*En trois ans passés au perchoir, Minaku a battu le record pour ce qui concerne la production législative. Plus de 300 lois examinées et adoptées sous sa direction. Dans les annales du Parlement rd-congolais, aucun Bureau n’a fait autant. Pour y parvenir, un sens de compromis est exigé. Aurait-il réussi, s’il ne s’était pas révélé meneur d’hommes et des femmes ? Plutôt que de se rentrer dedans, les cadres de la Majorité feraient mieux de se concentrer sur l’essentiel : le Dialogue, les échéances électorales, la gestion du pays face aux multiples défis etc.
En juillet prochain, Aubin Minaku va occuper le poste de Président de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie. Fin mai, à Yamoussoukro en Côte d’Ivoire, tous ses pairs africains, à l’unanimité, l’avaient désigné comme candidat unique à ce poste. Le Secrétaire général de l’APF, Pascal Terrasse, saluait le leadership exemplaire d’Aubin Minaku dans le rayonnement de l’Afrique francophone. Lors des débats, le Président de l’Assemblée nationale rd-congolaise a prouvé qu’il maîtrisait profondément la question de la réduction de la pauvreté. Il plaidait pour la diffusion de la croissance économique dans les masses laborieuses. Absolument, le mois de juillet sera surchargé et éprouvant pour Aubin Minaku qui doit faire preuve des capacités managériales très pointues si, évidemment, l’on tient à une session extraordinaire qui arrive à bon port. La nature conflictogène des sujets inscrits à l’ordre du jour recommande que les acteurs politiques, ceux de la Majorité particulièrement, affichent beaucoup de sérénité dans la manière d’aborder les problèmes. Le projet de loi portant répartition des sièges aux locales, d’après ce qu’il a été donné aux fins limiers de La Prospérité d’apprendre, avait divisé les membres du Gouvernement réunis en Conseil. Les divergences apparues aussi bien sur la forme que le fond étaient si profondes qu’une consigne venue d’en haut devenait nécessaire pour décanter une situation délétère. Sauf amnésie, les pyromanes de la Majorité, qui s’amusent à allumer le feu dans leur maison, en tournant au ridicule leur hiérarchie, devraient se rappeler que quelques heures avant la clôture de la session ordinaire de mars 2015, les Députés nationaux avaient décidé de retourner à l’expéditeur, le projet de loi portant répartition des sièges aux locales. Les raisons de ce renvoi sont multiples. Le projet est truffé de fautes. Les sièges sont très mal répartis au risque d’engendrer des contestations. Bientôt, le même projet de loi, avec toutes ses faiblesses, sera encore soumis à l’Assemblée nationale. C’est le moment que choisissent les détracteurs du Speaker de la Chambre basse, se recrutant d’ailleurs dans sa propre famille politique, pour sortir du bois. Une stratégie dangereuse dans la mesure où elle ne sert pas les intérêts du groupe. Pour faire passer cette loi, Aubin Minaku devra négocier directement avec les Députés nationaux, Majorité et Opposition confondues. Il en a l’expérience. En trois ans passés au perchoir, Minaku a battu le record pour ce qui concerne la production législative. Plus de 300 lois examinées et adoptées sous sa direction. Dans les annales du Parlement rd-congolais, aucun Bureau n’a fait autant. Pour y parvenir, un sens de compromis est exigé. Aurait-il réussi, s’il ne s’était pas révélé meneur d’hommes et des femmes ? Pendant les trois années de la présidence Minaku, l’Assemblée nationale a surmonté des crises parfois graves susceptibles de mettre à mal la jeune démocratie congolaise. Très souvent, l’Opposition parlementaire a suspendu sa participation aux plénières. Chaque fois, c’est Aubin Minaku et les membres du Bureau qui étaient à la manœuvre pour ramener les opposants au sein de l’hémicycle. Faut-il y voir une faiblesse du Président de l’Assemblée nationale, prêt à céder aux caprices des Députés de l’Opposition ? Certainement pas. Le Président de la République, Joseph Kabila, est très préoccupé par l’idée de la tenue d’un dialogue politique pour des élections apaisées. Depuis près de trois semaines, il consulte les acteurs sociopolitiques pour plus de cohésion nationale. Il se fait que certains partis d’Opposition dont l’UDPS, le MLC, l’UNC, l’ECIDE, le RCD/KML, l’UDEMO ont décliné l’invitation du Président Joseph Kabila. Tous ces partis ont donné aux Députés élus sur leurs listes, des instructions en ce sens. Une position largement suivie. Si l’on peut comprendre cette attitude sans la partager, l’on ne voit pas en quoi le Président de l’Assemblée nationale serait tenu pour comptable des égarements des Députés non issus de sa famille politique. Placé dans de telles conditions, que pouvait bien faire Aubin Minaku ? Plutôt que de se rentrer dedans, les cadres de la Majorité feraient mieux de se concentrer sur l’essentiel : le dialogue, les prochaines échéances électorales et la gestion du pays face aux nombreux défis etc.
La Pros.