Alors que la République démocratique du Congo (RDC) fait face à une offensive des rebelles du M23 soutenus par le Rwanda dans l’Est du pays, les autorités congolaises explorent la possibilité d’un accord minier stratégique avec les États-Unis. Cet accord, encore en phase de discussions préliminaires, vise à sécuriser l’accès aux ressources minières critiques de la RDC, tout en renforçant la coopération sécuritaire entre les deux pays.


Un partenariat minier pour contrer le Rwanda


La RDC, riche en cobalt, coltan, cuivre et lithium – des minerais essentiels pour les technologies de pointe et la transition énergétique –, cherche à diversifier ses partenaires économiques et à réduire l’influence chinoise, qui domine actuellement le secteur minier congolais. Les discussions avec les États-Unis s’inscrivent dans un contexte où Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir le M23 et de piller les ressources naturelles de l’Est de la RDC.


Le président Félix Tshisekedi a exprimé son souhait de voir les États-Unis et l’Europe investir davantage dans les ressources minières congolaises, espérant que ces investissements apporteront stabilité et sécurité à son pays. « Les États-Unis et l’Europe doivent participer à l’exploitation des vastes richesses minières de la RDC », a-t-il déclaré dans une interview au New York Times en février 2025.


Les contours flous de l’accord


Bien que les discussions soient en cours, les détails de l’accord restent flous. Un cabinet de conseil américain, missionné par le sénateur congolais Pierre Kanda Kalambayi, a proposé un plan incluant l’accès aux minerais congolais, la gestion d’un port pour leur exportation et la création d’une réserve stratégique commune. En échange, les États-Unis pourraient former et équiper les forces congolaises, tout en protégeant les ressources stratégiques du pays.


Cependant, certains experts restent sceptiques. Jason K. Stearns, chercheur spécialiste de la RDC, estime que certains aspects du plan, comme le déploiement de forces américaines sur le terrain, semblent irréalistes. « L’armée congolaise est en position de faiblesse dans l’Est, et les autorités comptent sur la pression internationale, notamment des États-Unis, pour accroître la pression sur Kigali », explique-t-il.


Des inquiétudes locales


En RDC, la possibilité d’un tel accord suscite des interrogations. Jean-Pierre Okenda, directeur exécutif de l’ONG congolaise La Sentinelle des ressources naturelles, craint que l’urgence sécuritaire ne conduise à des négociations précipitées, au détriment des intérêts économiques du pays. « Un tel accord ne devrait pas être négocié en sous-main, mais soumis au Parlement, car il pourrait avoir un impact majeur sur la population », souligne-t-il.


Tina Salama, porte-parole du président Tshisekedi, a toutefois insisté sur le fait que la RDC ne cherche pas à échanger ses ressources contre un soutien sécuritaire. « Le président invite les États-Unis, dont les entreprises s’approvisionnent en matières premières auprès du Rwanda, à venir directement les acheter chez nous, les véritables propriétaires », a-t-elle déclaré.


Un contexte international tendu


Les États-Unis ont récemment durci leur position envers le Rwanda, imposant des sanctions ciblées contre des responsables rwandais, dont James Kabarebe, ministre d’État chargé de l’intégration régionale, accusé de coordonner les exportations illégales de minerais congolais. Ces sanctions, ainsi que la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant l’offensive du M23, renforcent la position de la RDC sur la scène internationale.


Parallèlement, la RDC cherche à rééquilibrer ses relations avec la Chine, qui contrôle entre 75 % et 80 % du secteur minier congolais. Bien que Tshisekedi ait renégocié en 2024 le « contrat du siècle » avec Pékin, obtenant une augmentation des bénéfices pour la RDC, les critiques persistent quant au manque d’investissements chinois dans les infrastructures et aux conditions de travail dans les mines.


Défis et perspectives


Un accord avec les États-Unis pourrait offrir à la RDC une alternative à la domination chinoise, mais les défis sont nombreux. La plupart des concessions minières sont déjà aux mains d’entreprises privées, et les investissements nécessaires pour explorer de nouveaux gisements sont colossaux. De plus, les États-Unis, bien qu’intéressés par les ressources congolaises, manquent des capacités industrielles pour rivaliser avec la Chine dans la transformation et le raffinage des métaux.


Malgré ces obstacles, les discussions se poursuivent. Une délégation congolaise, menée par André Wameso, chef de cabinet adjoint du président Tshisekedi, s’est rendue à Washington début mars pour approfondir les échanges. Donald Trump envisagerait également de nommer un envoyé spécial pour la région des Grands Lacs, chargé d’étudier la faisabilité d’un accord minier.


Un avenir incertain

Si un accord entre la RDC et les États-Unis venait à se concrétiser, il pourrait marquer un tournant dans la géopolitique régionale, en renforçant la position de la RDC face au Rwanda et en réduisant sa dépendance à la Chine. Cependant, les défis économiques, sécuritaires et politiques restent immenses, et la population congolaise attend des garanties que cet accord servira avant tout ses intérêts.

En attendant, les négociations se poursuivent, et les prochains mois seront déterminants pour l’avenir de ce partenariat stratégique.

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