La RN4, axe stratégique reliant les provinces de la Tshopo, de l’Ituri et du Nord-Kivu, est aujourd’hui synonyme de calvaire pour les usagers. Cette route, vitale pour l'économie congolaise et les échanges commerciaux avec l’Afrique de l’Est, est dans un état de délabrement avancé. Les travaux de reconstruction, annoncés avec grand espoir, peinent à démarrer, malgré une évaluation budgétaire colossale de 1,453 milliard USD.

Une route essentielle mais négligée

La RN4, longue de 850 km, joue un rôle crucial en reliant l’intérieur du pays aux corridors commerciaux qui mènent vers l’Ouganda et l’océan Indien. Cependant, faute d’entretien depuis plusieurs années, elle est devenue impraticable. Les camions transportant des denrées alimentaires et des marchandises se retrouvent embourbés ou immobilisés pendant des jours, voire des semaines, perturbant les approvisionnements dans les villes comme Kisangani.

Selon le ministre des Infrastructures et Travaux publics, Alexis Gisaro, l'étude de faisabilité a été achevée et un contrat signé avec China Communications Construction Company (CCCC). Pourtant, le principal obstacle reste la mobilisation des financements.

Les défis financiers du projet

Initialement, le financement du projet devait être assuré à 85 % par CCCC via EximBank of China et à 15 % par le Gouvernement congolais. Mais la partie chinoise a réduit sa contribution à 50 %, obligeant le gouvernement à renégocier les termes du contrat. Ce changement, inattendu, a retardé le démarrage des travaux, alors que la situation sur le terrain continue de se détériorer.

Le ministre a souligné la nécessité de trouver des solutions rapides pour sécuriser les fonds manquants, sans toutefois avancer de calendrier précis.

Conséquences économiques et sociales

L’état déplorable de la RN4 entraîne des répercussions économiques graves, notamment sur les prix des denrées alimentaires.

  • Augmentation des prix des haricots à Kisangani : Le haricot rouge, auparavant vendu à 2000 FC le kilo, coûte désormais 4000 FC, tandis que le haricot vert atteint 9000 FC le kilo, contre 4000 FC auparavant.
  • Blocage des marchandises : Des centaines de camions sont immobilisés sur l’axe Ituri-Kisangani, rendant difficile l’approvisionnement des marchés.
  • Perturbation des échanges commerciaux : Les produits manufacturés provenant de l’Afrique de l’Est via Beni arrivent au compte-gouttes, accentuant la précarité économique.

Promesses renouvelées, mais la population s’impatiente

Le président Félix Tshisekedi, lors de sa visite récente à Kisangani, a renouvelé l’engagement du gouvernement à reconstruire cette route stratégique. Pourtant, les habitants et les commerçants expriment leur frustration face à l’inaction prolongée.

« Nous souffrons énormément à cause de cette route », a déclaré une commerçante de Kisangani, appelant le gouvernement à accélérer le financement des travaux.

Lancement symbolique sans suivi concret

La cérémonie de lancement des travaux, organisée en grande pompe à Kisangani, avait suscité un espoir immense. Mais plusieurs mois après, la RN4 reste une plaie ouverte dans le réseau routier congolais.

Le gouvernement est désormais confronté à une double urgence : mobiliser les financements nécessaires pour ce projet et restaurer la confiance des populations touchées par cette crise logistique.

Un chantier test pour la gouvernance

La RN4 est bien plus qu’une route : c’est un baromètre de la capacité du gouvernement à gérer des projets d’envergure nationale. Si le projet de réhabilitation aboutit, il pourrait devenir un modèle pour d'autres infrastructures vitales en RDC. Mais pour l’instant, l’attente se prolonge, alimentant l’inquiétude et la colère des communautés affectées.

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