Reporter les locales pour les remplacer, dès ce mois, par l’enrôlement de nouveaux majeurs. Faire de 2016, une année électorale avec l’organisation des élections provinciales au premier semestre, la présidentielle et les législatives au second semestre, l’essentiel étant de respecter la Constitution. Dans le cas extrême, organiser, en même temps, les provinciales, les législatives et la présidentielle. Pourvu qu’on reste dans la fourchette constitutionnelle. L’homme qui s’exprime ainsi s’appelle Charles Mwando Nsimba. Très écouté dans la meute katangaise, modéré mais persuasif, l’Elu de Moba a la réputation d’un vieux sage, d’un homme de synthèse. Après plusieurs décennies passées dans l’administration de la territoriale, le bon sens recommande qu’il soit écouté.
Alors que les Sénateurs sont attendus demain, mardi 11 août, au Palais du peuple pour la séance d’ouverture d’une nouvelle session extraordinaire, convoquée pour l’adoption de la loi portant répartition des sièges aux locales, l’Autorité morale de l’UNADEF (Union Nationale des Démocrates Fédéralistes) donne de la voix. Une voix discordante. Charles Mwando Nsimba exige carrément le report des élections locales. Les élections provinciales, elles, doivent avoir nécessairement lieu. C’est même par-là qu’on doit commencer. Ancien patron de la territoriale, le patriarche Mwando sait de quoi il parle. Ainsi, il demande aux politiques d’avoir le courage d’aller vers la population expliquer les circonstances du report souhaité des locales.
C’est la voix d’un sage
A prendre ou à laisser. Habile homme politique, rompu dans la gestion de la territoriale, Charles Mwando Nsimba dit très haut ce que d’autres murmurent sous l’aisselle. Le 25 octobre 2015, les élections locales et municipales ne sont pas faisables. La solution, c’est d’aérer le calendrier électoral global. Pour l’aérer, il faudrait procéder au report des élections locales dont l’organisation se montre laborieuse. La CENI, visiblement embrigadée, voire étouffée, peine à relever le défi d’organiser, dans moins de 15 mois, 11 scrutins directs et indirects, prévus au calendrier électoral du 12 février. Voici qu’à ces difficultés, sont venues s’ajouter des imprévues. Au nombre desquelles, l’élection des Gouverneurs et Vice-Gouverneurs de 21 nouvelles provinces nées du démembrement accéléré de six anciennes provinces. Sauf modification de dernières minutes, les 21 nouveaux Gouverneurs de province seront élus le 6 octobre prochain. S’il faut prendre en compte la longue procédure de règlement des contentieux post- électoraux, il y a de quoi dire que les nouveaux Gouverneurs ne seront pas encore installés que les électeurs seront convoqués aux urnes pour renouveler les Assemblées provinciales, le 25 octobre. Dans le cas où la CENI respectait son calendrier global, dans 3 mois, on recommencera avec l’élection des Gouverneurs et l’installation de nouveaux gouvernements provinciaux. Tâche difficile et extrêmement coûteuse. Car, entre octobre 2015 et janvier 2016, les gouvernements provinciaux auront besoin des frais de fonctionnement. Si aux frais de fonctionnement de 26 provinces, on ajoute le coût relatif à l’organisation des élections locales, le pays aura du mal à s’en sortir. Surtout que les Conseillers municipaux et les Conseillers devront être installés, à leur tour. Ensuite, il faudra les payer. Danger ! Un peu de bonne foi pour ne pas trop alourdir les charges. Que faire ? Dans tous les cas, il n’y a aucune solution en vue. Du moment que le Gouvernement tient au respect strict de la loi. A moins de trouver d’autres formules, le report des locales demeure la seule option réaliste. Dans le cas contraire, on violerait la Constitution. La CENI en est consciente. C’est, d’ailleurs, la raison pour laquelle, la CENI est à la recherche d’un mécanisme pour réaménager son calendrier. Si on reporte les locales, les délais seront respectés. Les acteurs politiques de tout bord sont presqu’unanimes sur la nécessité qu’il y a à enrôler les nouveaux majeurs. Pour rester dans le bon, l’opération d’enregistrement de nouveaux majeurs sur les listes devrait commencer dès le mois d’août 2015. En clair, ce que Mwando Nsimba demande, c’est de remplacer les locales par l’enrôlement de nouveaux majeurs. Ainsi, faire de l’année 2016, une année électorale. Au premier semestre 2016, on ferait les élections provinciales avec ce qui s’ensuit. Au second semestre, on pourrait avoir les autres élections prévues par la Constitution et en décembre 2016, les législatives et la présidentielle. Une autre thèse consisterait à organiser les provinciales, les législatives et la présidentielle, en même temps. Mwando Nsimba n’y voit aucun inconvénient. L’essentiel, c’est de rester dans la fourchette de délai constitutionnel. Ainsi dit le vieux Lion du Katanga.
La Pros.