Lors de l’ouverture de la 58ᵉ session du segment de haut niveau du Conseil des Nations Unies des droits de l’homme à Genève, en Suisse, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé un appel urgent à la fin des violences et des violations des droits humains dans les territoires de l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) occupés par les rebelles du M23/AFC, soutenus par le Rwanda. Cet appel intervient dans un contexte de crise humanitaire et sécuritaire alarmante, qui menace de dégénérer en une crise régionale.
Un appel à la paix et au dialogue
Antonio Guterres a exprimé sa profonde préoccupation face à l’escalade des violences dans l’Est de la RDC, provoquée par l’offensive du M23, un groupe armé soutenu par le Rwanda. Il a souligné l’urgence de mettre fin aux hostilités et de relancer le dialogue pour éviter une crise régionale. « En République démocratique du Congo, nous sommes témoins d’un tourbillon de violences provoqué par l’offensive du M23, soutenu par le Rwanda. Il est temps de tout faire pour taire les armes. C’est l’heure de relancer le dialogue parce que le risque d’une crise régionale est réel », a déclaré le Secrétaire général.
Un tableau sombre dressé par la Première ministre congolaise
La Première ministre de la RDC, Judith Suminwa, a également pris la parole lors de cette session pour dénoncer les atrocités commises par les rebelles du M23/AFC. Elle a décrit une situation humanitaire catastrophique, marquée par des massacres, des déplacements massifs de populations et des violations graves des droits humains. « Nous continuons, à ce jour, d’enterrer les morts que nous n’avons pas cessé de dénombrer et de compter des millions de déplacés sans abris dont la plupart des camps ont été détruits par les forces d’occupation », a-t-elle déclaré.
Elle a également fourni des chiffres alarmants :
Plus de 7 000 morts depuis janvier 2025, dont plus de 2 500 corps enterrés sans identification.
Plus de 1 500 corps encore dans les morgues.
Plus de 215 cas de choléra identifiés et des cas de Mpox non pris en charge, avec un risque d’expansion.
Plus de 27 millions de personnes ayant besoin d’assistance humanitaire et 2,8 millions de déplacés internes.
Judith Suminwa a appelé le Conseil des droits de l’homme à prendre des sanctions dissuasives contre le Rwanda pour restaurer l’ordre et la sécurité dans les régions occupées, notamment à Goma et Bukavu.
Une crise qui dépasse les frontières
Le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a rappelé que les conflits en RDC ne concernent pas seulement ce pays, mais représentent une menace pour toute la région des Grands Lacs. Il a souligné l’importance d’une réponse internationale coordonnée pour prévenir une escalade régionale et protéger les populations civiles.
Les revendications de la RDC
La RDC, à travers sa Première ministre, a réitéré ses demandes à la communauté internationale :
Sanctions contre le Rwanda : Extension et intensification des sanctions économiques et individuelles contre le Rwanda et le M23.
Embargo sur les minerais illicites : Imposition d’un embargo immédiat sur les minerais exportés illégalement depuis le Rwanda.
Suspension du Rwanda des opérations de maintien de la paix : Exclusion du Rwanda des missions de l’ONU tant qu’il continue de soutenir le M23.
Contrôle des transferts d’armes : Renforcement du contrôle des livraisons d’armes au Rwanda.
Conclusion
L’appel d’Antonio Guterres et les interventions de Judith Suminwa et Volker Türk soulignent l’urgence d’une action internationale pour mettre fin à la crise dans l’Est de la RDC. Alors que les violences et les violations des droits humains continuent de faire des ravages, il est essentiel que la communauté internationale intensifie ses efforts pour rétablir la paix, protéger les civils et sanctionner les responsables. Sans une réponse ferme et coordonnée, la situation risque de dégénérer en une crise régionale aux conséquences désastreuses. La RDC, soutenue par l’ONU et ses partenaires, espère ainsi tourner la page de cette tragédie et œuvrer pour un avenir plus stable et prospère.