A l’heure de la cohésion nationale, l’hommage au roi de la rumba congolaise aurait dû concerner toute la Nation
Au lendemain de l'inhumation de Tabu Ley, des interrogations. D'abord sur la confusion autour du caractère " chômé " de la journée d'hier lundi. Ensuite sur sa restriction à la seule ville de Kinshasa. Enfin, suite au précédent, sur la tendance à la "kinoisisation" de l'hommage à un artiste à vocation nationale et de renommée internationale. 
     Bon nombre de parents de la capitale ont envoyé leurs enfants hier à l’école pour, par la suite, s’entendre dire que la journée de lundi 09 décembre 2013 avait été décrétée « chômée et payée » à Kinshasa. Quelle consternation de la part de ceux qui n’avaient pas été informés bien à temps pour prendre des dispositions utiles. Du carburant ainsi gaspillé au lieu d’être économisé juste parce que la « kinoisisation » de Pascal Tabu Ley, icône de la musique congolaise comme on n’a cessé de le dire, était au centre de ses obsèques en lieu et place d’un hommage national pour redonner à une star internationale sa vraie dimension et lui offrir des honneurs dignes de son nom.
     Pour une journée chômée et payée, on ne peut pas dire que les Kinois étaient suffisamment préparés à cet évènement. D’abord, c’est tard dans la nuit que certains habitants de la capitale congolaise avaient été informés alors que la nouvelle pouvait faire le tour de la ville si elle avait été annoncée dès samedi pour que les uns et les autres le sachent déjà et prennent les dispositions utiles. Mais, à la place, c’est la « kinoilisation » de Tabu Ley qui était malheureusement au centre de tout.
     Fallait-il réellement réduire Pascal Tabu Ley à un Kinois là où partout en Afrique et même à Cuba, en passant par l’Europe et les Etats-Unis, il compte un nombre incalculable d’admirateurs ? Logiquement, une telle icône ne méritait pas d’être réduite à une affaire des Kinois. D’ailleurs, le Congo voisin a même dépêché son ministre de la Culture pour émettre sur le même diapason que celui qui quitte la terre de ses ancêtres avec environ 3000 chansons léguées à la postérité. Si l’Afrique est trop petite pour incarner la stature de « Seigneur Ley », rien ne justifiait qu’on le réduise au rang d’un simple artiste kinois alors que même à Cuba on ne cesse de pleurer Pascal Tabu Ley.
     Par rapport au souci même de conférer à Tabu Ley des honneurs dus à son rang, c’est le Gouvernement central qui aurait dû prendre les choses en mains. Même l’annonce d’une journée chômée et payée pouvait déroger à la règle voulant que ce soit en dernière minute que l’on précise les choses. D’où, la confusion qui a régné hier à Kinshasa où, dans certains coins de la ville, il fallait attendre le rétablissement du courant électrique pour comprendre que la journée de lundi 09 décembre était décrétée « chômée et payée », non pas dans la capitale congolaise seulement, mais plutôt sur toute l’étendue du pays. Sinon, cela reviendrait à dire que seuls les Kinois ont pleuré l’icône de la musique congolaise.
LA JOURNEE DU 30 NOVEMBRE DEDIEE A LA RUMBA CONGOLAISE
     Dans leur déclaration lue par Antoine Agbepa alias Koffi Olomide, les artistes musiciens de la RDC ont recommandé que la journée du 30 novembre, symbolisant la disparition de Pascal Tabu Ley soit dédiée à la rumba congolaise, c’est-à-dire à la musique congolaise en général. Ils ont invité les députés et sénateurs ainsi que le Gouvernement à s’impliquer pour l’effectivité de cette demande. Il revient aux instances sollicitées de donner une suite favorable au souhait des musiciens de la RD Congo pour qu’ils se souviennent, chaque année, de nombreux disparus. Tout comme les Congolais se souviennent des martyrs de l’indépendance le 04 janvier, de Laurent-Désiré Kabila et de Patrice Lumumba le 16 et 17 janvier et de bien d’autres personnalités ayant déjà quitté la terre des hommes.
     C’est dire que Rochereau Tabu Ley ne devrait pas être réduit à un scénario propre aux Kinois. D’ailleurs, bien que Kinois, « Seigneur Ley » était originaire d’une province, celle du Bandundu en l’occurrence. Mais, il ne pouvait pas non plus être confié à cette sphère au risque de mécontenter ceux qui, à travers le monde, admiraient sa musique à sa juste valeur. Il convient donc de respecter la stature d’une icône internationale au lieu de tenter de la réduire à la capitale congolaise. Car, un mythe vaut d’abord par sa stature et non par une sorte de récupération culturelle qui demeure loin de la réalité. On doit tirer les leçons d’une tentative de « kinoisisation » de Pascal Rochereau Tabu Ley.       M. M.

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