Organisé à l’occasion de la journée internationale de la musique, le Festival JAZZKIF édition 2015 à Kinshasa s’est clôturé avec une fausse note. Les mélomanes ont déploré l’absence du reggaeman ivoirien Tiken Jah Fakoly qui était invité pour agrémenter la soirée du 21 juin au Théâtre de Verdure.

D’après les organisateurs du Festival, la star ivoirienne a été expulsée à partir de l’aéroport international de N’djili, à son arrivée, par le service d’immigration à Kinshasa. ‘‘On n’a pas compris exactement pourquoi Tiken Jah Fakoly est-il interdit de fouler notre sol’’, s’indigne Paul Ngoie Le Perc, initiateur de JAZZKIF.

Pourtant, explique-t-il, l’artiste avait en poche son visa congolais obtenu à partir d’Abidjan. Donc, il était en ordre et régulier par rapport aux documents. ‘‘Nous regrettons beaucoup pour cet incident et nous présentons nos excuses au public qui s’est déplacé pour le Théâtre de Verdure’’, a-t-il renchéri à la presse.

La situation n’a pas laissé indifférent le gouvernement congolais qui a vite réagi par la voix de son porte-parole pour fixer le public.

Le Ministre Lambert Mende renseigne que Tiken Jah Fakoly et son groupe ont obtenu des visas touristiques de la RDC depuis Bruxelles et non pour exercer une activité professionnelle.

Ainsi, poursuit-il, les services d’immigration ont qualifié ce fait de fraude lorsqu’ils ont constaté des contradictions sur la demande mentionnée sur les visas par rapport à ce que l’artiste ivoirien est venu faire à Kinshasa. ‘‘Faire une activité professionnelle produit des revenus sur lesquels il faut payer des taxes. Nous sommes très sévères, ces jours-ci, avec cela. L’Etat voudrait maximiser ses recettes et se montrer, par conséquent, sévère partout où il y a des fraudes et où il y a des fuites de revenus public’’, a-t-il déclaré sur un média international.

Qu’à cela ne tienne, nos fins limiers renseignent que Tiken Jah Fakoly est jugé personae no gratta en République Démocratique du Congo par les autorités. Le chanteur ivoirien serait en connivence avec le mouvement «Filimbi », qui est reproché par le Gouvernement congolais d’inciter le peuple à la haine et révolte contre le pouvoir de Kinshasa. Un dossier très sensible qui a occasionné même l’interpellation de nombreuses personnes à Kinshasa dont certains congolais seraient jusqu’à présent en détention. Selon des sources concordantes, la star ivoirienne est aussi membre et chanteur phare de l’association « Ballet citoyen » du Burkina Faso. Ce mouvement, rappelle-t-on, a été à la base de bouleversements qui ont causé la chute de l’ex-Président Blaise Compaoré, à Ouagadougou.

Né le 23 juin 1968 à Odienné au Nord –ouest de la Côte d’Ivoire, Tiken Jah Fakoly est le fruit d’un carrefour culturel dont il est aujourd’hui le centre. Artiste engagé, il fait du style reggae son outil de combat pour véhiculer son message comme en témoigne son nouvel opus « Dernier appel », le plus panafricain de ses albums. Et le plus universel.

A travers le reggae, la star ivoirienne procède d’un savant métissage et jouit d’un pouvoir unificateur sans équivalent. Souvent, il invite le public à danser tout en éclairant les consciences. Tiken Jah interpelle plus que jamais l’Afrique à assumer ses responsabilités, à saisir les cartes qu’elle a en main et prendre enfin son envol, tout en nous livrant des complaintes d’une rare sensibilité. Artiste engagé pour l’humanité, on ne compte plus les actions solidaires auxquelles Tiken aura participé comme ce documentaire « SABABOU » réalisé en 2013 par Samir Benchikh visant à promouvoir un visage positif de l’Afrique et plus particulièrement de la Côte d’Ivoire pour l’amélioration des conditions de vie en Afrique de l’ouest.

Depuis son premier groupe Djelys en 1987, Tiken Jan Fakoly s’est imposé à travers le monde comme le fils messianique d’une Afrique qui n’ignore rien de la violence mais qui persiste pourtant, encore et toujours, à choisir l’amitié à la guerre.

Jordache Diala




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