La situation à l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) est de plus en plus dramatique. La semaine dernière, le groupe rebelle M23 a pris le contrôle de la ville de Sake et s'est rapidement dirigé vers Goma, une grande ville de 1,5 million d'habitants. Cette offensive, soutenue par le Rwanda, menace de déclencher un désastre humanitaire de grande ampleur. Alors que des millions de Congolais sont déplacés et souffrent des violences, la communauté internationale semble incapable de prendre des mesures concrètes pour stopper le conflit.
Jason Stearns, journaliste au Financial Times, critique sévèrement la lenteur et l'inaction des puissances mondiales face à cette crise. Selon lui, l'indifférence des dirigeants occidentaux laisse penser que les souffrances des Congolais ne les préoccupent pas. Cette apathie alimente des théories du complot parmi la population congolaise, certains croyant que la communauté internationale, voire les grandes puissances, préfère laisser la situation se détériorer. Cela explique en partie la montée de la popularité de la Russie parmi les Congolais, qui y voient une alternative aux actions perçues comme inactives de l'Occident.
L'un des aspects les plus choquants de ce conflit est la responsabilité du Rwanda. Bien que le gouvernement rwandais prétende que ses actions visent à protéger les Tutsi congolais et ses frontières contre les FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda), les rapports des Nations unies confirment l'implication directe de l'armée rwandaise dans le soutien au M23. Des milliers de soldats rwandais, accompagnés de matériel militaire sophistiqué, ont été déployés pour soutenir la rébellion.
Cependant, les condamnations de l'ONU et des puissances occidentales, bien qu'existantes, restent sans réelle action. Malgré les rapports des experts de l'ONU et la pression internationale croissante, les actions concrètes restent limitées. En effet, alors que les critiques envers le Rwanda se multiplient, des pays comme l'Union Européenne continuent d'investir au Rwanda et de soutenir des projets militaires dans d'autres régions, comme le Mozambique. Cela montre un manque de cohérence et une hypocrisie dans l'approche internationale face à ce conflit.
Le Rwanda, soutenu par son image d'un pays pacifié et économiquement stable, bénéficie d'une attention particulière, avec des partenariats économiques, sportifs et culturels qui masquent souvent ses actions en RDC. Le président Paul Kagame, malgré les accusations de soutien au M23, a su s'attirer la sympathie internationale, notamment en affichant une image moderne et ouverte du pays. Mais derrière cette façade, le régime rwandais poursuit ses objectifs expansionnistes au détriment de la souveraineté de la RDC.
En 2012, sous la pression des donateurs, le Rwanda avait été contraint de mettre fin à son soutien au M23, ce qui avait conduit à l'effondrement de la rébellion. Toutefois, aujourd'hui, le contexte international semble avoir changé. Les préoccupations géopolitiques, économiques et la gestion de la migration semblent plus importantes que la défense des droits humains ou l'arrêt des souffrances en Afrique centrale. Le monde semble avoir accepté l’indifférence face à la crise congolaise, tout en se concentrant sur d'autres urgences internationales, comme la guerre en Ukraine.
Pour Jason Stearns, si la communauté internationale continue de regarder ailleurs pendant que des millions de Congolais souffrent, c'est parce qu'elle choisit délibérément de ne pas agir.