Le ministre des Hydrocarbures de la République démocratique du Congo (RDC), Aimé Molendo Sakombi, a annoncé le désengagement imminent de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler des actifs miniers et pétroliers du pays. Cette déclaration, faite lors du forum Makutano à Kinshasa, marque une étape cruciale dans la récupération par l’État congolais de ses ressources naturelles.
Un retrait attendu de longue date
« Je peux confirmer que le processus touche à sa fin. D’ici quelques semaines, le groupe Ventora [de Dan Gertler] sera complètement désintéressé de tous les actifs congolais », a déclaré le ministre. Cette annonce fait suite à l’accord signé en février 2022 entre le gouvernement congolais et Ventora, visant à résoudre les différends et permettre à la RDC de récupérer la pleine propriété de ses actifs.
Cet accord, bien qu'initialement salué par le gouvernement comme une victoire, a suscité des critiques de la société civile, notamment de la coalition “Le Congo n’est pas à vendre”, qui l’a qualifié de déséquilibré et défavorable à la RDC. Les organisations dénoncent notamment les 60 millions USD de royalties perçus par Dan Gertler depuis la signature de l’accord, et estiment que les termes du protocole manquent de transparence.
Un contexte de souveraineté économique renforcée
Cette confirmation intervient alors que la RDC multiplie les efforts pour reprendre le contrôle de ses ressources naturelles, essentielles à son développement. L’implication de Dan Gertler dans le secteur minier congolais, souvent critiquée pour son opacité, a fait l’objet de controverses internationales et nationales.
L’homme d’affaires est notamment accusé d’avoir bénéficié d’accords préférentiels qui auraient privé le pays de millions de dollars de revenus. Ces accusations ont valu à Dan Gertler des sanctions des États-Unis, bien que certaines aient été temporairement levées sous l’administration Trump.
Un pas vers plus de transparence ?
Le retrait de Dan Gertler est perçu comme une opportunité pour la RDC de rétablir la transparence et l’équité dans la gestion de ses ressources naturelles. Cependant, les observateurs restent prudents.
- Questions sur l’accord de retrait : Les détails de l'accord restent flous pour de nombreux acteurs, en particulier sur l’utilisation future des actifs récupérés et sur les compensations éventuelles octroyées à Dan Gertler.
- Impact sur les finances publiques : La société civile attend de voir comment ces ressources pourront désormais profiter directement à la population congolaise, notamment à travers des projets de développement.
Vers une nouvelle ère pour le secteur extractif congolais ?
Le départ de Dan Gertler pourrait marquer le début d’une nouvelle approche dans la gestion des ressources naturelles de la RDC. Alors que le pays s’efforce de maximiser les bénéfices de ses richesses minières et pétrolières, cette étape est perçue comme un signal fort en faveur de la souveraineté économique.
Cependant, des défis demeurent. La RDC devra s’assurer que cette reprise se traduit par une gestion plus transparente et efficace des ressources, afin de répondre aux attentes de la population et des investisseurs, tout en renforçant sa crédibilité sur la scène internationale.
La société civile, de son côté, promet de rester vigilante pour que ce désengagement soit réellement synonyme d’un nouveau départ.