorités). Face à la résurgence ces dernières semaines des attaques criminelles du M23, le signal d’une levée totale du processus de notification aurait sans doute été plus fort. La résolution 2641 constitue néanmoins un progrès sur lequel les autorités peuvent s’appuyer pour demander un renforcement du soutien international aux FARDC ».
Dans la mise au point, Jean-Marc Châtaigner précise que le Conseil de Sécurité a examiné la demande de la RDC, sollicitant la levée du dispositif de notification, car estimant qu’il constituait une contrainte bureaucratique, mais le Conseil n’a pas tranché totalement dans ce sens. Il a néanmoins circonscrit le champ de notification à une liste précise d’armes et matériels (détaillés en annexe de la résolution).
Par contre, à en croire l’ambassadeur de l’Union Européenne auprès de la RDC, ce progrès n’a pas été jugé suffisant par 5 États (les trois pays africains du Conseil, la Chine et la Russie) qui n’ont pas voté la résolution et se sont abstenus. 10 États membres ont néanmoins voté pour (ce qui est suffisant, il faut 9 voix au minimum pour adopter une résolution au Conseil). Le Conseil s’est donc divisé, mais n’a pas été bloqué. Il aurait suffi d’un vote contre de la Chine ou de la Russie pour écarter le texte (droit de veto), ce qu’ils n’ont pas fait.
Pour certains commentateurs qui affirment que la France, « porte-plume » de la résolution, serait à l’origine de sa rédaction finale, Jean-Marc Châtaigner a rejeté en bloc toutes ces allégations, précisant au passage que la France a proposé une option médiane entre ceux qui voulaient appuyer la position congolaise et ceux qui s’y sont opposés, un « compromis » permettant le vote de la résolution (la levée de l’embargo sur les armes pour les groupes armés aurait été dramatique).
Pour rappel, peu après l’adoption de la résolution 2641 du Conseil de Sécurité des Nations-Unies le jeudi 30 juin dernier, l’UE et les USA ont essuyé plusieurs critiques de la part du peuple de la RDC. Les USA et l’UE ont été accusés d’appuyer indirectement l’agression de la RDC par le Rwanda.