« Je refuse de cautionner une instrumentalisation politique de la crise sécuritaire, donc je ne suis ni demandeur ni preneur ». C’est en ces termes que Jean-Marc Kabund, leader politique et ancien président de l’Assemblée nationale, a répondu à la proposition de Félix Tshisekedi de participer à la formation d’un gouvernement d’union nationale. Cette déclaration a été faite lors d’une interview accordée à nos confrères de Jeune Afrique.
Kabund a vivement critiqué le bilan du président Tshisekedi, le qualifiant de « sans appel ». Selon lui, la gestion du pays sous le mandat de Tshisekedi a été marquée par une dégradation sécuritaire, une paupérisation accrue de la population et un autoritarisme croissant. « Le bilan est sans appel. Sous son mandat, le pays sombre dans la violence, avec l’Est en proie à la guerre, 80 % de la population sous le seuil de pauvreté et un mépris total pour l’État de droit. Ces échecs ne sont pas un hasard, ils découlent d’une gestion clientéliste », a-t-il déclaré.
Contexte de la proposition de Tshisekedi
Cette réaction intervient après l’annonce faite par Félix Tshisekedi lors d’une journée politique organisée le 22 février 2025 au chapiteau de la Cité de l’Union africaine à Kinshasa. Le président avait alors exprimé son intention de réaménager le Directoire de l’Union sacrée, sa plateforme politique, et d’ouvrir la porte à d’autres leaders politiques pour former un gouvernement d’union nationale.
« Je compte, dans les prochains jours, charger mon conseiller spécial de rencontrer d’autres acteurs politiques congolais, pas ceux qui portent les intérêts étrangers, pour les inviter à rejoindre cette coalition que je veux nationale, forte et indivisible. Celui qui acceptera de prendre la main sera le bienvenu, et nous discuterons peut-être de la composition d’un gouvernement d’union nationale », avait déclaré Tshisekedi.
Réactions des autres leaders politiques
La proposition de Tshisekedi n’a pas convaincu plusieurs figures de l’opposition. Outre Jean-Marc Kabund, les camps de Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Delly Sesanga et Joseph Kabila ont également rejeté cette main tendue. Ces leaders estiment que Tshisekedi est responsable de la situation actuelle du pays et qu’il cherche avant tout à sauver son régime.
Seul Adolphe Muzito, ancien Premier ministre, a accepté l’offre de collaboration avec Tshisekedi, exprimant sa volonté de travailler pour l’intérêt général.
Un climat politique tendu
Le rejet massif de la proposition de Tshisekedi par une grande partie de l’opposition illustre les tensions politiques qui persistent en République démocratique du Congo (RDC). Alors que le pays fait face à une crise sécuritaire majeure dans l’Est et à une situation économique précaire, la formation d’un gouvernement d’union nationale apparaît comme un défi complexe.
Jean-Marc Kabund, en refusant de participer à cette initiative, souligne sa méfiance vis-à-vis des intentions du président. « Je ne serai pas complice d’une manœuvre visant à légitimer un régime qui a échoué sur tous les plans », a-t-il affirmé.
Perspectives
Alors que Tshisekedi tente de rassembler les forces politiques autour de lui, le refus de plusieurs leaders de l’opposition pourrait compliquer ses efforts pour former un gouvernement inclusif. La situation reste à suivre, alors que la RDC traverse une période critique marquée par des défis sécuritaires, économiques et politiques majeurs.