Il ne restait plus qu’Etienne Tshisekedi pour présenter ses vœux au peuple congolais. Joseph Kabila, Président de la République, l’avait déjà fait à l’occasion de la Saint-Sylvestre. Vital Kamerhe, président de l’Union pour la Nation, l’a imité le 7 janvier. C’est maintenant fait. Le mardi 13 janvier, depuis Bruxelles où il est en convalescence, Etienne Tshisekedi proclame 2015, l’année du sursaut. Selon lui, en effet, 2015 est une année durant laquelle la Communauté internationale devrait organiser le dialogue politique conformément à la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité de l’ONU. C’est également en 2015, vers la fin, qu’il prévoit d’organiser le Congrès de l’Udps. Pendant ce temps, il réaffirme son soutien au Secrétaire général du parti, Bruno Mavungu.
La longue série de présentation des vœux se poursuit en ce mois de janvier 2015. Etienne Tshisekedi vient de se livrer à cet exercice. Pour ce faire, il a utilisé les nouvelles technologies de l’information et de la communication. A 82 ans, à peine remis de sa maladie, Tshisekedi a posté une vidéo sur internet. Ses ennuis physiques passent après les souffrances ‘‘plus atroces’’ de son peuple, lit-on. Il s’engage à poursuivre son combat politique jusqu’à la limite de ses forces. S’il y a une année au cours de laquelle le président national de l’Udps entend mener de grandes batailles politiques, c’est bien en 2015. La première bataille concerne la tenue du dialogue politique. L’Udps a fait de la convocation du dialogue, sa principale revendication. Dernièrement, le patron de la Monusco, Martin Kobler, a directement été saisi par Tshisekedi. Il n’y a pas encore eu de réponse officielle.
Vers une mission de bons offices ?
Néanmoins, lors de la conférence de presse hebdomadaire de la Monusco, le 7 janvier, la première pour l’an 2015, Martin Kobler a ouvert une brèche qui pourrait donner lieu à des interprétations diverses. Pour Martin Kobler, en effet, la Monusco se concentre sur trois priorités : la traque des combattants FDLR, la stabilisation de la partie orientale du pays et la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. Comprenne qui pourra. Une disposition de l’Accord-cadre reconnaît, justement, à Martin Kobler le pouvoir d’assurer la mission de bons offices entre protagonistes politiques congolais. Dans le cas où le principe d’un dialogue politique entre Congolais était retenu, il restera à en définir les contours. Pour Tshisekedi, le dialogue qu’il sollicite devrait lui permettre de récupérer l’impérium, 3 ans après la présidentielle de 2011. Ce serait, à son avis, la voie la plus sûre pour placer le peuple aux commandes de sa propre destinée. Le schéma Tshisekedi soulève plusieurs interrogations à un moment où le respect de la Constitution est devenu le maître mot. Pense-t-il à une nouvelle transition à l’issue du dialogue, à une table rase institutionnelle ou au début d’un mandat présidentiel de 5 ans ? Pendant ce temps, certaines formations politiques, se réclamant de l’Opposition, exigent un calendrier électoral global dans le délai constitutionnel. D’autres souhaitent une recomposition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). C’est dire que si dialogue il y a, il faudra prendre le temps de circonscrire le cadre.
Surprenante apparition
La sortie médiatique inopinée de Tshisekedi fait l’objet d’une intense polémique à Kinshasa. Surtout qu’elle est intervenue un jour après la manifestation empêchée de l’Opposition parlementaire contre la révision de la loi électorale. Lundi 12 janvier, dans un tohu-bohu déconcertant, la Majorité à l’Assemblée a jugé recevable le nouveau projet de loi électorale. Exercice démocratique pour les uns, forcing pour les autres, la réception du projet de loi électorale a fortement humilié l’Opposition parlementaire. Quelques faucons de la Majorité se moquent encore de l’incapacité des opposants modérés à mobiliser les Congolais. Du coup, l’Opposition radicale incarnée par Tshisekedi a repris du poil de la bête. Voici le rebondissement de quelqu’un qu’on donnait pour mort politiquement et, dans une certaine mesure, physiquement aussi. Comme à l’accoutumée, le Sphinx dispose de quelques ressorts qui, à tout moment, peuvent lui permettre de resplendir sur l’agora politique. Le tout dépend de ses options et de ses visées épisodiques. En 2006, il avait boudé les élections. Alors qu’en 2011, il s’était battu bec et ongle, pour tenter de se mettre au pinacle à l’aune de la présidentielle. La Ceni l’en avait débouté. Et, la Cour Suprême de justice avait carrément scellé son sort, en proclamant Kabila. Depuis, il recherche presque désespérément l’impérium. Cette fois-ci, en 2015-2016, quelle sera sa grande surprise ? Déjà, les signes de temps présagent que s’il n’y a pas de dialogue, il serait non partant. Mais, s’il y en a et connaissant ses thèmes favoris, l’homme remuera dans la plaie, pour voir s’il peut encore soigner le ‘’mal’’ qu’il aurait dénoncé depuis 2011.
La Pros.